lundi 16 juin 2014

Le Retour de l'Article Tapé à la Machine

J'ai beau être considérée comme vieille par certains de mes étudiants (c'est un des avantages et des inconvénients du fait de passer du Bon Côté du Bureau), je n'ai jamais connu les machines à écrire. 

Quand j'ai eu quatorze ou quinze ans, mes grand-parents maternels m'ont offert mon premier ordinateur portable, un PC pesant trois tonnes, que j'ai chéri et conservé jusqu'à mon année de M1, lorsque j'ai été obligée de mettre une bouteille d'eau pleine derrière l'écran pour qu'il reste ouvert. C'est là où je suis passée au Mac, jusqu'au Caius Plinius Secundus que j'ai maintenant.

J'ai donc toujours eu l'habitude de lire des textes tapés sur ordinateur, y compris dans les ouvrages que j'ai eu à écluser aux divers stades de mes études. Il y a quelques années, je suis tombée sur une thèse reliée entièrement tapée à la machine, avec des trous pour ajouter à la main les mots grecs. C'était fort divertissant, sachant que cet ouvrage est ensuite devenu un grand classique et que j'avais donc très probablement entre les mains sa toute première version, avant une diffusion éditoriale. C'est un des avantages (et des inconvénients) de la bibliothèque d'Ulm : on déniche parfois des exemplaires assez improbables.

Mais là, avec ce supplément à une revue de 1995, sincèrement, je ne m'y attendais pas, d'autant que la plupart des articles étaient tapés à l'ordinateur. Je me suis toutefois assez vite rendue compte que la typo était peu cohérente, voire complètement anarchique : des polices différentes, des tailles différentes, des espacements différents. Hmm.

Et soudain : surprise ! des articles tapés à la machine. Avec les mots latins soulignés à l'ancienne, parfois à la main. Celui que je devais lire était même un must du genre : à la machine, non justifié (nécessairement) et... avec des indications manuelles sur les changements typographiques à apporter avant l'impression finale.

Clairement, l'auteur considérait cette version comme plus ou moins un brouillon à améliorer formellement et comptait sur les éditeurs pour effectuer les modifications. Sauf que ceux-ci 1) avaient manifestement l'intention de relier tels quels les articles qu'on leur avait envoyés ; 2) n'ont encore plus manifestement pas eu le temps de faire un quelconque travail d'édition. À cela, j'ajouterais que je les soupçonne de ne pas avoir eu non plus celui de jeter un coup d'oeil auxdits articles, sans quoi les indications typographiques ne leur auraient pas échappé.

En bref, un article qui, au-delà de son contenu, en dit aussi beaucoup sur la façon dont l'ensemble de l'ouvrage a vu le jour.

(Mémento des signes de correction ; photo par Kzer ; source : Wikipedia Commons)

lundi 9 juin 2014

Attendre

S'il y a bien un truc que je déteste, c'est attendre que d'autres que moi fassent quelque chose. Dans une queue de trois kilomètres, je peux éventuellement réussir à prendre mon mal en patience, mais envoyer un mail et attendre une réponse, assez rapidement, je trouve ça insupportable.

En ce moment, entre autres, comme beaucoup de doctorants, j'attends un signe éventuel pour un contrat d'ATER l'an prochain.

Le système d'attribution des postes est assez opaque, du moins dans ma discipline. À part la publication des appels à candidature sur Altaïr (et encore : certaines facs ne s'en donnent pas la peine, dont toutes les facs parisiennes), rien n'est public. Qu'on ne sache pas quand est la réunion de classement et quel en est le résultat avant qu'il soit validé par les divers conseils me paraît assez normal : ça fait partie de la tambouille interne de l'université et il serait gênant que des informations circulent avant que les choses soient définitivement fixées.

Par contre, après, je regrette franchement l'absence de publication des classements. Seuls les heureux élus sont contactés ; les autres attendent indéfiniment. L'année dernière, quelques universités m'avaient renvoyé une des enveloppes timbrées demandées dans le dossier, pour m'informer de mon classement ou non. Je n'ai pas reçu beaucoup de ces missives, mais c'était déjà quelque chose : je savais si j'avais des chances dans l'absolu, en cas d'épidémie de peste bubonique ou en aucun cas du tout.

Cette année, un nombre plus grand d'universités est passé par une application électronique, ce qui est vraiment TRÈS BIEN (je ferai un de ces quatre un bilan matériel de ma campagne d'ATER). Les autres ont aussi majoritairement arrêté de demander une enveloppe timbrée (une seule l'exigeait). Mais, du coup, je n'ai absolument aucune idée de si mon dossier a été retenu et, si oui, dans quelle position. Dans d'autres disciplines, les classements sont diffusés sur le net plus ou moins officieusement ; dans la mienne, non.

Alors j'attends.

L'année dernière, j'avais été contactée si tôt que je n'avais même pas eu le temps de commencer à stresser (j'aurais dû, vu les problèmes que j'ai eus ensuite avec le Rectorat). Cette année, j'ai tenu un jour. Le lendemain, j'ai envoyé des mails pour savoir ce qu'il en était dans Fac n°1 (celle où je fais ma thèse) et Fac n°2 (celle où je suis ATER cette année).

Il est tôt, rien n'est évidemment encore définitif et j'ai une fâcheuse tendance à toujours m'attendre au pire, mais il me faut quand même bien dire que ça ne sent pas très bon.

Fac n°1 m'a classée deuxième ou troisième, je n'arrive pas à comprendre exactement, pour cause d'informations contradictoires, et Chef n'était pas à la réunion. Si je suis troisième, c'est foutu : j'imagine fort mal une université accepter trois ATER de latin/grec, même si elle en avait besoin. Si je suis deuxième, c'est possible, mais ça se saura tard et ça a l'air mal engagé.

Fac n°2 a recruté quelqu'un pour reprendre le poste de la personne, partie à la retraite, que je remplaçais cette année. Ce nouveau prof étant, pour un an encore, à l'Institut universitaire de France, il bénéficie d'un horaire de cours réduit, avec un financement pour engager quelqu'un qui fasse les heures restantes. Il y en a plus que pour un 1/2 ATER, moins que pour un ATER complet. Toute la question est de savoir si ces crédits peuvent, précisément, passer sur la ligne budgétaire ATER et/ou si Fac n°2 a l'intention de le faire. Et Chef n'avait pas l'air très optimiste là-dessus non plus.

Bref, la situation est l'inverse de l'année dernière. L'année dernière, j'avais un poste d'ATER et j'ai dû suer sang et eau pour avoir mon détachement. Cette année, j'ai mon détachement en poche et pas de poste d'ATER.

Si je croyais à la pensée magique, je me mordrais presque les doigts de m'être mise en règle avec le Rectorat.