jeudi 17 octobre 2013

Rien qu'une journée ordinaire

8h : réveil.

8h45 : petit-déjeuner.

9h30 : départ pour Fac n°1, afin de faire signer à Chef le formulaire de dérogation pour pouvoir me réinscrire en 4ème année de thèse. Dans le métro, lecture de Semántica de la modalidad en latín (je sens votre excitement palpable ; il faudra un jour que je fasse quelque chose sur l'anti-sexitude absolue des couvertures et des typos des livres de linguistique).

10h30 : arrivée sur Place, au milieu des mastériens de Chefs.

10h45 : arrivée de Chef, qui faisait cours à l'autre bout du campus. Interception en cours de route. Paraphe. Promesse d'un rendez-vous dans les années mois semaines à venir.


 
(En vrai, Chef a un peu moins de cheveux et je porte assez mal la chemise à carreaux.)


11h : débarquement à l'Ecole doctorale.

11h05 : découverte d'une secrétaire suffisamment gentille pour prendre mon papier et le donner à sa collègue, absente pour la matinée (on ne dit pas assez combien mener à bien une thèse repose aussi sur la gentillesse de certaines personnes).

11h10 : "prochain RER dans 15 minutes" ; c'était compter sans le RER fantôme de 11h10, arrivant pile au moment où j'étais en train vouer la RATP aux dieux infernaux. Pendant le trajet, lecture de Semántica de la modalidad en latín.

12h : back home. Courses.

12h30 : déjeûner.

13h : étandage de lessive (dit aussi "Oh putain, merde, on avait lancé une machine hier soir !").

13h30 : les joies de l'organisation chronologique (ou non) chez Suétone.

15h : départ pour l'ophtalmo.

15h15 : arrivée chez l'ophtalmo. Résistance victorieuse contre Elle, Paris Match et L'Expresse ; lecture de Semántica etc., sous les yeux peu intéressés des deux personnes arrivées avant moi.

16h : sortie de chez l'ophtalmo, après un cours sur les problèmes du port quotidien de lentilles quand on a les yeux secs, et deux ordonnances en poche.

 
(La thèse peut avoir quelques effets collatéraux sur la santé.)


16h05 : descente dans le métro, avec ordonnances et tout, pour aller assister à une réunion à Fac n°2.

16h45 : arrivée à Fac n°2. Séance lecture de Semántica etc. en attendant le début de la réunion.

17h : début de la réunion.

19h20 : fin de la réunion.

19h25 : métro. Lecture de Semántica etc., sous les yeux fatigués de ma co-passagère d'en face.

20h15 : back home.

20h30 : dîner avec Monsieur.

22h : installation devant Caius Plinius Secundus, avec mon Suétone qui me fait de l'oeil.


(Meet Caius Plinus Secundus ; l'Ancien, hein ! pas sa punaise de neveu !)


22h05 : décision d'enfin rédiger un post après presque de deux semaines de glande bloguesque.

22h45 : post publié.

23h : ZZZzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz...


Je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis crevée.

vendredi 4 octobre 2013

Faire de la bibliographie ou comment ressentir tout le masochisme de sa condition de chercheur

Cette année, retourner en bibliothèque m'a un peu fait l'effet de me remettre à la course à pied (les courbatures en moins), après trois bons mois de rédaction et un troisième chapitre en début de mise en ordre. Pourtant, fin juillet, quand les bibliothèques ont fermé pour un mois, j'étais franchement assez frénétique : d'abord parce que j'étais dans le Midi et qu'on m'avait refusé mon détachement, ensuite parce que, en faisant une vérification "de routine" sur l'Année philologique, j'étais tombée sur une petite dizaine de nouveaux articles potentiellement intéressants.

Mais là, en septembre, au moment d'y retourner, j'ai traîné les pieds. J'avais encore mon appart' à ranger après l'emménagement (j'ai d'ailleurs toujours mon appart' à finir de ranger - les nuances, c'est important) ; il fallait que je termine mon chapitre 2 ; j'avais la proposition de communication pour la FIEC, des cours à préparer, etc. Jusqu'à aujourd'hui, où je me suis donné un bon coup de pied aux fesses pour y aller. J'y ai passé une bonne partie de l'après-midi : la pompe est réamorcée.

