dimanche 25 juillet 2010

Démission de quatorze membres du jury du futur Capès de lettres classiques

Et voilà, ce que j'annonçais dans les commentaires d'un précédent message sur la mort de l'agrégation vient de se produire, le nouveau Capès de lettres classiques réduit tellement le latin et le grec à la portion congrue que même les membres de son jury s'en indignent et ont décidé de démissionner en masse : c'est vrai, à quoi cela servirait-il de connaître ces deux langues pour les enseigner ? Vous imaginez un prof de maths incapable de faire une division ? C'est ce qui est en train de se passer en lettres classiques.

Je ne vais pas reproduire ici leur argumentation, avec laquelle, vous vous en doutez, je suis parfaitement d'accord. Je vous laisse lire le communiqué qu'ils ont publié sur Médiapart. Je me contenterai donc de rappeler que le latin et le grec, ce ne sont pas seulement deux langues très riches qui permettent de comprendre la nôtre, tant dans son fonctionnement que dans son vocabulaire, c'est aussi toute une culture humaniste, à une époque où l'on considérait encore qu'un être humain est plus important que des bonus boursiers ou une quelconque rentabilité.

Evidemment, il s'agit d'une manière de voir fort différente de celle d'aujourd'hui, mais en ces temps d'incertitude et de souffrance face à un monde qui ne nous considère que comme des porte-monnaies ou des numéros anonymes sur une liste à faire examiner dans je ne sais quelle commission, c'est aussi une culture qui peut aider à trouver qui on est et, surtout, à penser par soi-même. Pensez-y bien, car nous sommes dans une société où l'on ne veut pas que vous sachiez penser par vous-même : sinon, comment vous dire pour qui vous devez voter et ce que vous devez acheter ?

Cela, il n'y a pas que le latin et le grec qui peuvent l'enseigner : toutes les matières étudiées à l'école en sont théoriquement capables, en particulier l'histoire et la philosophie (songez qu'elles sont toujours les premières à disparaître lorsqu'une dictature se met en place et commence à toucher aux programmes scolaires pour "éduquer" ses futurs "citoyens"). Mais le latin et le grec ont aussi cet avantage de vous plonger dans un univers dégagé des valeurs marchandes qui règnent dans le monde actuel et centré sur l'humain.

Bien sûr, je plaide pour ma paroisse, mais rappelez-vous que vous êtes des êtres humains avant d'être des porte-monnaies ou des bulletins de vote et que, pour être un être humain digne de ce nom, il faut penser.

mercredi 14 juillet 2010

"Centurion" : un mauvais titre pour un film pas si mauvais.

Hier, avec un ami lui aussi fan de péplums (on est plusieurs dans ce cas-là, avec peut-être une idée de séminaire à la clé), je suis allée voir




A vrai dire, on craignait tous les deux que ce ne soit un terrible nanard : le titre n'annonçait rien de bon. Finalement, on a été agréablement surpris.

Le pitch : en 117, les Romains sont en train de ramer méchamment à la frontière de la Calédonie (i.e. de l'Ecosse), face à un peuple local, les Pictes. Ceux-ci pratiquent en effet une tactique de guérilla contre laquelle les malheureux légionnaires ne peuvent pas grand chose : toutes les nuits, ils envoient une patrouille, toutes les nuits elle se fait massacrer, quand ce n'est pas leur propre camp qui est attaqué. La Neuvième légion finit par être envoyée en renfort, mais, après avoir sauvé de justesse un centurion, Quintus Dias, échappé au camps des Pictes après avoir été fait prisonnier, elle se fait elle-même presque entièrement exterminer. Les rares survivants, dont Dias, font une dernière tentative pour sauver leur chef, mais échouent et se retrouvent traqués par Etain, une chasseuse picte assoiffée de sang romain.

Evidemment, raconté comme ça, ça sent le nanard. Mais ce film n'est vraiment pas si mauvais que ça : il n'est pas manichéen, moins sanglant que ce que le nom du réalisateur peut le laisser redouter (Neil Marchall a commencé par des films d'horreur), évite plus ou moins la caricature (pas évident, lorsqu'on traite de barbares) et présente un réel suspens.

