lundi 30 septembre 2013

Tout arrive !

Figurez-vous que nous sommes aujourd'hui le dernier jour de septembre et que, comme beaucoup de nouveau doctorants contractuels ou de vacataire (c'est encore pire, questions finances, d'être vacataire, car l'expression "être payé au lance-pierre" prend alors vraiment tout son sens), les sous-sous ne sont pas encore tombés dans mon escarcelle.

J'avais déjà été confrontée à ça au début de ma première année de thèse. Comme je m'étais retrouvée, dans un premier temps, sur liste d'attente pour ma bourse, Fac n°1 avait su seulement début septembre que je les rejoignais bien, d'où une signature de contrat fort tardive, d'où un service financier qui avait pris en charge tout aussi tardivement mon dossier. Pour résumer les choses, si je n'ai pas touché le jackpot seulement à Noël (comprendre quatre mois de salaire pour la fin de l'année), mais fin novembre (ce qui représentait quand même trois mois d'un coup), c'est parce que j'étais allée voir les secrétaires, pour les entreprendre sur le thème "Vous avez un loyer et des factures à payer tous les mois ? Figurez-vous que MOI AUSSI !"

Cette année, j'avais donc mis des sous de côté en m'attendant à quelques "surprises" de ce côté-là.

Bien m'en a pris.

Dans Fac n°2, j'ai tout signé très vite : contrat, formulaires divers et variés, PV d'installation... La semaine dernière, je suis allée récupérer l'original dudit PV chez la chargée des RH de mon département et je me suis étonnée que mon arrêté de détachement n'ait pas été là aussi. "C'est qu'on n'a pas dû le recevoir, m'a-t-elle répondu. C'est très gênant, d'ailleurs, parce qu'on ne peut pas vous payer sans ça."

Gloups.

Du coup, j'ai envoyé un mail à la responsable générale des RH, pour m'informer (et, accessoirement, demander quand je serais payée s'ils n'avaient toujours rien). Effectivement, malgré ses relances, le rectorat n'avait toujours pas envoyé le Saint des Saints. Elle a donc déclenché le plan Orsec : avance de 80% le 15 octobre, reste de mon salaire de septembre + celui d'octobre à la fin du mois. Le tout en espérant avoir reçu quelque chose d'ici là. "Sinon, on utilisera le mail qu'ils nous ont envoyé pour nous annoncer le détachement ; ça devrait marcher avec le service financier."

La stratégie commune adoptée étant de relancer toutes les deux ma gestionnaire, je me suis fendue d'un mail ce matin. Et là, j'ai pensé à mon plus jeune frère, qui travaillait chez Microsoft l'année dernière : "Moi, quand un type me gonfle à ne pas faire son boulot, je lui renvoie un mail, avec son supérieur en co-destinataire."

Evidemment, trouver le supérieur de ma gestionnaire au DPE était impossible, étant donné que le rectorat ne fournit bien évidemment aucun organigramme sur son site. Par contre, le mail du secrétariat du directeur adjoint chargé des services, lui, apparaît sur la page de la direction.

Ce fut radical. Moins de deux heures après (quand on sait tous les mails que j'ai pu envoyer cet été et tous les coups de fils jamais répondus que j'ai pu passer !), je recevais par mail le fameux arrêté, scanné manifestement à la va-vite, mais scanné quand même.

La conclusion du jour est donc de mon frère, lorsque je lui ai raconté mon histoire : "Bah ouais, think corporate !"

dimanche 29 septembre 2013

Tacite dit "je" - enfin, dans les "Annales", mais pas dans les "Histoires"

Comme promis hier, voici un autre post sur la question "je"/"nous" quand on écrit, mais orienté Antiquité. Car figurez-vous que la question se pose aussi pour cette période-là.

Je m'empresse immédiatement de replacer les choses dans leur contexte : ce qui va suivre sera un rapide résumé d'une partie de ma thèse (un bout de mon chapitre 1 pour être plus précise. Elle porte sur deux auteurs latins du début du IIème siècle après J.C., Tacite et Suétone, qui ont tous deux produits des ouvrages historiques sur le même sujet, les règnes des premiers empereurs.

Mon premier chapitre porte sur la présence de ces deux auteurs dans leur texte. Comprenez présence explicite, i.e. les premières personnes (par opposition à la présence implicite, via l'organisation de leur matériau, la manière de présenter certains événements, etc. ; ça, c'est ce que je viens de commencer à rédiger).

Quand vous faites du latin, on vous explique que le "nous de majesté" est assez courant et a beaucoup moins de poids qu'en français, par exemple lorsque Louis XIV déclare : "Nous, roi de France, déclarons l'abrogation de l'édit de Nantes". A l'inverse, quand Cicéron écrit scripsimus, c'est littéralement "nous avons écrit", mais il faut évidemment traduire par "j'ai écrit", sinon vous ajoutez dans votre texte une nuance de sens qui n'existait pas dans l'original.

Tout cela pour dire que, quand j'ai fait mes fameux relevés de premières personnes, j'ai évidemment inclus les premières du pluriel avec celles du singulier. Et là, surprise ! chez Tacite, alors que j'ai à peu près autant de "je" que de "nous" dans les Histoires (respectivement 25 occurrences contre 30), dans les Annales, la présence du "je" est massive : 114 verbes contre seulement 11 pour le "nous" ! Le Tacite de la fin de sa vie (les Annales est sa dernière oeuvre) est définitivement un #JeDisJe, pour reprendre les termes de la discussion sur Twitter.

Quelque chose d'aussi énorme avait peu de chance d'être totalement passé inaperçu jusqu'à ce que ma Petite Personne tombe dessus. J'ai pu effectivement remonter jusqu'en 1866 (ce qui ne nous rajeunit pas), mais c'est surtout un article de Dominique Longrée, publié en 1996, qui était intéressant, car il propose d'expliquer ce phénomène non par une saugrenue "préférence pour les formes courtes" de la part de Tacite, mais par un problème d'objectivité, qui se poserait pour les Histoires et pas pour les Annales.

Le fait est que, dans les Histoires, Tacite a été un témoin plus ou moins engagé de ce qu'il raconte. Ce n'est pas le cas dans les Annales, qui portent sur une période antérieure à sa naissance (ou qui correspondrait à sa prime enfance - on ne connaît bien ni sa date de naissance, ni sa date de mort). Il aurait donc eu besoin de se dépeindre d'avance en retrait dans les premières (en ayant très périodiquement recours au "nous") et plus du tout dans les secondes (d'où la multiplication des "je").

Tout ceci est très intéressant, à ceci près que Suétone a exactement le même problème pour la fin de son oeuvre (il en vient même à rapporter le récit que son propre père faisait de la mort de l'empereur Othon) et que je détecte pas du tout le même basculement : il a une nette préférence pour "je" par rapport au "nous" et cela ne s'inverse pas à partir de la Vie de Vespasien.