Mais qui dit séance en bibliothèque, dit aussi bibliographie à préparer avant. J'ai fait mumuse avec Zotero, puis je me suis mise à chercher où pouvaient bien se trouver ces articles.

Le premier était un livre à consulter et fut une bonne pioche : il était à Ulm, tout allait bien.

Le deuxième était à Ulm aussi, mais toujours en traitement, alors qu'il était sorti en 2010 (en traitement = les bibliothécaires sont en train de l'entrer dans la base de données avant de le mettre en rayon... enfin, sauf s'il est intercepté par quelqu'un en cours de route) ; ceci dit, il était à la BNF, donc ça allait encore.

Même scénario pour le troisième : pas à Ulm, mais à la BNF.

Le quatrième était un bon garçon tout à fait accessible, mais il faut dire que le Bollettino di Studi Latini se trouve dans toutes les bonnes bibli universitaires : ce n'était pas du jeu.

Le cinquième, en revanche, je savais d'office qu'il serait plus coriace. C'était une référence espagnole et j'ai toujours un mal de chien à mettre la main sur les articles espagnols qui m'intéressent. Cette fois-ci n'a pas fait exception : inconnu au bataillon ulmien ET BNFard. Je me suis alors tournée vers le SUDOC (le catalogue commun de toutes les universités françaises), qui m'a fort obligeamment indiqué un seul exemplaire... à la Casa de Velázquez, à Madrid. Pratique.

[J'ouvre ici un bref interlude pour tous les gens gentils qui crié "PEB !!!!" lorsque j'ai brâmé ma déception sur Twitter : mes deux bibli de base, celles qui me sont le plus accessibles, ce sont Ulm et la BNF - d'où mes recherches ciblées sur ces deux-là ; aucune d'entre elles ne pratique le Prêt InterBibliothèques ; pour y avoir accès, il faut donc que j'aille à la MAE à Nanterre, où je n'ai pratiquement jamais mis les pieds en quatre ans, parce qu'elle est surtout archéologique et, aussi, parce qu'elle est nettement plus loin de chez moi et par conséquent moins pratique que les deux autres, surtout maintenant que je travaille à l'autre bout de Paris ; donc, le PEB, oui, mais une fois que j'aurai épluché le reste - fin de l'interlude.]

Mon numéro six n'était pas mieux : ni à Ulm, ni à la BNF, mais disponible à la BU de la Sorbonne. Je déteste aller à la bibliothèque de la Sorbonne. Ma première fois a été traumatisante, depuis je n'y mets les pieds que si j'y suis vraiment obligée et l'idée de devoir y retourner provoque chez moi à peu près autant d'enthousiasme que d'assister à une séance "revue de photos de voyage" chez ma grand-mère.


(J'ai été traumatisée par cet endroit - ou, plutôt, par les gens qui y travaillent - oui, je sais, c'est idiot)


Là, je vous laisse imaginer mon humeur à ce point de mes recherches. Ronchon est nettement en-dessous de la vérité.

Et ça ne s'est pas amélioré : n°7 était... signalé commandé à Ulm depuis 2003 (comme quoi, il y a pire que le Petit Poucet pour (re)trouver son chemin vers la Maison ; ou alors c'était Ulysse qui était chargé de la livraison, je ne vois que ça comme explication) ; n°8 faisait partie d'une revue dont je savais à l'avance qu'elle n'était disponible qu'à la BNF, pour l'avoir désespérément cherchée pendant mon M1.

Quant aux n°9 et 10, ils remportèrent successivement l'un et l'autre la palme de la Groß Frustrazion. Le premier était disponible à Ulm, mais uniquement en ressource électronique. J'ai donc attendu d'être sur place et connectée au réseau pour tenter de le télécharger MAIS il n'était disponible qu'à partir de 2003 ; ciao, article de 1988 ! Je consulterai ta version papier à la BNF !