Pour tout dire, en règle générale, quand les Anglo-saxons (en particulier les Américains, mais, là, c'est un film britannique) tournent un film sur le thème "quand on essaie de survivre en plein territoire ennemi, les plus grandes menaces ne sont pas toujours celles qu'on croit", ils vous collent la scène en Irak ou dans l'Allemagne de la seconde guerre mondiale. Là, ça se passe en Ecosse au début du IIème siècle, donc il y a de quoi dérouter les amateurs de films de guerre de ce genre.

Il y a aussi de quoi dérouter les amateurs de péplums classiques : pas de théâtre, pas de temples à colonnes, pas de toges ; à la place, l'Ecosse, ses bois, ses neiges et des peaux de bête plus ou moins ajustées sur des tuniques en laine grossière. Ils n'y retrouveront pas non plus l'univers en noir et blanc si habituel aux films se passant dans l'Antiquité, où les méchants sont de gros méchants et les gentils de très courageux gentils.

Historiquement, pour avoir travaillé sur la Vie d'Agricola (une des premières oeuvres de Tacite, sur son beau-père, qui a participé à la conquête de la Grande-Bretagne en général et de l'Ecosse en particulier), mis à part que ledit Agricola était mort depuis belle lurette en 117, que je ne suis pas sûre qu'Hadrien ait décidé de faire construire son fameux Mur dès le tout début de son règne et qu'on ne sait pas grand chose sur les Pictes, il faut reconnaître que les ennuis sans fin que les Romains ont connus à la frontière de la Calédonie sont assez bien rendus, en particulier les raids d'un ennemi qui avait pour avantage sa parfaite connaissance du terrain et savait à la perfection comment en tirer parti.

En fait, le problème de ce film, outre le fait qu'il ne correspond pas vraiment au canon des films de guerre ou des péplums (ce qui, à mon avis, a beaucoup contribué au quasi silence dans lequel il est sorti), c'est son titre. Il sent à plein nez le chargé de presse pas inspiré : "Wait, wait, dear... You wanna call it "Trekking with the Picts" ? No, no, that's not good enough...! It must smell blooood and sweaaaat and muuuuug ! Let's call it... hmmm... "Centurion" ! That's a good title ! What ? Doesn't really correspond to what you shot ? Don't worry, babe ! I'm the inspired one !". Même chose pour la "devise" : "Fight or die", c'était peut-être nouveau au moment de la sortie du premier volume de Final Combat, mais on n'est plus dans les années 80, les gars, il faut se réveiller...!

In fine, si vous avez le temps et que vous êtes tentés, je vous conseille d'aller le voir : ce n'est, certes, pas un Immense Chef d'Oeuvre, mais il n'est franchement pas si mal.



mardi 13 juillet 2010

Opération "Sauvetage de Future Thésarde en Détresse"

Chers tous,

enfin des nouvelles fraîches à propos de mon Cauchemar Thésardesque !

Figurez-vous qu'aujourd'hui, désespérée de n'avoir aucune réponse aux mails flippés envoyés hier, j'ai fini par partir du principe que je n'aurais pas cette bourse et donc par téléphoner à l'Education nationale pour savoir comment me déclarer afin de faire mon stage d'agrégation l'an prochain. On m'a donné deux numéros de téléphone, en me conseillant d'appeler tout de suite, parce que la personne au bout du fil ne savait pas quand la responsable allait, je cite, "lancer le mouvement", si ce serait dès jeudi (date-limite pour les déclarations) ou après (ce qui était plus logique : en règle générale, on attend que la date-limite annoncée soit passée, pour être sûr de travailler sur un effectif complet, mais bon, les Voies de l'Education nationale étant impénétrables, le conseil paraissait avisé).