Mystère et boules de gomme, donc. Il n'en demeure pas moins qu'il y a un phénomène observable en lien avec la personne grammaticale et qu'il est suffisamment accentué pour qu'on ne puisse l'expliquer ni par un hasard, ni par une projection, sur des auteurs antiques qui n'en auraient finalement rien à faire, de préoccupations qui ne relèveraient que de notre époque.

samedi 28 septembre 2013

Je dis "nous" - mais ce n'est pas de la majesté

Deuxième partie de semaine moins glorieuse ou comment avoir fini de faire cours le mardi à midi est en fait un Piège Sournois qui vous amène à vous dire "Hé ! hé ! mes cours sont passés ! tout ce temps qui s'étale devant moi peut être consacré à ma thèse ! pas la peine de s'affoler frénétiquement !" Erreur. Grave Erreur. De débutante, en plus. Mais il faut dire que je n'ai jamais été dans cette situation ces trois dernières années, donc l'alternance thèse-cours était un coup de fouet plus sensible.

Je ne suis quand même pas tout à fait restée les doigts de pied en éventail. Finir mon chapitre 2 a évidemment été suivi d'une baisse de motivation, mais j'ai quand même réussi à détailler le plan de mon chapitre 3 et à rédiger son introduction. J'ai évidemment râlé au moment d'annoncer le déroulement de ma réflexion : ça a beau être important, pour celui qui va lire le chapitre comme pour celui qui ne va pas le lire, mais veut quand même avoir une idée de ce qui va s'y dire, il faut quand même reconnaître que c'est d'un ennui profond à faire.

L'avantage, c'est que c'était du coup en lien avec une des questions posées par @caro_ligne sur Twitter cette semaine, qui demandait qui préférait dire "je" lorsqu'il écrivait sa thèse (malgré les anathèmes dont on nous a menacés pendant toute notre scolarité si on le faisait) ou dire "nous", ce qui a donné lieu à deux groupes. L'idée était que, de toute façon, tout chercheur est une personne, avec ce que cela implique de centres d'intérêts, personnalité, etc. ; donc pourquoi faire comme si la recherche était quelque chose d'impersonnel et de désincarné ?

(J'évite à dessein les termes "objectivité" et "subjectivité", parce qu'il me semble qu'ils relèvent plus du domaine de la preuve que de celui de l'incarnation).

Personnellement, quand j'écris, je dis "nous". Non parce que j'abhorrerais le "je" : écrire "je" ou le cacher derrière un "nous" ne change rien, il s'agit toujours d'une apparition de l'auteur dans le texte (ça me fait d'ailleurs penser que j'ai des choses à dire sur la façon dont mes auteurs à moi disent, eux aussi, "je" ou "nous" ; laissez-moi un peu de temps, je vais vous faire ça - c'est mon chapitre 1).

De même, avoir systématiquement recours à des formules impersonnelles ne change rien quant à l'objectivité ou la subjectivité de ce qui est avancé : c'est le fond qui est subjectif ou objectif, pas la forme. Dire "je pense que la terre tourne autour du soleil" ne rend pas subjective la course de la terre autour du soleil. Qu'on écrive "je peux donc en conclure", "nous pouvons donc en conclure" ou "il est donc possible d'en conclure", il n'empêche qu'il y a toujours d'une part une personne qui parle et d'autre part le contenu de sa parole. Toute la question est de savoir si (ou plutôt : en quoi) ce qu'est cette personne, qui elle est, ce qu'elle a vécu, ce qu'elle aime et déteste, etc. a une influence sur ce qu'elle dit. Qu'on utilise "je" ou des formules impersonnelles, si on n'a pas un tout petit peu réfléchi à la part d'influence qu'a l'être humain que nous sommes sur notre travail, le problème de la subjectivité reste entier.

Il me semble donc que "je", "nous" ou "on" n'est pas si révélateur que cela. Pourquoi j'utilise "nous", alors ? Soyons honnête : en grande partie parce que j'en ai pris l'habitude (et je vous garantis que j'ai été tellement marquée par les anathèmes que, au début, j'étais partagée entre l'impression d'être une grande folle et la crainte puérile qu'on vienne me taper sur les doigts), ensuite parce que j'ai l'impression que cela donne un certain "poids" à ma parole. Un peu comme si le pluriel "de majesté" (pour penser ça, il faut vraiment ne pas m'avoir vue rédiger) accroissait, en plus du nombre grammatical, mon auctoritas.

On parle régulièrement des problèmes de légitimité qu'ont les doctorants - surtout en début de thèse -, de cette impression, parfois, qu'on est une erreur du système et que quelqu'un va nécessairement se rendre compte sous peu qu'on est une sorte d'"arnaque scientifique". Dans mon cas, je ne l'ai pas tant ressenti avec ma thèse que lorsque j'ai intégré l'ENS. Il n'empêche que, lorsque j'utilise "nous", j'ai l'impression d'être, dans ma tête, plus dans la peau d'un chercheur dont les recherches se développent en s'appuyant sur des éléments et des raisonnements valables. Si j'utilisais "je", les éléments et les raisonnements resteraient les mêmes, mais j'aurais plus le sentiment d'être un simple padawan.

Un padawan qui avance quand même petit à petit dans sa formation. J'ai reçu hier un exemplaire de la revue Lalies, où a été publiée mon intervention à Clelia de l'année dernière. Etant donné que je n'avais rien reçu du Bulletin Budé, je ne m'attendais franchement pas à ça et encore moins à recevoir en sus dix tirés à part de mon article (un tiré à part est un exemplaire de votre article tel qu'il est publié dans la revue, mais, comme son nom l'indique, imprimé à part ; c'est de plus en plus rare) ! C'est le métier qui rentre aussi  !


(Il va falloir m'expliquer pourquoi, quand on tape "Lalies" sur Google, on tombe aussi sur des montres et une série de photos de jeunes femmes assez peu vêtues - le côté hot de la recherche en lettres, sans doute)

mardi 24 septembre 2013

La rentrée (partie 2) : branle-bas de combat, tout le monde sur le pont !

Un billet tôt aujourd'hui, parce que Monsieur est en concert ce soir et ça m'étonnerait que je sois d'attaque pour écrire en rentrant, surtout vu mon état de fatigue actuel.

La rentrée, partie 2, donc. Je repasse à des effectifs "habituels" en latin après les TD ; des effectifs quand même très réduits, bien qu'il soit encore tout à fait possible que de nouveaux étudiants pointent le bout de leur nez d'ici à la semaine prochaine... ou celle d'après... ou celle encore d'après. Dans ce genre de cas, tout est possible. En attendant, je fais des cours quasi particuliers, c'est royal.

Premier cours de grammaire, aussi, avec les CPGE ; il est mutualisé avec les étudiants "normaux" de Fac n°2, mais, jusque là, je n'en ai vu qu'un - apparemment d'un bon niveau. Ceci dit, vu la liste que j'ai eue, une bonne partie des khâgneux aussi sèche superbement. Le problème, en vérité, c'est que deux khâgneuses sont venues me voir pour me dire qu'elles n'avaient rien compris à mes "remises en jambe" grammaticales, fautes de bases suffisantes acquises l'année dernière.