C'est alors que j'ai voulu me rabattre sur le second : il se trouvait dans une revue néerlandaise bizarre dont le nom correspondait à quatre fiches dans le catalogue en ligne (amis néerlandais, je sais que Lampas est un nom sympa pour une revue, mais la uariatio, c'est bien aussi !), mais que j'avais réussi à identifier. Le titre était très prometteur, je me suis donc jetée dessus, pour me rendre compte qu'il était en fait écrit... en néerlandais (oui, je sais, logique...) ; l'Année philologique a repris le titre du RÉSUMÉ en français.

Je vous laisse à nouveau imaginer mon humeur. Là, c'est jouasse qui est un chouïa en-dessous de la vérité.

Au final, j'ai bien travaillé, mais, au point où j'en suis, je me demande pourquoi je ne cherche pas directement et uniquement sur le catalogue de la BN : ça me ferait gagner du temps, au lieu de chambouler de fond en comble mon programme de l'après-midi.

(Maaaiiiiiiison !!! - aka la salle historique de la bibliothèque de la Rue d'Ulm - le reste est moins beau, ne rêvez pas, mais aucune photo de la salle 2 ne circule)

jeudi 3 octobre 2013

La mort d'Auguste, encore.

Aujourd'hui, j'ai passé une partie de mon après-midi avec une collègue, à préparer une intervention conjointe à la bibliothèque municipale de Lyon. Je suis en effet membre d'un collectif de jeunes chercheurs, appelé Collectif Confluence, qui organise, à la BM de Lyon, des rendez-vous où ses membres, entourés d'autres thésards ou non, présentent leurs travaux. Ce sont les Cafés Chercheurs. Le but est de faire connaître ce que nous faisons, mais aussi de le faire comprendre à un public non spécialisé.

On m'a proposé d'y participer cette année, ce qui m'a amenée à demander à ladite collègue, qui travaille en historiographie grecque, d'y intervenir avec moi. Au lieu de faire chacune une présentation de notre travail, nous avons décidé de mutualiser nos temps de parole pour faire une intervention commune sur la façon dont la mort d'Auguste a été racontée par quatre historiens antiques : Velléius Paterculus, Tacite, Suétone et Cassius Dion.

On s'était déjà vues en juin ; on s'est revues aujourd'hui ; notre intervention est fin janvier, donc on se reverra encore d'ici là pour nous "chronométrer". Entre temps, rédaction de ce qu'on dira (aucune de nous ne lit ses notes lorsqu'elle parle, mais avoir quelque chose d'entièrement écrit permet de ne pas perdre de temps inutilement ; or, quarante minutes, contrairement à ce qu'on peut penser, ça file comme le vent), confection des powerpoints et échange des deux pour amélioration.

Evidemment, je ne vais pas raconter ici le détail de ce qu'on a prévu, sinon ce serait gâcher la surprise, mais, amis lyonnais, si ça vous intéresse, rendez-vous le 25 janvier !

mardi 1 octobre 2013

Welcome to Mordor

S'il y a quelque chose qui surprend souvent le novice universitaire autant que le prof distrait tournant à droite au mauvais endroit et découvrant soudain où se trouvait finalement la cafétéria de sa fac, après avoir passé dix ans à la chercher, c'est bien un plan de campus.

Le trouver sur le site web de la fac n'est déjà pas toujours une partie de plaisir (encore que j'aie vu pire le jour où j'ai essayé de trouver celui d'une université italienne où je devais faire une intervention : ce fut assez épique et, pourtant, Fac n°1 était notoirement connue jusqu'à récemment pour avoir le site web le plus pourri de France). Le comprendre est parfois encore pire.

Il arrive en effet qu'il soit parfaitement compréhensible et que la disposition des bâtiments, une fois sur place, corresponde globalement à ce qu'on s'était imaginé en l'étudiant : j'ai par exemple souvenir d'être arrivée très en avance à la soutenance de thèse d'un ami, ayant prévu, à tort, un laps de temps fort généreux en prévision d'éventuelles "surprises topographiques".

La plupart du temps, cependant, un plan de fac est à peu près aussi incompréhensible que celui de la Sorbonne.