J'ai donc passé dix minutes à contempler stupidement ces deux numéros, puis je me suis dit que j'allais quand même tenter ma chance à la scolarité de l'ENS : après tout, maintenant que j'ai l'illimité sur mon fixe, ça ne coûtait littéralement rien d'essayer (j'avoue que j'ai un chouïa explosé mon crédit de portable avec mes appels pour des appartements et que, vu tout ce que j'ai dépensé pour l'emménagement, mon budget de juillet est d'ores et déjà largement déficitaire...).

On m'a donc passé la responsable des bourses (qui est aussi celle de la scolarité en général), qui m'a annoncé qu'ils avaient eu un désistement hier et que j'étais donc désormais première sur la liste d'attente. C'est la première année qu'il y a aussi peu de désistements, apparemment le ministère a vraiment serré les vannes pour les bourses et, très sensément, personne ne veut risquer de lâcher la proie pour l'ombre.

MAIS il y a une fille qui est quand même quasi assurée d'avoir une allocation par une autre procédure et qui, si elle l'a, renoncera à la sienne (qui deviendra donc la mienne). Le problème, c'est que, la responsable au ministère de cette autre procédure étant partie en vacances jusqu'à fin juillet (c'est tellement sympa d'aller se dorer la pilule je ne sais où, en n'en ayant rien à foutre de l'angoissante incertitude où peuvent se trouver certains jeunes vis-à-vis de leur avenir... Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour se donner encore plus de pouvoir et d'importance...!), on ne connaîtra les résultats que début août, soit bien après la fameuse Date-Limite.

CECI DIT, même au cas où il n'y aurait pas d'autre désistement, le ministère a laissé entendre que l'ENS pourrait avoir d'autres bourses en fin de procédure, soit à la mi-septembre, i.e., là encore, bien après la Date-Limite.

«Ecoutez, c'est vous qui choisissez, bien sûr, mais, ce que vous pourriez faire, c'est de vous mettre en congé sortant dès maintenant. On ne vous paierait pas le mois d'août, mais, comme vous seriez encore considérée comme élève de l'ENS, vous pourriez participer à la procédure 1 (Nota : celle de décembre/janvier, pour ceux qui ont déjà commencé leur thèse), où vous seriez sûre d'avoir quelque chose, cette fois. Comme ça, si vous n'avez rien, même en septembre, ça vous ferait quand même un parachute de secours. Et, si vous avez quelque chose entre temps, on vous considérera comme sortante et on vous paiera votre mois d'août. Mais, vous savez, ça fait des années que je fais ça, vous êtes première, c'est sûr que vous aurez quelque chose, même avec la situation archi bouchée qu'on a là.»

Après un autre coup de fil à mes parents («Allô Maman...? Allô Papa...? Vous seriez prêts à éventuellement me financer pendant un an ?»), j'ai donc décidé de ne pas me déclarer à l'Education nationale et de tenter ma chance. Ça va me bouffer mon été, mais, au moins, j'aurai tout essayé et je ne sortirai pas du circuit universitaire (dans lequel il est très difficile de rentrer une fois que l'Education nationale a mis la main sur vous, étant donné que la fac ne dépend pas d'elle, mais de la Recherche).

Au pire, je me retrouve à nouveau dépendante financièrement de mes parents (ce qui ne sera pas simple, après quatre ans d'indépendance complète).

Au mieux, j'aurai une bourse et, donc, un monitorat pour valider mon agrégation et tout le monde sera content (surtout moi).

vendredi 9 juillet 2010

M2 ET préparation à l'agrégation la même année ?

Bonjour !

Aujourd'hui, je vais vous épargner mon Eternelle Complainte de la Thésarde-Would-Be en mal de bourse (mon résumé d'hier est, hélas, toujours valable) pour vous (re)parler de l'agrégation, car j'ai de nouvelles infos à ce sujet (à défaut d'en avoir sur l'autre).