Evidemment, elles attendaient que je leur donne mon absolution pour sécher mon cours, sauf que je ne peux pas, car il est obligatoire pour les khâgneux, quel que soit le concours qu'ils préparent. L'idée est en effet que, ayant des épreuves communes en spécialité entre Ulm et Lyon, il serait franchement dommage que, ayant cartonné là, ils ne puissent tenter leur chance aussi à Paris parce qu'ils n'ont pas fait de latin.

Dans le même temps, je comprends aussi l'argument "Mais, madame, à quoi ça sert de suivre un cours de trois heures par semaine si c'est pour avoir 1 au final au concours ?". J'imagine fort que ces deux khâgneuses ne sont pas seules dans cette situation et, étant donné qu'il m'en manque encore pas mal, je n'ai pas envie de faire cours avec plus de la moitié de la salle qui ne suit pas et regarde les mouches voler en attendant que ça passe.

Je suis donc en train de cogiter à fond les manettes pour revoir mon cours, afin d'aider ceux qui en ont besoin, sans barber ceux qui, eux, ont un bon niveau. Je pense à diviser ma classe en deux groupes et à travailler avec les uns pendant que les autres bûchent sur un exercice. Ce sera non académique, mais intéressant. Espérons surtout que ce sera efficace.

lundi 23 septembre 2013

La rentrée (partie 1) : l'ATER et les doctorants, ces pions

Je savais que la journée allait être assez rock n'roll, mais je n'imaginais pas qu'elle le serait autant.

Nous en étions donc restés à mon problème d'emploi du temps : j'avais deux cours qui se chevauchaient, dont un qu'il était absolument impossible de décaler, et le résultat était que celui de latin niveau 1 était censé durer... une demi-heure. Petit problème.

La collègue chargée de démêler ça envisageait tout d'abord de me décharger du cours d'initiation, pour le donner à quelqu'un d'autre au dernier moment. J'avais fait remarquer que j'avais déjà bien commencé à le préparer et qu'il était de surcroît un peu acrobatique de demander à quelqu'un de le reprendre comme ça au débotté. Elle avait acquiescé et deux déplacements s'offraient alors à nous : soit le remonter soit le repousser d'une heure. L'idée était de demander aux étudiants lequel des deux ils préfèreraient.

Mais dimanche, changement de cap : il était mieux de demander aux étudiants s'ils préféraient qu'on bouge le cours tout court ou s'ils voulaient qu'il reste là où il était ; dans ce cas je serais déchargée et mon collègue le reprendrait. "Ce n'est pas grave, vous en ferez d'autres, des cours pour grands débutants, dans votre carrière..." Certes, mais ça fait quand même deux semaines que je bûche sur celui-là, donc j'étais un peu fumasse.

Aujourd'hui, il arriva ce qui devait arriver : quand on demande à des étudiants s'ils préfèrent finir à 16h ou à 17h30, ils choisissent évidemment 16h (encore qu'il y en a eu quelques-uns qui étaient volontaires pour le second créneau). J'avoue que j'étais un peu surprise qu'on leur demande leur avis : après tout, ils peuvent attendre une heure et demie en travaillant en BU, 17h30 est franchement une heure décente pour finir (quand je pense que mon cours de l'année dernière était de 18 à 20...!) et il est moins pénible de déplacer un cours que de remanier les services de deux personnes la semaine de la rentrée.

Mais bon, autre fac, autres moeurs et ne pas agir autoritairement a aussi des arguments en sa faveur, surtout quand on craint de voir disparaître des latinistes potentiels. Ceci dit, j'ai franchement l'impression d'être un pion déplaçable à merci, dont on se fiche bien de savoir s'il a déjà perdu un nombre d'heures substantielles à préparer quelque chose qu'il va devoir mettre à la poubelle (ou se mettre à préparer frénétiquement quelque chose, dans l'urgence). En vérité, la décision a manifestement été prise dimanche et je soupçonne la consultation des étudiants, au résultat plus que prévisible, d'avoir été décidée pour me forcer gentiment la main.

Le pire est sans doute que j'ai quand même fait cours, peut-être dans une tentative de compenser face à ma préparation déjà au net. Vu le temps qu'on a mis à faire ce tour de table au résultat connu d'avance, ma collègue ayant insisté pour que je fasse quand même ce que j'avais prévu, je me suis retrouvée à faire vingt minutes d'"introduction au latin", en sabrant tout ce qui était présentation du fonctionnement du cours, pour reprendre ensuite à 16h avec moins de la moitié du groupe présent. On les comprend : à quoi ça sert d'assister à un cours fait par quelqu'un qui, de toute façon, ne l'assurera plus ensuite, sachant que la personne qui viendra après reprendra tout de zéro et appliquera un nouveau fonctionnement. A leur place, moi aussi j'aurais séché.

La bonne nouvelle du jour, c'est que j'ai quand même pu faire un cours correct aux khâgneux et, là, vraiment présenter ce que j'allais faire et comment on allait procéder. Ils ont l'air assez sympathiques et plutôt bien disposés, c'est déjà ça, mais il faut aussi que ça tienne la distance, d'autant qu'ils sont partis pour m'avoir également en grammaire ET en colles (vu qu'il faut compenser le cours que je perds ce semestre) !

dimanche 22 septembre 2013

I'm back

Désolée de cette interruption des TTC (je vous avais prévenus, il est peu probable que j'arrive à tenir le rythme d'un billet par jour), mais j'ai passé la semaine à lutter contre une fatigue chronique, provoquant à répétition des migraines assez pénibles. J'ai l'impression d'avoir passé mon mercredi au lit, alors qu'en plus Monsieur et moi hébergions une amie chanteuse venue passer une audition. Pas évident, donc.

En une semaine, j'ai quand même :

- fini mon chapitre 2 \o/ : évidemment, j'ai encore quelques fignolages bibliographiques à faire (comprendre : des articles dont j'ai trouvé les références, lorsque j'étais dans le Midi et que, évidemment, toutes les bibliothèques étaient fermées, mais qui n'étaient pas suffisamment vitaux pour m'obliger à suspendre la rédaction - enfin, du moins, c'est ce que j'espérais et espère encore), mais le plus gros est écrit et relu. Cela m'a permis de me rappeler que, certes, je ne fais pas beaucoup de fautes d'orthographe au vol, mais j'ai une sale tendance à oublier des mots.

- soumis ma proposition de communication pour la FIEC \o/ : on verra ce que ça donnera ; un copain m'a un peu cassé le reste d'espérance que j'avais en me demandant : "Tu penses qu'on a vraiment des chances, pour des trucs comme ça ? Ils ne vont prendre que des pontes..." /o\ Au moins, mon titre "Formules introductrices et constitution progressive du récit d'un événement : l'inceste Agrippine-Néron et l'incendie de 64 chez Tacite et Suétone" en jette, tout en maniant la carotte et le bâton : le début annonce vingt minutes de chiantitude absolue, la fin promet du lourd et du croustillant dans le même temps.

