dimanche 20 janvier 2013

Mais oui, mais tiens, sur quoi tu travailles, déjà ?

Oui, je sais, ça fait deux mois que je n'ai plus rien posté ici. J'étais bien partie, pourtant, avec un message toutes les semaines. Puis les copies, les préprojets et les cours à finir de préparer se sont accumulés : game over.

Et donc, qu'est-ce que je fais, depuis le 17 novembre ? Beaucoup de choses, en particulier tenter de boucler ma bibliographie et rassembler mon courage devant les centaines d'occurrences de verbes qui m'attendent et qu'il va me falloir dépouiller. C'est même précisément ce que je suis en train de faire en ce moment (dépouiller tout ça, pas rassembler mon courage), je vous expliquerai bientôt en quoi ça consiste et à quoi j'espère que ça va me servir.

J'étais même sur le point d'écrire ce post sur les occurrences lexicales, leur vie, leur oeuvre, quand je me suis rendue compte que je n'avais jusque là jamais vraiment expliqué ici sur quoi porte ma thèse exactement. C'est d'autant plus ironique que je râle suffisamment sur le blocage de mon Vénéré Chef à propos de mon sujet (la dernière fois qu'il m'a vue, il se souvenait de Suétone, mais pas de Tacite ; nous sommes donc revenus au stade 1 : ça avance, mais, quand même, inconscient, quand tu nous tiens !).

("Bonjour ! Dis-moi quel est ton sujet de thèse et je m'en souviendrai pendant des années !" ; photo par Brittany Hock ; source : FlickR)

Je travaille donc sur, je cite, "l'élaboration du récit chez les historiens romains des débuts de l'empire".

Ça, c'est mon titre (je vous épargne les deux mots latins qu'il contient, mais j'y reviendrai peut-être plus tard - soyons fous !).

Concrètement, ça veut dire quoi ?

Concrètement, ça veut dire que je travaille sur la façon dont Tacite et Suétone ont écrit sur les premiers empereurs, ceux du Ier siècle après J.C., en les comparant l'un à l'autre. Leur sujet était en effet plus ou moins le même et ils ont écrit plus ou moins au même moment, ce qui permet de les mettre en parallèle sans trop craindre d'obstacles de type période historique, milieu culturel et social ou encore accès à l'information. Mon postulat de départ, c'est qu'ils avaient potentiellement accès aux mêmes informations : à partir de cela, quels choix ont-ils concrètement faits pour construire leurs oeuvres ?

Pour mettre cela en évidence, j'ai (pour le moment : Chef a manifestement eu une Illumination sur mon plan, mais il n'a pas envie de faire "Un mail, une idée" et c'est tellement urgent que toute affirmation de ma part sur mon entière disponibilité pour le rencontrer tombe dans le plus grand vague) l'intention de partir du plus près du texte pour prendre ensuite progressivement de la hauteur. Dès lors, plusieurs aspects m'intéressent, afin d'essayer d'entrer de plus en plus profondément dans le processus compositionnel :
  • le choix des mots : comment telle information est-elle présentée et introduite dans le texte ?
  • l'organisation générale de la matière : quelles sont les répercussions du genre choisi par mes auteurs (Tacite écrit des ouvrages d'histoire, Suétone des biographies) sur le déroulement de la narration ?
  • les scènes récurrentes :  quels "modèles à suivre" peuvent être décelé dans la narration de scènes récurrentes, comme par exemple la mort d'un empereur ?
  • le portrait d'ensemble des différents empereurs : quels choix ont été faits pour présenter tel empereur de telle manière ?

Les questions qui se trouvent derrière tout cela portent sur la conception de l'histoire de Tacite et Suétone, mais aussi sur celle des Romains du début du IIème siècle après J.C. L'originalité de ma démarche repose, il me semble, dans la comparaison des deux auteurs, qu'on "recoupe" assez souvent pour vérifier une information ou étudier leur style (ce qui revient généralement à porter Tacite aux nues et vilipender Suétone), mais assez peu pour dire "il a utilisé cette information et pas celle-là, alors qu'on la retrouve chez l'autre : pourquoi ?" et, surtout, pas de manière aussi systématique.

Evidemment, je vais aller faire un tour du côté de la narratologie.

Evidemment, les historiens sont mes amis !

2 commentaires:

  1. Ça alors, j'étais persuadé que tu bossais sur la rumeur chez Suétone ! (Je suis déjà dehors.)

    (Je rentre, dehors il fait trop froid.) Très claire explication de ton sujet... c'en est presque louche d'être à ce point capable de présenter clairement son sujet en quelques mots à ce stade de la thèse. On sent le métier d'enseignante qui rentre, c'est la seule explication ! (Ou alors tu dois toi aussi répéter à longueur de journée sur quoi tu bosses, et en deuxième année tu as décidé de préparer un petit mot tout fait, comme pour les dédicaces...)

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