Avec la réforme mise en place récemment (et dont j'ai déjà dit ce que j'en pensais), il est théoriquement possible de préparer ce concours de l'enseignement ET de faire un M2 la même année, que ce dernier consiste en la préparation elle-même (ce qui serait un M2 "enseignement", si j'ai bien compris) ou en un travail de recherche comme ce qui se faisait jusque là normalement en M2. L'important, pour le ministère, ce n'est pas que vous l'ayez en poche au moment de votre inscription (qui se fait de plus en plus tôt : attention, pour les intéressés, cette année, la date-limite est le 13 juillet !), mais que ce soit le cas au moment des oraux, i.e., grosso modo, début juin.

Ça, c'est la théorie. Dans la pratique, si vous voulez soit faire de la recherche, soit vraiment passer l'agrégation (ou les deux), vous vous en doutez bien, il est impossible de préparer sérieusement ce concours très difficile ou de rendre un travail de qualité en faisant quelque chose d'autre à côté, a fortiori quelque chose d'aussi prenant. L'un ou l'autre sera nécessairement bâclé, si ce n'est les deux.

Ce constat assez simple à faire, tant il va de soi, vient d'être confirmé par la direction des études littéraires de l'ENS : ils déconseillent de tenter les deux en même temps, en arguant que

1) il n'est pas sûr du tout que le M2 soit délivré à temps pour les oraux (surtout avec le remontage systématique des dates d'épreuves qui s'annonce), ce qui constitue un risque d'être disqualifié d'office, alors même qu'on avait réussi à décrocher au moins l'admissibilité ;

2) il est fort probable que la valeur scientifique d'un M2 fait dans ces conditions soit mise en cause : il portera en effet très certainement sur un sujet concernant l'agrèg' ou s'en approchant (donc n'ayant que très peu de rapport avec ce que vous voudrez étudier ensuite) et ne pourra qu'être fait à la va comme je te pousse, étant donné qu'il devra être fini particulièrement tôt et, en plus, sans avoir le temps nécessaire dans une année encore plus raccourcie (pour ceux qui auraient des doutes sur la masse énorme de boulot que demande un master sérieux, je leur recommande d'aller faire un tour du côté de la rubrique "Work in progress" pour un aperçu de mon année).

Le coup de grâce est donné à la fin du mail que j'ai reçu, lorsqu'ils annoncent qu'un tel M2 ne pourra pas donner lieu à une demande d'allocation doctorale à l'Ecole (sachant qu'on ne peut faire deux M2 dans la même matière : une fois obtenu votre M2 bancal option "enseignement", impossible de prendre une année pour en refaire un option "recherche").

Quand on sait quelle galère ça peut être pour en avoir une quand on a tout fait dans les clous, si vous continuez à vouloir faire les deux en même temps, c'est que vous n'avez pas du tout l'intention de faire de la recherche (ce qui est un objectif tout aussi noble que de vouloir en faire).

Sur ce j'arrête, sinon je vais reprendre ma gwerzh maro bourse de thèse...

jeudi 8 juillet 2010

Résumé de la semaine

1er juillet : pas de mail.
2 juillet : pas de mail.
3 juillet : pas de mail.
4 juillet : pas de mail.
5 juillet : pas de mail.
6 juillet : pas de mail.
7 juillet : pas de mail.

Le seul mail que j'aie reçu, c'est celui de la responsable des masters et thèses à Nanterre, qui voulait savoir où j'en étais du "deuxième mouvement". Deuxième mouvement ? quel deuxième mouvement ?

Ah non, j'avais oublié : la bibliothèque de l'ENS m'a contactée pour un livre en retard. Ce ne sont pas des nouvelles d'Ulm, ça ?

dimanche 4 juillet 2010

Tout a une fin !

Et voilà, ça y est, j'ai quitté l'internat de l'ENS...