- répondu à un doctorant allocataire moniteur en commençant par "cher collègue", en me rappelant combien j'avais apprécié qu'on m'appelle comme ça au début, même si je ne me voyais pas, à l'époque, faire la même chose avec des gens enseignant en université depuis des années ; souri en voyant que son propre mail de réponse commençait effectivement par "chère madame" ; repris mon sérieux en me disant qu'il était sans doute plus âgé que moi, parce qu'ayant vraisemblablement été prof dans le secondaire avant de faire une thèse, et qu'il était idiot de s'imaginer un jeune de vingt-cinq ans se demandant comment il allait bien pouvoir paraître crédible aux yeux d'étudiants à peine moins âgés que lui (en fait, c'est simple : il suffit de passer de l'Autre Côté du Bureau ; vous êtes instantanément classé "vieux" et ce changement de catégorie simplifie pas mal les choses).

- tenté de finir mon exemple de commentaire composé pour mon cours de CPGE /o\ : et compris que cet exercice scolaire était en fait extrêmement barbant et que je préférais DE LOIN enseigner la littérature latine différemment ; mais, étant donné que je prépare à une épreuve de concours qui consiste précisément en cela, ben... je n'ai pas le choix.

- essayé de comprendre, aussi, ce qui s'est passé l'année dernière autour de ce cursus o_O : depuis le début, j'entends des versions différentes, ce qui n'est pas plus mal parce que, au final, je finis relativement neutre et sans préjugés ; je pense maintenant saisir un peu mieux les problèmes qui se sont posés et la conclusion que j'en tire est "Bon, on verra bien."

- essayé, aussi, de ne pas voir mon service changer du tout au tout quarante-huit heures avant le début des cours : vous vous souvenez de l'année dernière ? Eh bien, cette année, c'est pareil ou presque : changements dans mon service du S2, problèmes de coordination entre les différentes personnes qui s'occupaient de cela, découverte d'un chevauchement de cours pour ma première journée. La différence, c'est que c'est ressorti hier au lieu du jour de la rentrée - amélioration.

Le billet de demain s'annonce donc chargé en suspens et rebondissements.

lundi 16 septembre 2013

L'éternel recommencement

Eh oui, le week-end a eu raison de mes Tic Toc Choc quotidiens et presque de mon énergie thésarde. J'ai en effet réussi à travailler samedi matin et j'avais l'intention de mettre à profit mon dimanche soir, quand une vilaine migraine, due à de la fatigue accumulée, a décidé de me pourrir la journée. J'ai eu beau essayer de lutter et prendre un gramme de paracétamol, ma tête s'est liguée ensuite avec mon estomac et j'ai fini par rêver de mon lit, à cent vingt kilomètres de là. Lorsqu'on est rentrés chez nous, j'ai filé sous la couette, pour une bonne nuit de dix heures (le seul remède à ce genre de situation dans mon cas).

Ce matin, du coup, je pétais la forme et j'ai décidé de passer la journée à avancer mon cours pour CPGE, avec un interlude piano et un interlude hypoglycémie, étant donné que Monsieur mon Chéri est rentré samedi matin et qu'il est en répétition tous les jours depuis (8h : "T'inquiète ! On finit à 13h, je serai à la maison pour déjeuner !" ; 14h : "Allô ? Euh... je sors tout juste, j'arrive dans une demi-heure !" Résultat, on a déjeuné à 15h et j'ai eu un gros passage à vide).

Le premier cours était facile, en mode présentation de l'épreuve, remontage de manches et coaching sur le thème "Jeunes gens ! Vous pouvez intégrer depuis une petite khâgne ! La preuve, je l'ai fait ! Donc bossez votre latin !"

Pour le second et le troisième, je vais leur faire revoir la méthodologie de la version et du commentaire composé et, pour ce faire, les faire bûcher sur le sujet tombé en 2012. Je me suis du coup retrouvée à faire moi-même la version, avec des vieux souvenirs de samedi matin et de mercredi après-midi, passés courbée sur une table pendant que d'autres s'amusaient gaiement dehors. Et puis j'ai lu le rapport du jury pour voir ce qu'ils mettaient en avant et qui correspondait à peu près à ce que j'avais noté.

Les rapports de jury, c'est le truc qu'il ne faudrait sans doute jamais lire quand on prépare un concours. D'abord parce que c'est déprimant au possible, ensuite parce que c'est un exercice de style bien particulier, plein de déploration et de désapprobation, dont on n'est, à ce moment-là, pas capable de percevoir la bienveillance quand il y en a (car il y en a, du moins dans ceux de la nouvelle épreuve de latin que j'ai lus).

En général, ça donne ça : "Le jury déplore le niveau souvent lamentable des candidats se présentant à l'épreuve de latin. Franchement, quand on prépare le concours d'entrée à une ENS, on devrait être capable de reconnaître un demi double datif, particulièrement évident étant donné le contexte grammatical et le sens général de la phrase où il se trouvait."

J'ai souvenir d'un midi, l'année où je préparais l'agrèg', où un camarade brillant s'était déchaîné sur ce genre de commentaires, en imaginant un rapport après un pétage de plombs : "Le jury déplore que certains candidats aient été incapables de contenir leurs nerfs et se soient permis de lancer leur chaise à la figure de l'examinateur de grammaire, puis de claquer la porte en faisant la poule tout le long de la galerie Gerson."

Quelque chose me dit que je ne vais sans doute pas leur conseiller d'aller lire les rapports des autres années...


Au passage : je suis aussi tombée par hasard sur le blog d'une ancienne khâgneuse, dont les posts sur le latin m'ont fait hurler de rire (ici, ici et ici). Ça va finir par me donner des idées !

vendredi 13 septembre 2013

Tic Toc Choc 13

On dirait que les vendredi ne me sont pas particulièrement propices, qu'ils soient le 13 du mois ou non. Ou alors c'est que, la fin de la semaine arrivant, je tente de la faire coïncider avec une articulation majeure de mon plan de thèse et me fixe donc un programme délirant qui me scie les pattes avant même d'avoir commencé. Ajoutez à cela que je regagne mes pénates ce week-end pour cause d'anniversaire de mes deux frères et que je ne vais donc vraisemblablement rien faire pendant deux jours (ou alors pas grand chose) et vous obtiendrez un cocktail détonnant.

Dans mes rêves les plus fous, donc, je finissais aujourd'hui mon chapitre 2, c'est-à-dire que je finissais de rédiger mes analyses de termes et y raccrochais la partie sur les citations nominales d'auteurs (oui, dans mon corpus, j'ai des exemples - peu, mais quelques-uns - où mes auteurs sont cités nommément et pas uniquement avec des dicitur), que j'ai rédigée cet été, avant de décider qu'elle serait mieux en fin de chapitre, et que j'ai donc mise de côté en attendant d'avoir écrit ce fameux chapitre.

Le résultat des courses, c'est que je n'ai pas fait grand chose ce matin, que je suis allée signer mon contrat dans ma nouvelle fac cet après-midi, que j'ai travaillé 1h30 en rentrant, que je suis ensuite allée courir en profitant d'un répit dans la bruine et que, après une douche et la disparition des endorphines, j'ai mis un certain temps avant d'être de nouveau d'attaque. Mais bon, ça m'a fait du bien de m'aérer la tête, j'ai fini mes analyses de verbes et, de toute façon, mes citations nominales ont besoin d'un chouïa de préparation en plus avant d'être raccrochées à mon chapitre, étant donné que je peux difficilement en parler sans examiner aussi les passages où ces auteurs sont utilisés mais sans être cités nommément.

