S'il y a quelque chose qui surprend souvent le novice universitaire autant que le prof distrait tournant à droite au mauvais endroit et découvrant soudain où se trouvait finalement la cafétéria de sa fac, après avoir passé dix ans à la chercher, c'est bien un plan de campus.
Le trouver sur le site web de la fac n'est déjà pas toujours une partie de plaisir (encore que j'aie vu pire le jour où j'ai essayé de trouver celui d'une université italienne où je devais faire une intervention : ce fut assez épique et, pourtant, Fac n°1 était notoirement connue jusqu'à récemment pour avoir le site web le plus pourri de France). Le comprendre est parfois encore pire.
Il arrive en effet qu'il soit parfaitement compréhensible et que la disposition des bâtiments, une fois sur place, corresponde globalement à ce qu'on s'était imaginé en l'étudiant : j'ai par exemple souvenir d'être arrivée très en avance à la soutenance de thèse d'un ami, ayant prévu, à tort, un laps de temps fort généreux en prévision d'éventuelles "surprises topographiques".
La plupart du temps, cependant, un plan de fac est à peu près aussi incompréhensible que celui de la Sorbonne.
(La Maison Qui Rend Fou)
Et ça, ce n'est que le rez-de-chaussée, aussi appelé "niveau D", sachant qu'il y a des inter-paliers, des demi-sous-sols, des portes cachées permettant d'accéder à des préfabriqués glauques planqués dans une cour, etc. Même les Messieurs En Bleu, pourtant censés être les seuls à pouvoir vous aider à vous orienter, ont parfois du mal à s'y retrouver.
Au fil des deux années que j'y ai passées, j'ai donc retenu trois choses fort utiles : 1) la scolarité, c'est le bureau du rez-de-chaussée où il y a la queue jour et nuit (j'en soupçonne certains de venir avec leur duvet, pour ne pas perdre leur place à la fin de la journée) ; 2) l'UFR de latin, c'est celui qui est touuuuuuuut en haut, avec un escalier E tellement raide entre le 2ème et le 3ème étage qu'on utiliserait presque les mains en plus pour être sûr d'arriver au dernier palier ; 3) pas la peine de chercher l'UFR de grec dans le bâtiment historique, il est de l'autre côté de la rue. Je ne me suis toujours pas remise non plus d'avoir trouvé, par hasard, le secrétariat de l'UFR de langue française dans un placard sous un escalier.
Ensuite il y a eu Fac n°1, avec ses bâtiments cachés derrière ceux qui bordent les grandes allées, à des endroits improbables (c'est la joie des formations doctorales : "Mais bon sang, OÙ peut bien se trouver cette salle...????"). Le problème était en fait principalement les dimensions du campus et les dix bonnes minutes à prévoir pour le traverser lorsqu'on avait un cours d'un côté et le suivant de l'autre.
Maintenant, il y a Fac n°2. Jusqu'à aujourd'hui, je l'avais classée dans la catégories des facs au plan, certes, pas hyper clair, mais du moins compréhensible, à condition d'y passer deux minutes. En plus, je faisais cours dans la partie la plus simple à atteindre, donc ça allait et oh ! miracle des miracles ! j'ai fini par avoir mon propre passe pour ouvrir les portes, ce qui est beaucoup plus pratique que de taxer les collègues ("Euh... A ce propos, est-ce que vous avez encore cours, après ? parce que je n'ai pas de passe, alors si vous pouviez me prêter le vôtre... Ensuite je vous le rends, hein, promis !" Heureusement que j'ai des collègues sympas et confiants).
Mais ça, c'était avant.
Car un de mes cours a changé de salle et, au lieu d'être dans Partie Facile À Atteindre, il se trouve dans des préfabriqués. Je n'ai rien contre les préfabriqués, mais j'ai quand même passé cinq minutes à le trouver sur le plan ("Aloooors... Ça, c'est le bâtiment X... ça, le bâtiment Y... MAIS OÙ SONT CES PRÉFABRIQUÉS, BON SANG ??!!"). Alors, quand je suis tombée sur une de mes étudiantes, qui m'a proposé d'y aller ensemble, autant vous dire que j'étais assez contente.
Et là, je vous dépeins ma tête au fur et à mesure qu'on avançait :
- on est descendues au niveau -1 ^^
- on a ensuite traversé un parking couvert o_O
- là, même elle était désorientée, mais on a trouvé un personnel technique pour nous indiquer le bon chemin :S
- on est donc rentrées dans un bâtiment, pour en ressortir aussitôt de l'autre côté /o\
- on a ensuite contourné un, puis deux amphis extérieurs
- et là, devant nos yeux ébahis, on est tombées devant les fameux préfabriqués O_O
Le mieux étant qu'il y avait un trou dans la numérotation JUSTE pour notre salle, qui se trouvait en fait derrière, quand on faisait le tour du bâtiment.
C'est donc officiel : je fais cours désormais au Mordor, loin, très loin de la Riante Comté où j'exerce le reste du temps (et je me réjouis d'avance à l'idée de devoir retrouver cette nouvelle salle toute seule la semaine prochaine).
("Quelque chose me dit que j'aurais dû tourner à gauche, si je voulais rejoindre ces maudits préfabriqués." Frodon, au moment d'entrer dans la Montagne du Destin)
Hahahahahaha j'ai découvert la Sorbonne cette année, je me demandais si j'étais vraiment la seule à parvenir, à bout de souffle et rouge pivoine, à l'UFR de latin ;)
RépondreSupprimerOn remarque aussi qu'il n'y a pas de monsieur en bleu devant l'UFR de grec... un attentat n'y serait sans doute pas assez rentable...
One doesn't simply walk into Mordor...
RépondreSupprimerCa me rappelle mon passage à Jussieu, avec mes TD dans les préfas planqués quasiment dans le jardin des plantes. Qui, bien sûr, n'étaient indiqués sur aucun plan.
RépondreSupprimerJe pense que je travaille depuis peu dans la "Fac n°2", ou en tout cas dans un établissement architecturalement assez similaire. La contemplation du plan invite à la méditation (c'est joli, ces formes géométriques, mais pourquoi ???) l’appellation des bâtiments laisse perplexe (les lettres semblent avoir été prises au hasard, "A, B, C, D" aurait sans doute été trop banal (trop clair?)). En tout cas, quitter ma petite et douillette annexe pour explorer de nouveaux recoins du "campus centre" est à chaque fois une aventure.
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