J'avoue, j'ai détesté la première année à Ulm : j'étais dans le nouveau bâtiment qui longe la rue Rataud, surnommé "le Bunker", en béton armé, pas repeint, avec des fenêtres anti-suicide qui s'ouvraient à peine de dix centimètres, d'où une atmosphère plus qu'étouffante en été, y compris pour quelqu'un qui, comme moi, ne craint pas le chaud. Ajoutez à cela des voisins que je ne voyais ni n'entendais jamais, sauf à la crasse immonde qu'ils laissaient dans les douches communes et dans la cuisine (j'en suis arrivée à me lever à 6h en semaine pour être la première à prendre ma douche, parce que, à 6h30, une fille réussissait à mettre de l'eau partout, y compris sur le plafond... Je me demande encore comment elle faisait) et lors des beuveries organisées périodiquement dans la cuisine (aaaahhh... les soûlards dans le couloir jusqu'à 4h du matin et le vomis dans la cage d'escalier après la soirée de Noël...!).

Heureusement, tout n'a pas été mauvais dans cette première année. J'y ai en particulier rencontré des gens géniaux, qui sont devenus des amis et avec certains desquels j'ai ensuite habité pendant deux ou trois ans à Montrouge. Et, là, c'était super : trois ans de fête, d'échanges entre littéraires et matheux, de fous rire, de conversations qui partent en vrille en deux minutes (à 3h du matin et avec un petit coup dans le nez, la chanson d'"Aladin", "Ce rêve bleu", devient une révélation de refrain cochon : quand je pense que je la connaissais par coeur étant petite !) et la mise en place des Fameuses Soirées C2, à coup de punch, de buffet gargantuesque (aaaaahhh... la dinde aux marrons de la première année... aaahhhh... la cuisinière qui nous lâche le jour de la fête de Noël la deuxième année... aaaahhh... les tartes poires-chocolat de mon voisin la troisième année...) et de pictionary chilien (c'est comme L'Automne à Pékin, aucun rapport ni avec le pictionary, ni avec le Chili). J'y ai acquis une réputation de leveuse de coude à l'esprit tordu, partiellement imméritée, mais qui n'est pas totalement fantasmée non plus (pas ma faute si je suis tombée dans la marmite freudienne étant petite et si la moitié de mes gênes est estampillée "brezhoneg" !).


(Paquebot "Paris" ; source : Wikipedia Commons)


Je dois cependant aussi reconnaître que, même si je sais que je vais regretter de ne plus être à cinq mètres à tout casser de mes amis et que ce sera un peu bizarre de me retrouver totalement on my own, je suis quand même aussi bien contente de m'en aller. D'abord, à 25 ans, l'internat, c'est sympa, mais, franchement, je pense que je suis définitivement trop vieille : les toilettes sans PQ, la cuisine immondément bordélique et dégueulasse, ça va un temps, à la fin c'est vraiment pénible. Et puis bonjour l'intimité quand mon copain est là (sans compter que, à deux dans un lit une place, c'est comme la cuisine dégueulasse, il y a mieux).

Mais bon, le C2 n'est pas mort !!! Pour finir en beauté sur l'Antiquité, dans un célèbre passage des Histoires d'Hérodote (historien grec du Vème siècle avant J.C., ayant écrit sur les guerres entre les Grecs et les Perses, de 499 à 479), Thémistocle, un grand homme politique athénien, cherche à convaincre se concitoyens d'abandonner la ville, qu'il était alors impossible de défendre devant l'armée du Grand Roi Xerxès : il leur explique alors qu'Athènes, ce ne sont pas des maisons, ce ne sont pas des temples, c'est le peuple athénien ; là où est ce peuple, là est Athènes. C'est la même chose pour le C2 : le C2, ce ne sont pas ses chambres, sa cuisine et son frigo, ce sont les personnes qui y ont habité (ou qui y ont beaucoup usé leurs fonds de culotte), qui y ont créé quelque chose ensemble et qui sont liées par des souvenirs communs. Le C2 will donc live forever et il y aura certainement des tentatives pour continuer les repas kolkhoze du mercredi dans nos nouvelles cages à lapins !