Chouette. Encore des relevés à venir.

Mais ce sera pour demain matin. Là, mes jambes et mes neurones réclament un bouquin, une couette bien chaude et un lit.

jeudi 12 septembre 2013

Tourner la page (Tic Toc Choc 12)

Aujourd'hui, dernière surveillance dans mon ancienne fac. Quatre heures. Acheter un complément de trajet. Prendre le RER. Arpenter le campus. Rencontrer mes anciennes collègues elles aussi de surveillance. Les entendre parler de l'année qui va bientôt commencer. Raconter mes propres histoires. Répartir des étudiants dans un amphi, distribuer copies et sujets. Se rendre compte qu'il manque une page à l'un d'eux. Discuter à voix basse de tout et de rien sans quitter des yeux les étudiants qui bûchent. En renseigner un. Donner l'heure à un autre.

Et puis commencer à fatiguer, parce que c'est crevant, quatre heures debout non stop à faire le planton. Récupérer les premières copies. Râler parce que ceux qui ont rendu copie blanche n'ont pas indiqué s'ils passaient l'épreuve de présentiel ou de cours à distance. Attendre. Voir les rangs devenir clairsemés. Se dire avec un copain que, c'est sûr, il y en aura toujours un pour rester jusqu'au bout. Expliquer aux gens qui ne comprennent pas qu'ils doivent émarger une deuxième fois, comme ça, si leur copie disparaît, on est sûr qu'ils ne l'ont pas emportée chez eux par erreur et que c'est nous qui l'avons égarée. Me dire, en regardant mes anciennes collègues "Waow ! elles connaissent par coeur le nom de presque tous ces étudiants ! Moi je connais seulement quelques visages et encore, pour ceux que j'ai eus au premier semestre ! Quant à leur nom, si je n'avais pas vu leur carte d'étudiant, j'aurais bien galéré." Me dire que le premier semestre me paraît une éternité, en y repensant.

Glisser les copies dans les enveloppes appropriées. Garder quelques sujets non utilisés pour m'en servir comme brouillons plutôt que de les jeter. Quitter l'amphi avec tout le monde. Saluer ceux qui retournent au département mettre leur lot dans les casiers de ceux qui doivent corriger. Racheter un complément de trajet. Attendre un bon quart d'heure que le RER arrive. Se dire que cette heure a quand même l'avantage de ne pas être trop bondée. Parler thèse et emploi du temps avec un collègue et le pote ATER qui reste dans cette fac. Les saluer au moment de descendre. Prendre le métro. Rentrer chez soi.

Demain je signe mon contrat dans ma nouvelle fac.

Une page se tourne, quoi.

mercredi 11 septembre 2013

Illumination (Tic Toc Choc 11)

Quand je commence à me dire "Ah oui, c'est quand, déjà, la date limite ?", c'est en général qu'il y a péril en la demeure. Je ne suis pas quelqu'un de très tête en l'air, mais il m'arrive comme tout le monde d'avoir des "absences", de préférence pour ce qui est le plus gênant d'oublier. En psychanalyse, on appelle ça des "actes manqués".

Ce matin, donc, j'étais en plein rituel hygiéno-vestimentaire matinal quand je me suis dit : "Il me reste combien de temps, déjà, pour la FIEC ?" J'en suis restée immobile, tandis que je calculais que, avec les cours qui commencent la dernière semaine de septembre dans ma nouvelle fac et qui feront que j'aurai autre chose à penser à ce moment-là, plus mon chapitre 2 qui arrive à sa fin et qu'il me faudra donc relire pour en envoyer une première version un peu décente à Chef, j'avais tout intérêt à ne point trop traîner. Déjà que je ne suis pas sûre d'être sélectionnée si j'envoie quelque chose, alors, si je n'envoie rien, la question est réglée.

J'ai donc passé la matinée d'abord à exprimer clairement ce que je propose de faire, en tentant de paraître crédible et de montrer que ce que j'étudie non seulement est original, mais entre dans le cadre de la session où je postule ; ensuite à ratiboiser tout ça le plus possible, pour entrer, cette fois, dans la limite de deux cents mots imposée par l'appel à communications.

Deux cents mots, ce n'est rien. C'est à peine une dizaine de lignes. On touche là aux nécessités et, en quelque sorte, à l'absurde des propositions de communication. Je ne sais pas combien le comité organisateur de la FIEC en recevra ; au moins une centaine, plusieurs peut-être. Dans ces conditions, on comprend très bien pourquoi on impose une limite drastique : s'il faut lire deux cents "résumés" de cinq pages, surtout pour des interventions qui devront durer vingt minutes, pas plus...

En même temps, de l'autre côté, expliquer en deux cents mots combien son sujet est intéressant et original et combien on est soi-même intelligent et compétent, ce n'est pas évident, d'autant qu'il y a des fois où on le fait alors qu'on n'a pas la moindre idée de ce que va donner ce qu'on propose. Personnellement, à chaque reformulation ou suppression sans pitié de subordonnées passant progressivement du statut de précision utile à développement trop long, je crains toujours que ce que je viens d'enlever ne me fasse passer pour une idiote ou ne donne une impression défavorable de mon sujet, alors que, si je l'avais laissé, les conclusions tirées par le comité scientifique en me lisant auraient été totalement différentes. Mais il faut dire que j'envisage la sélection un peu comme une correction de concours : un jugement rapide, pas le temps de faire une analyse de texte pour lire entre les lignes et se dire que, ah si, finalement, le résumé est nul, mais ça pourrait donner quelque chose de bien, et next.

J'ai donc rédigé un premier jet, que je vais laisser reposer jusqu'à la semaine prochaine, histoire de voir si ce n'est pas mon moi de dans quelques jours qui ne va pas traiter mon moi d'aujourd'hui d'idiote refaisant ce qui a déjà été fait cent fois.

Ensuite, j'ai traîné ma misère rédactionnelle tout l'après-midi, c'est-à-dire que là, pour le coup, c'était mon moi d'aujourd'hui qui n'était pas d'accord avec mon moi de la semaine dernière. Mes notes sur les verbes de pensée étaient vraiment nazes et, surtout, ne correspondaient pas aux exemples que j'avais sous les yeux. Je suis donc restée bloquée un bon moment sur cette sous-partie maudite quand, soudain, j'ai eu une illumination et trouvé un facteur commun entre tous ces exemples. C'était sous mon nez tout du long et il m'a fallu deux jours dessus à me demander où j'avais bien pu avoir la tête avant pour finir par le voir. Résultat : sous-partie réécrite entièrement et temps pour la préparation de mes cours par conséquent drastiquement réduit, mais sous-partie finie. Plus qu'une et c'est presque tout mon chapitre 2 que je boucle !

mardi 10 septembre 2013

Tic Toc Choc 10

Ce matin, j'avais une réunion dans ma nouvelle fac, ce qui veut dire que j'y ai thésardement perdu ma matinée, mais que j'ai pu m'excuser auprès de tous les gens dont j'ai pourri l'été et les remercier de m'avoir aidée.

