Quand je commence à me dire "Ah oui, c'est quand, déjà, la date limite ?", c'est en général qu'il y a péril en la demeure. Je ne suis pas quelqu'un de très tête en l'air, mais il m'arrive comme tout le monde d'avoir des "absences", de préférence pour ce qui est le plus gênant d'oublier. En psychanalyse, on appelle ça des "actes manqués".
Ce matin, donc, j'étais en plein rituel hygiéno-vestimentaire matinal quand je me suis dit : "Il me reste combien de temps, déjà, pour la FIEC ?" J'en suis restée immobile, tandis que je calculais que, avec les cours qui commencent la dernière semaine de septembre dans ma nouvelle fac et qui feront que j'aurai autre chose à penser à ce moment-là, plus mon chapitre 2 qui arrive à sa fin et qu'il me faudra donc relire pour en envoyer une première version un peu décente à Chef, j'avais tout intérêt à ne point trop traîner. Déjà que je ne suis pas sûre d'être sélectionnée si j'envoie quelque chose, alors, si je n'envoie rien, la question est réglée.
J'ai donc passé la matinée d'abord à exprimer clairement ce que je propose de faire, en tentant de paraître crédible et de montrer que ce que j'étudie non seulement est original, mais entre dans le cadre de la session où je postule ; ensuite à ratiboiser tout ça le plus possible, pour entrer, cette fois, dans la limite de deux cents mots imposée par l'appel à communications.
Deux cents mots, ce n'est rien. C'est à peine une dizaine de lignes. On touche là aux nécessités et, en quelque sorte, à l'absurde des propositions de communication. Je ne sais pas combien le comité organisateur de la FIEC en recevra ; au moins une centaine, plusieurs peut-être. Dans ces conditions, on comprend très bien pourquoi on impose une limite drastique : s'il faut lire deux cents "résumés" de cinq pages, surtout pour des interventions qui devront durer vingt minutes, pas plus...
En même temps, de l'autre côté, expliquer en deux cents mots combien son sujet est intéressant et original et combien on est soi-même intelligent et compétent, ce n'est pas évident, d'autant qu'il y a des fois où on le fait alors qu'on n'a pas la moindre idée de ce que va donner ce qu'on propose. Personnellement, à chaque reformulation ou suppression sans pitié de subordonnées passant progressivement du statut de précision utile à développement trop long, je crains toujours que ce que je viens d'enlever ne me fasse passer pour une idiote ou ne donne une impression défavorable de mon sujet, alors que, si je l'avais laissé, les conclusions tirées par le comité scientifique en me lisant auraient été totalement différentes. Mais il faut dire que j'envisage la sélection un peu comme une correction de concours : un jugement rapide, pas le temps de faire une analyse de texte pour lire entre les lignes et se dire que, ah si, finalement, le résumé est nul, mais ça pourrait donner quelque chose de bien, et next.
J'ai donc rédigé un premier jet, que je vais laisser reposer jusqu'à la semaine prochaine, histoire de voir si ce n'est pas mon moi de dans quelques jours qui ne va pas traiter mon moi d'aujourd'hui d'idiote refaisant ce qui a déjà été fait cent fois.
Ensuite, j'ai traîné ma misère rédactionnelle tout l'après-midi, c'est-à-dire que là, pour le coup, c'était mon moi d'aujourd'hui qui n'était pas d'accord avec mon moi de la semaine dernière. Mes notes sur les verbes de pensée étaient vraiment nazes et, surtout, ne correspondaient pas aux exemples que j'avais sous les yeux. Je suis donc restée bloquée un bon moment sur cette sous-partie maudite quand, soudain, j'ai eu une illumination et trouvé un facteur commun entre tous ces exemples. C'était sous mon nez tout du long et il m'a fallu deux jours dessus à me demander où j'avais bien pu avoir la tête avant pour finir par le voir. Résultat : sous-partie réécrite entièrement et temps pour la préparation de mes cours par conséquent drastiquement réduit, mais sous-partie finie. Plus qu'une et c'est presque tout mon chapitre 2 que je boucle !
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