(La Maison Qui Rend Fou)


Et ça, ce n'est que le rez-de-chaussée, aussi appelé "niveau D", sachant qu'il y a des inter-paliers, des demi-sous-sols, des portes cachées permettant d'accéder à des préfabriqués glauques planqués dans une cour, etc. Même les Messieurs En Bleu, pourtant censés être les seuls à pouvoir vous aider à vous orienter, ont parfois du mal à s'y retrouver.

Au fil des deux années que j'y ai passées, j'ai donc retenu trois choses fort utiles : 1) la scolarité, c'est le bureau du rez-de-chaussée où il y a la queue jour et nuit (j'en soupçonne certains de venir avec leur duvet, pour ne pas perdre leur place à la fin de la journée) ; 2) l'UFR de latin, c'est celui qui est touuuuuuuut en haut, avec un escalier E tellement raide entre le 2ème et le 3ème étage qu'on utiliserait presque les mains en plus pour être sûr d'arriver au dernier palier ; 3) pas la peine de chercher l'UFR de grec dans le bâtiment historique, il est de l'autre côté de la rue. Je ne me suis toujours pas remise non plus d'avoir trouvé, par hasard, le secrétariat de l'UFR de langue française dans un placard sous un escalier.

Ensuite il y a eu Fac n°1, avec ses bâtiments cachés derrière ceux qui bordent les grandes allées, à des endroits improbables (c'est la joie des formations doctorales : "Mais bon sang, OÙ peut bien se trouver cette salle...????"). Le problème était en fait principalement les dimensions du campus et les dix bonnes minutes à prévoir pour le traverser lorsqu'on avait un cours d'un côté et le suivant de l'autre.

Maintenant, il y a Fac n°2. Jusqu'à aujourd'hui, je l'avais classée dans la catégories des facs au plan, certes, pas hyper clair, mais du moins compréhensible, à condition d'y passer deux minutes. En plus, je faisais cours dans la partie la plus simple à atteindre, donc ça allait et oh ! miracle des miracles ! j'ai fini par avoir mon propre passe pour ouvrir les portes, ce qui est beaucoup plus pratique que de taxer les collègues ("Euh... A ce propos, est-ce que vous avez encore cours, après ? parce que je n'ai pas de passe, alors si vous pouviez me prêter le vôtre... Ensuite je vous le rends, hein, promis !" Heureusement que j'ai des collègues sympas et confiants).

Mais ça, c'était avant.

Car un de mes cours a changé de salle et, au lieu d'être dans Partie Facile À Atteindre, il se trouve dans des préfabriqués. Je n'ai rien contre les préfabriqués, mais j'ai quand même passé cinq minutes à le trouver sur le plan ("Aloooors... Ça, c'est le bâtiment X... ça, le bâtiment Y... MAIS OÙ SONT CES PRÉFABRIQUÉS, BON SANG ??!!"). Alors, quand je suis tombée sur une de mes étudiantes, qui m'a proposé d'y aller ensemble, autant vous dire que j'étais assez contente.

Et là, je vous dépeins ma tête au fur et à mesure qu'on avançait :
  • on est descendues au niveau -1 ^^
  • on a ensuite traversé un parking couvert o_O
  • là, même elle était désorientée, mais on a trouvé un personnel technique pour nous indiquer le bon chemin :S
  • on est donc rentrées dans un bâtiment, pour en ressortir aussitôt de l'autre côté /o\
  • on a ensuite contourné un, puis deux amphis extérieurs
  • et là, devant nos yeux ébahis, on est tombées devant les fameux préfabriqués O_O
Le mieux étant qu'il y avait un trou dans la numérotation JUSTE pour notre salle, qui se trouvait en fait derrière, quand on faisait le tour du bâtiment.

C'est donc officiel : je fais cours désormais au Mordor, loin, très loin de la Riante Comté où j'exerce le reste du temps (et je me réjouis d'avance à l'idée de devoir retrouver cette nouvelle salle toute seule la semaine prochaine).


("Quelque chose me dit que j'aurais dû tourner à gauche, si je voulais rejoindre ces maudits préfabriqués." Frodon, au moment d'entrer dans la Montagne du Destin)