Ensuite, j'ai déjeuné avec une amie, ce qui était fort agréable.

Et, une fois rentrée chez moi,  ben... je n'arrivais plus à comprendre ce que j'avais écrit quand je préparais la rédaction de mon chapitre 2. Comprenez-moi et ne faites pas de mauvais esprit : NON, je n'avais pas trop bu (j'ai même un témoin !), mais il s'est avéré que, prendre des notes rapides sans noter les exemples auxquels on pense en se disant "Ça, c'est évident, pas besoin de préciser", eh bien c'est une très mauvaise idée.

Techniquement, ça donne ça : "Alors... "Opinari et opinio paraissent utilisés pour les opinions légères et sans fondement, ce qui est confirmé par Ernout-Meillet." Voyons, voyons... Combien j'ai d'occurrences ? trois. Mouais. Relisons... Euh... ouiiiii ??? Comprends pas, je dirais que c'est plutôt le contraire. Et puis d'abord, comment j'ai pu tirer des conclusions avec UN exemple chez Tacite et DEUX chez Suétone ? Soit j'avais fumé la moquette à ce moment-là, soit j'ai fait un lapsus de malade, en écrivant opinari et opinio à la place de... mmmh... ça pourrait coller avec arbitrari. Récupérons Ernout-Meillet... Ah bah non, ça ne colle pas avec la rubrique arbitrari. Par contre, c'est tout à fait opinari. Meeeeerdeee... Il ne me reste plus qu'à supprimer tout ça de mes notes. Bon, next : putare..."

C'est donc officiel : j'ai eu une absence, à un moment, pendant la préparation de mon chapitre. Cool. Me demande sur quoi je vais tomber demain.

lundi 9 septembre 2013

Tic Toc Choc 9 : Banque d'Epreuves Littéraires et CPGE partenariale (ou comment c'est mon tour de préparer des latinistes à Ulm et Lyon)

Lundi, deuxième semaine de l'année. Après un week-end rédaction, c'est reparti pour la prise en compte du reste.

Après la préparation de mes cours de latin, celle de mon cours de version-commentaire spécial CPGE. Eh oui ! cette année, je vais aussi avoir des khâgneux en face de moi ! Ma nouvelle fac a en effet mis en place avec un lycée juste à côté une CPGE partenariale : l'hypokhâgne se fait entièrement au lycée et, la deuxième année, les khâgneux viennent passer deux jours par semaine à la fac, pour suivre certains cours qui les prépareront au concours des ENS.

L'idée est d'instaurer des échanges entre classes prépas et universités, mais aussi et surtout de permettre d'avoir accès à ce type de formation à des jeunes qui en ont les capacités, mais qui, pour différentes raisons, n'y pensent pas. Une bonne idée, donc, et juste, parce qu'il faut que ces jeunes se disent que, oui, ils peuvent le faire, parce qu'ils sont aussi bons que les autres. Le seul bémol, c'est que cela ne fait pas avancer la question de la formation post-bac en général, en continuant de considérer que la classe préparatoire est nécessairement le nec plus ultra des cursus. Mais je suis sans doute mal placée pour parler de ça et je ne voudrais pas qu'on m'accuse de cracher dans la soupe ou de faire de l'élitisme.

Le cours que je vais assurer sera celui préparant à l'épreuve commune de latin, qui est assez différente de celle qui existait quand j'ai moi-même passé le concours. Sur le modèle des concours scientifiques a en effet été créée une Banque d'Epreuves Littéraires regroupant les trois ENS avec des filières littéraires (Ulm, Lyon, Cachan) ; y ont été associés l'Ecole des Chartes, l'ENSAE, l'ENSAI et l'ISMaPP ; en fonction des résultats, on peut aussi passer les oraux d'admission pour un certain nombre d'IEP.

Avec la création de la BEL, l'épreuve commune de latin a été réformée : la version latine en quatre heures existe toujours, mais est aussi proposée en alternative une version-commentaire d'un texte latin, sur un thème de culture antique fixé pour deux ans (cette année, c'est "Expériences et représentations de l'espace" et ce n'est pas moi qui m'en charge). Le texte (assez long) est intégralement traduit dans le sujet, sauf une dizaine de lignes (pas plus), pour lesquelles c'est au candidat de le faire, avant de commenter le tout en s'appuyant sur les cours de culture antique qu'il a suivis. Pour cela, il a cinq heures.

Le tout est maintenant de m'efforcer d'arriver aux chevilles des deux profs de latin que j'ai eus pendant mes trois années de prépa.

dimanche 8 septembre 2013

Tic Toc Choc 8

Rien de bien passionnant aujourd'hui (vous me direz : hier non plus). Encore cinq pages écrites, plus que trois sous-parties à rédiger avant de commencer à voir la fin de mon chapitre 2.

Par contre, pas facile de rédiger sans mettre le nez dehors alors qu'il fait grand soleil.

Nihil noui sub sole, quoi.

samedi 7 septembre 2013

De l'utilité des courbatures (Tic Toc Choc 7)

Comme hier je n'ai rien fait et qu'il me reste encore deux bonnes semaines avant le début des cours dans ma nouvelle fac, je me suis levée ce matin en me disant que, ce week-end, ce serait rédaction.

Avis à tous ceux qui traitent les universitaires de grosses feignasses : en ce qui me concerne, la différence entre les week-ends et le reste de la semaine, c'est que je ne mets pas de réveil. Je travaille donc plus tard, parce que je me lève plus tard (logique). Pourquoi je mets un réveil en semaine alors qu'en ce moment, je n'ai ni cours, ni réunion ? tout simplement parce que je ne suis pas du matin, MAIS que je suis aussi plus productive à ce moment-là (pas logique). Ceci dit, aujourd'hui, j'ai été aussi tirée du lit par le fait que ma voisine devait passer dans la matinée pour me faire signer un constat à l'amiable (une sombre histoire de dégât des eaux qui m'a aussi pourri mon lundi) et que je n'avais pas envie d'être surprise en pyjama avec une tête très peu humaine.

Aujourd'hui, donc, chapitre 2. J'ai écrit ma sous-partie sur les expressions liées à l'écriture, soit cinq pages. Pour les possibles bloqués de la rédaction : ne vous déclenchez pas des crampes à l'estomac ; je suis en lettres, donc je cite et je commente et pas uniquement en note de bas de page, ce qui veut dire que, à chaque fois que je sors un extrait de mon corpus, ça prend de la place ; ajoutez à ça que je traduis systématiquement tout mon latin et que ça me fait souvent une note maousse et vous relativiserez très justement ce "bond en avant".

Il faut dire que j'avais aussi une bonne raison de rester tranquille à travailler devant mon bureau, au lieu de possiblement crapahuter dans tout Paris pour profiter de ce bel après-midi : hier, je suis allée cracher mes poumons et affoler mon coeur courir aux Buttes-Chaumont (si vous y étiez hier : oui, l'escargot rouge et essoufflé, c'était moi). Ciao les crispations aux trapèzes, bonjour les courbatures un peu partout malgré de soigneux étirements !