Et puis, surtout, ce blog n'est pas prêt de s'arrêter, que j'arrive à avoir une bourse de recherche ou que je me retrouve à faire mon stage d'agrèg' l'an prochain. Comme ça, la personne qui est arrivée ici en tapant "sale faignasse prof lettres classiques" sur Google aura de l'eau à apporter à son moulin ! :p

(Thémistocle ? ; source : Wikipedia Commons)

samedi 3 juillet 2010

Ah... La Poste...

Histoire de vous épargner mes Plaintes Gémissantes sur mon interminable Attente de la Bourse Perdue (chacun son Saint Graal), je continue à vous faire partager mes Joies du Déménagement. Après tout, il n'y a pas de raison pour que je sois la seule à en profiter.

Je passerai très vite sur mes nouveaux déboires avec des livreurs : après mes trois heures d'attente d'UPS pour rien, voici les livreurs de Conforama qui passent avec une bonne demi-heure d'avance. Evidemment, j'étais déjà en route et, heureusement, partie en avance (avec à nouveau plus de seize kilos de bouquins à bout de bras, i.e. dans ma valise), mais j'ai quand même eu de sacrée sueurs froides en entendant, après avoir décroché mon téléphone : "Mademoiselle Lina ? Bonjour, je suis le livreur Conforama. On est juste devant chez vous, mais, manifestement, vous n'y êtes pas... - Attendez, attendez... On m'avait dit que vous passeriez entre 15h et 17h... Je suis en route, mais je ne serai pas là avant un quart d'heure, vingt minutes !"

J'en profite donc pour faire une dédicace à toutes les secrétaires de sociétés de livraison qui ne savent pas faire leur travail : p********** de g********* de m**********, mettez-vous d'accord avec vos livreurs, nom de D******* !!!!!!!

Heureusement, les gars en question étaient sympas et ont accepté de m'attendre, ce qui était d'autant plus chouette que leur prochaine livraison était à... Orléans : comme on se retrouve. Ils m'ont tout déballé pour que je puisse vérifier que c'était bien mon bureau en kit et j'ai fini par mentir lorsque le plus vieux m'a demandé, d'un air incrédule, pour la quatrième fois : "Non, mais, vous n'allez quand même pas monter ça toute seule ? - Ne vous inquiétez pas, mon père arrive demain." Ce qui n'est pas tout à fait vrai : il vient mardi et c'est ma mezzanine qu'il m'aidera à monter, mais je ne pouvais quand même pas répondre : "WTF ???!!! C'est parce que je suis en jupe et débardeur que vous doutez de mes capacités ?! Vous avez jeté un coup d'oeil au livret de montage ? C'est tellement clair qu'un gosse de six ans pourrait le faire (oui, enfin, non, parce qu'il y a de la colle et des vis, mais presque) !".

Au lieu de ça, je l'ai regardé en souriant d'un air rassurant, en pensant que, puisqu'il va falloir que j'attende UPS TOUT lundi (leur "tranche horaire" est de 10h à 19h, ce qui me rappelle les "programmes" de français et de philo à Ulm : tout, depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours ; comment ça, ce n'est pas un programme ?), voilà qui sera paaaarfait pour m'occuper, étant donné que, sans internet, je ne pourrai pas passer mon temps à aller vérifier si je n'ai pas un mail pour la bourse de l'ENS.


Donc, ça, c'était censé être un passage rapide sur une anecdote sans intérêt. L'autre n'en a pas plus et était prévue pour être longue, elle sera finalement plus brève.

Figurez-vous que mes propriétaires radinent en ne confiant pas la gestion de l'appart' à l'agence qui me l'a loué et veulent donc que je leur verse directement le loyer sur leur compte. En soi, je ne vois aucun mal à cela, d'autant que, avec les services bancaires en ligne de la Poste, pardon : la Banque Postale, je pensais que ça devrait se faire sans problème.

Je vais donc sur leur site, j'accède à mon compte je clique sur "virements" et là je vois : "Vous pouvez ajouter les coordonnées d'un compte bénéficiaire directement sur labanquepostale.fr. Vous évitez ainsi l'envoi d'un courrier signé à votre Centre financier." Parfait, parfait ! Et que faut-il que je fasse pour cela ? Eh bien, c'est simple : il faut... que j'imprime le formulaire ad hoc... et que je l'envoie à mon Centre financier.

C'est marrant, j'ai comme l'impression qu'il y a quelque chose de pas très logique, là dedans... Mais enfin, voyons, il est bien sûr totalement impossible que la Poste, pardon : la Banque Postale fasse quoi que ce soit qui puisse relever d'une quelconque absurdité...!

vendredi 2 juillet 2010

Les joies du transport de livres...

Le plus fatigant, dans les déménagements, c'est qu'il y a une foule de choses annexes à faire, en dehors du simple transbardement des affaires. En l'occurrence, le mien sera dimanche prochain, mais il faut aussi que je règle la question de l'électricité, d'internet, de mon abonnement au "Canard enchaîné" et du bureau qu'on va me livrer demain (je récupère les autres meubles mardi, avec mon père et un de mes frères, mais, les exclusivités internet étant les exclusivités internet, seule la livraison était possible pour celui-là).

Or, ce matin, je reçois un coup de fil d'une secrétaire de chez UPS m'annonçant que ma Freebox sera livrée aujourd'hui et pas lundi ou mardi, comme annoncé par mail reçu une heure ou deux avant. Je m'étonne, demande confirmation : "Oui, oui, oui, ce sera bien aujourd'hui !" Elle me demande quand je pourrais être chez moi, je dis 13h30, elle me répond que le livreur passera donc entre 14h et 16h.

Sachant que j'avais un ultime cours de piano jusqu'à midi et pas le temps de faire l'aller-retour afin d'en profiter pour ramener déjà des affaires dans ma valise, j'y vais directement en me disant que je déjeûnerais ensuite.

J'ai attendu trois heures : j'ai eu le temps de solfègier toute la Fantaisie-Impromptu de Chopin et de lire une bonne partie de ma Littérature grecque. J'ai fini par partir, furieuse et en me faisant doucher en sortant du métro.

Mais, comme l'orage n'a pas duré longtemps, j'ai décidé de faire quand même l'aller-retour avec une valise pleine de choses dont je n'aurai pas besoin sous peu. Je rentre, je mange un bout en vitesse et je remplis ma valise de bouquins (bah oui, il y a des bouquins que je ne suis pas susceptible de consulter dans les trois prochains jours ; je pense aussi aux couvertures pour l'hiver, surtout en ce moment). Je la pèse : elle fait 16 kg. Chouette... J'ai l'impression d'en avoir mis plein, donc je me résigne à me taper les escaliers du métro avec ça à bout de bras.

Maintenant, chers lecteurs non parisiens, laissez-moi vous décrire le métro en été : en temps normal, il y fait déjà extrêmement chaud ; par une journée comme celle d'aujourd'hui, où il a fait 35°C dehors, c'est l'enfer, surtout sur la ligne 4, que je dois emprunter sur un bon bout de trajet. J'en suis sortie tellement ruisselante que je sentais la sueur dégouliner le long de mes joues.

J'enchaîne sur mes quatre étages sans ascenseur, j'arrive en face de ma porte en crachant mes poumons : c'est dans ces moments-là que je me félicite de n'avoir jamais fumé, autrement j'aurais été KO dès le premier palier. J'entre, je dépose ma valise au centre de la pièce encore vide, je bois un demi litre d'eau et je commence à décharger ma cargaison. Je fais alors deux pas en arrière et là...


Pfff... Les livres, à trimbaler, c'est vraiment ingrat : seize kilos, deux litres de sueur (minimum), l'Enfer bravé deux fois (même si j'avoue que, au retour, avec ma valise vide, j'ai pris la 5 pour éviter les départs en vacances, la 4 desservant trois gares), tout ça pour trois petites piles de rien du tout qui dépassent à peine le niveau des plinthes.

Y a des fois où, aimer la littérature, c'est vraiment un sacerdoce...