Mens sana in corpore sano : Juvénal n'a jamais rédigé de thèse.

vendredi 6 septembre 2013

ENCORE ma JAPD ???!!! (Tic Toc Choc 6)

Aujourd'hui, relâche thésarde. D'abord parce que, après plus d'un mois de tension (que j'ai fini par somatiser avec des crispations assez pénibles dans les trapèzes, aussi dues à une nouvelle chaise un peu trop basse par rapport à mon bureau ; comme j'ai acheté un coussin précisément hier, je ne saurai jamais laquelle des deux était la cause principale), j'ai eu un petit coup de mou et je me suis dit que je pouvais bien m'accorder un jour.

Ensuite parce que j'ai aussi passé un temps non négligeable à remplir mon dossier pour ma nouvelle fac et partir à la chasse aux pièces justificatives. Au début, je me disais : "Pom popom, ils ont déjà tout plein de pièces avec mon dossier de candidature, ça va me faire gagner du temps !" Evidemment, erreur. Et, parmi les multiples papiers à fournir... mon attestation de JAPD.

Depuis onze ans, j'ai passé mon bac, deux concours (dont l'un deux fois - quand on aime, on ne compte pas), été inscrite cinq ans en fac, eu deux diplômes. A chaque fois, on m'a demandé mon attestation de JAPD, parce que, pour obliger les jeunes à y aller, on en a fait un document indispensable pour constituer n'importer quel dossier de l'administration nationale.

Je garde un souvenir impérissable de ma JAPD : prendre un bus spécial jusqu'à la caserne et me rendre compte qu'en fait, mes cars de campagnes, c'est du grand luxe ; retomber sur des gens de mon patelin que j'ai côtoyés jusqu'au collège et que je ne rêvais pas particulièrement de retrouver ; découvrir une bonne dizaine de drogues dont je n'avais jamais entendu parler et me faire expliquer par un sergent-chef les effets d'un popper ; emmerder son supérieur, planquée dans la masse, en lui posant des questions sur 1870, 1940, 1993, 1994, après un "documentaire" sur la-gloire-de-l'armée-française-victorieuse-à-chaque-fois-comme-Zorro.

Mais enfin, au bout de ONZE ANS, quand même, les meilleures plaisanteries sont les plus courtes.


(ceci est le signe de l'armée française, selon le DVD qu'on m'a passé il y a onze ans)

jeudi 5 septembre 2013

Tic Toc Choc 5

Après m'être rongé les sangs toute la matinée, j'ai fini par mettre le nez dehors pour aller faire des courses : deux jours à manger des lentilles, je vous garantis que ça aggrave la déprime de n'importe qui. Je n'avais pas fait cinq mètres que mon téléphone bipait. Depuis lundi, je flippe dès qu'il se met à vibrer ; là, je l'ai pris sans réfléchir et je suis restée scotchée sur place : LE RECTORAT A ACCEPTÉ MON DÉTACHEMENT. Pour un peu, j'en aurais pleuré de joie en plein milieu de la rue.

J'ai donc à nouveau passé mon après-midi à envoyer des mails : à la doyenne, à Chef, à mes collègues, à ma famille, à mes potes aussi. J'ai fait une liste ; quand je me suis arrêtée, j'étais en hypoglycémie, mais énormément, incroyablement soulagée. Ceci dit, je pense aussi au collègue dans la même situation que moi, ainsi qu'à la personne qui a laissé un commentaire sous le Tic Toc Choc 2 : si vous lisez ce message et que vous êtes intéressé(e), pourriez-vous me contacter via l'adresse mail en haut à droite ? A plusieurs, il sera peut-être plus facile de se faire entendre...?

Après les mails, je pensais me lancer dans la suite de la rédaction de mon chapitre 2, mais c'était sans compter sur la partie que j'ai déjà rédigée, pendant mes vadrouilles estivales. Faire une thèse en lettres permet de bouger relativement tout en continuant à travailler (alors qu'un physicien peut difficilement dématérialiser son labo pour l'emporter avec lui). Le problème, c'est que, quand votre corpus comprend onze bouquins bien lourds et que, dans l'idéal, il faudrait que vous emportiez aussi un dictionnaire qui pèse également son pesant de cacahouètes, ça devient plus compliqué. 

Heureusement, il y a Diogenes. Diogenes est un logiciel en téléchargement libre qui permet de consulter les deux bases de données de textes latins et grecs, Phi Duke et le TLG. Le hic, c'est que Phi Duke et le TLG, eux, ne sont pas gratuits, ce qui vous permet d'imaginer une ruelle sombre, la nuit, de la pluie qui crachouille et deux individus vêtus d'amples imperméables et de chapeaux leur tombant sur les yeux, se passant, de la main à la main, un truc indéfinissable vite enfoncé dans une poche et partant l'un et l'autre dans des directions opposées.

Bref, j'ai Diogenes sur mon ordi, mais les textes auxquels il me donne accès, outre que leurs références sont parfois fantaisistes, sont aussi de vieilles éditions. Deux raisons pour tout vérifier méticuleusement une fois qu'on a des Budés sous la main. Par ailleurs, je lis couramment le latin, mais en donner une traduction est un chouïa plus compliqué que juste parfaitement comprendre ce que j'ai sous les yeux, d'où une flopée de passages mis en rouge. Résultat : j'ai passé le reste de mon après-midi à vérifier textes, références et traductions.

Mais bon : aujourd'hui, je m'en fous.

mercredi 4 septembre 2013

Tic Toc Choc 4

Aujourd'hui, toujours pas de nouvelles du rectorat. Par contre, j'ai appris que je n'étais pas seule dans ma nouvelle fac à être dans cette situation. Cela ne me rassure pas, mais cela montre que la situation en lettres classiques est vraiment dramatique pour que plusieurs rectorats préfèrent bloquer quelques profs plutôt que de leur permettre d'approfondir encore leur formation (rappelons que, vu l'état de l'université en France, quand on est agrégé ou capésien et qu'on fait une thèse, c'est rarement un billet pour l'enseignement supérieur, donc le rectorat est quasiment sûr de revoir ensuite ses profs). 

On m'a dit que seuls 30% des postes avaient été pourvus au Capès de Lettres Classiques cette année, tant le niveau était bas. Et ça ne risque pas de changer étant donné la nouvelle "version" qui va finir de l'achever. Comme c'est parti, on "formera" bientôt par le Capès des profs de latin-grec qui ne connaîtront ni le latin, ni le grec et ceux qui connaîtront un minimum ces deux langues prépareront l'agrégation. Les rectorats bloqueront de plus en plus systématiquement les demandes de mise en disponibilité / détachement et les gens qui voudront faire une thèse, qu'ils souhaitent tenter ensuite la recherche ou non, ne passeront plus l'agrégation.

Mais j'ai surtout commencé ma journée avec un mail m'annonçant que ma communication au colloque de Poitiers (vous savez ? mon premier colloque) allait être publiée en janvier. Ça booste : j'ai arrêté de stresser en regardant mon téléphone,  préparé ma proposition pour la FIEC et fini aussi les analyses pour la deuxième partie de mon chapitre 2. Dans les deux cas, il ne me reste plus qu'à rédiger. Les affaires ne reprennent pas, mais je peux désormais me concentrer un minimum sur mon travail, c'est déjà ça.

mardi 3 septembre 2013

Tic Toc Choc 3

Pas de visite au rectorat aujourd'hui et aucune nouvelle de mon recours. J'ai par contre passé la matinée à redouter un coup de fil de mon collège d'affectation ou de l'inspection académique et j'ai sursauté à chaque fois que mon téléphone m'indiquait l'arrivée d'un nouveau mail. Pas facile non plus d'être en contact avec radios et journaux qui ne parlent que de la rentrée des classes ou encore d'entendre les gosses de l'école d'à côté faire la leur. Je me sens à la fois paranoïaque et coupable, ce qui est tout aussi étrange que déplaisant.

Mais à part ça, étant donné que je n'ai pas eu à courir par monts et par vaux, journée plus productive. J'ai fini l'analyse des verbes de parole et compilé les exemples des verbes de pensée. J'ai aussi continué la préparation de mes cours de langue latine et commencé à réfléchir à la proposition de communication que je dois envoyer avant la fin du mois pour la FIEC.

La FIEC est la Fédération Internationale des Etudes Classiques. Fin août l'an prochain aura lieu son 14ème congrès, un rassemblement manifestement énorme vu le nombre de sessions thématiques prévues. Or l'une d'elles porte précisément sur mon thème de thèse et ses orateurs invités, qui ouvriront et cloront les débats, sont aussi deux pointures dans mon domaine. Inutile de vous dire qu'il faut donc absolument que j'y aille et, surtout, que j'y présente une communication, ne serait-ce que parce que pour une fois qu'il y a quelque chose d'ouvert précisément en historiographie ! Ajoutez à ça que c'est organisé par l'université de mon Menhir Bibliographique et vous comprendrez pourquoi à la fois je n'ai pas le choix et le seul fait d'y penser fait grimper au plafond mon niveau de stress.

J'ai donc eu une attaque en tombant sur l'appel à communications et ça fait des mois que j'y pense. Fin août, cela veut dire que j'aurai presque fini ma thèse (si tout va bien), donc j'aurai aussi à disposition des données et des analyses qui ne sont actuellement que dans mes cartons, ni ordonnées, ni mises au net. 

Je pensais au départ proposer quelque chose sur l'ensemble de la narration de la vie d'Othon. J'ai fait des relevés, commencé des analyses. Et puis, un matin, j'ai eu une autre idée. En fait la même, mais restreinte à deux épisodes de la vie de Néron. Le problème, c'est que travailler sur Néron vous expose à toute une série de spécialistes bien meilleurs que moi... dont mon Menhir Bibliographique. Autre impératif : il faut que ce que je propose soit clairement nouveau. Or il n'est pas simple de passer après toutes les études sur Néron, même en étant convaincue que ce que je fais n'est pas une redite.

lundi 2 septembre 2013

Tic Toc Choc 2

Aujourd'hui, premier jour de boulot théorique de ma quatrième année. Je l'ai en fait surtout passé à essayer de régler mon problème de détachement.

Ce matin, 10h : habituels coups de fil au rectorat. Habituelle absence de réponse. Au deuxième essai à la DPE, je tombe sur un message enregistré me donnant les horaires d'ouverture (intéressant : je n'ai jamais réussi à les trouver sur le site, même via Google). J'ai pris ça pour un signe et je me suis déplacée. Pour ne pas perdre tout à fait mon temps, j'ai pris avec moi L'Uomo romano, dirigé par Giardina (eh oui, les vieilles habitudes de prépa ont la vie dure).

C'est fou comme les gens auxquels on dit mentalement leurs quatre vérités lorsqu'ils ne prennent pas la peine de décrocher leur téléphone se révèlent en fait gentils une fois qu'ils vous ont devant eux. La première personne de l'accueil qui a tenté en vain de joindre la personne compétente est montée dans le service voir si elle était là, puis elle a demandé à son collègue de lui retéléphoner, ce qui m'a permis d'être finalement mise en contact avec elle. Et ladite personne s'est révélée elle aussi tout à fait gentille.

Il s'avère donc que ma gestionnaire vient de reprendre les dossiers des lettres classiques et est assez débordée, ce qui explique pourquoi l'autre madame ne répondait pas à mes mails. Mon recours a bien été transmis à la rectrice, mais celle-ci n'a pas encore pris de décision. J'ai donc aussi passé à nouveau mon début d'après-midi à envoyer des mails. A Chef, pour le tenir au courant. A la Société des Agrégés, pour demander si le fait que je ne me rende pas dans mon établissement ne risque pas de jouer contre moi. A la DRH de Créteil (qui s'est révélée, elle aussi, tout en gentillesse), sur les conseils de Chef, pour leur demander s'ils ne pourraient pas se manifester auprès du rectorat, histoire de faire pencher la balance en ma faveur.

Du coup, au lieu d'être protagoniste de ma journée, ma thèse est devenue l'occupation me permettant de passer le temps en attendant des réponses. J'ai pu avancer mes recherches sur les verbes liés à la parole : pour le moment, je compile les exemples à partir de mes relevés ; demain j'essaie de voir si je peux en tirer quelque chose et ce ne sera pas évident, étant donné le nombre de verbes et, dès lors, d'exemples à prendre en compte.

J'ai aussi avancé la préparation de mes cours pour cette année. J'ai bien l'intention d'occuper ce poste d'ATER et, même si je peux improviser un cours de grammaire latine, surtout si j'ai un support, je préfère quand même ne pas devoir faire du trapèze volant. Et puis il faut que je fasse un premier "planning prévisionnel" d'avancement (vous savez, celui qui sera vu, revu et rerevu en cours d'année).

Bref, pas une première journée thésardement productive.

dimanche 1 septembre 2013

Tic Toc Choc 1

Nous sommes le 1er septembre et cela fait un moment que je me demande s'il ne serait pas intéressant d'essayer de vraiment "chroniquer" ma fin de thèse. Mon objectif est de finir d'ici à la fin de l'été 2014, pour pouvoir soutenir en décembre.

L'idée est donc de tenter d'écrire un message par jour, pour "documenter" l'avancement et, je l'espère, l'achèvement de ma thèse, entre rédaction, enseignement et dernières recherches. Je ne me fais pas d'illusions : il est fort peu probable que j'écrive à partir d'aujourd'hui 365 messages. Mais je ferai de mon mieux.

Par contre, cela risque d'être assez court et peu palpitant, ne serait-ce que parce que "j'ai avancé mon chapitre 3" ne passionne personne. Le seul palpitant qu'il y aura sera vraisemblablement mes démêlés avec le rectorat. Je n'ai en effet toujours aucune nouvelle, ni positive, ni négative, de mon recours. Vous aurez donc, demain, un récit de ma visite à Créteil, hélas...