jeudi 13 mars 2014

Dilemme professoral

Oui, je sais, ça fait cinq mois.

Mais ceux qui ont bouclé une thèse une fois dans leur vie me comprendront. Surtout s'ils ont, comme moi, bénéficié d'un contrat d'ATER temps plein. Avec de vrais bouts de cours magistraux dedans. Pour ceux qui ne sont pas passés par là, disons que, lorsque j'arrive à bosser une heure sur ma thèse tous les jours, ce n'est déjà pas mal, alors, entre mon sommeil et ce blog, j'ai choisi, désolée.

C'est seulement maintenant que j'arrive un peu à sortir la tête de l'eau, d'où ce retour en presque fanfare. C'est que je ne vous ai pas oubliés, vous, les trois pelés et un tondu qui passez encore par ici. J'ai quand même accumulé plein d'idées de notes, dont la plus futée serait (ou sera, mais je ne veux rien promettre, vu ce qui s'annonce pour les prochains mois - juste une info, quand même : j'ai été prise à la FIEC !!!) un post sur l'expo Auguste, qui va s'ouvrir au Grand Palais et que j'ai vue à Rome en décembre (oui, j'étais à Rome en décembre). Bref, ça va venir.

Côté thèse, j'en suis aux 2/3 de mon chapitre 4 (sur 7) et j'ai l'impression de pédaler dans la semoule tout en travaillant très beaucoup.

Il était donc temps que je me remette la tête sous l'eau et reprenne du retard dans ma préparation de cours en revenant ici. Typiquement, c'est avec une question sur la gestion de mes cours.

Je viens de découvrir que deux étudiantes, dont je pensais qu'elles avaient arrêté le latin, sont en fait inscrites à mon cours. Au bout de six semaines (sans compter les vacances), vous imaginez mon ahurissement quand j'ai entendu une autre étudiante, qui, elle, est toujours là, me demander si elle pouvait prendre des feuilles pour elles.


(Prof de latin découvrant par hasard l'inscription de deux étudiantes après six semaines de cours)

Le soir même, j'avais un mail commun des deux absentéistes, m'expliquant le pourquoi du comment de leurs "nombreuses absences" ("disparition totale" serait plus juste, de mon point de vue), s'excusant de ne pas m'avoir prévenue et me promettant moults justificatifs. Le fait est qu'elles ont eu de fort bonnes raisons de sécher. Mais cela n'explique pas pourquoi les problèmes de l'UNE ont entraîné l'absence des DEUX et, surtout, sur six semaines, faut pas déconner.

OUI, MAIS VOILÀ : quand j'étais en L3 (vous savez, du temps des Ages Farouches), j'étais censée assister à un TD de grec. Et dire que le niveau de ce TD était bas, c'est être encore en dessous de la réalité. Il faut dire qu'il était suivi d'une heure de renforcement sur la base du volontariat, donc il était plein de grands débutants avec des lacunes diverses, variées et assez étendues (la réponse à votre question « Mais qu'est-ce que tu foutais là ? » est : parce que j'avais cours ailleurs à l'heure des autres TD).

Au bout de deux semaines de ce traitement, j'allais à ce cours comme à l'échafaud et devais faire des efforts surhumains pour ne pas sauter sur la table en dansant la Carioca quand quelqu'un ne reconnaissait pas le nominatif d'un mot courant.

(Attention : ne pas savoir décliner logos en L3 peut avoir des effets surprenants sur certains de vos camarades de TD)

Et puis, au troisième cours, la prof a dit, en me regardant droit dans les yeux : « S'il y en a qui sont très bons et qui préfèrent travailler tout seuls, ils peuvent ne venir que de temps en temps ou juste aux partiels, je corrigerai leurs copies. » Inutile de dire qu'elle ne m'a ensuite revue que quatre fois dans l'année. Je sais qu'elle s'en est ensuite mordue les doigts, mais elle a tenu sa parole et m'a toujours corrigée sans rien dire. Je pense que je lui en serai éternellement reconnaissante.

Mes deux étudiantes sont plus ou moins dans ce cas-là. Ce n'est pas que leur niveau est bien plus haut que celui de l'ensemble du groupe, mais elles travaillent quand même sérieusement leur grammaire latine et récupèrent les notes de leur camarade présente. Sauf qu'il ne s'agit pas d'un arrangement entre nous, étant donné que je n'étais pas au courant. Bref, je suis coincée entre "le règlement, c'est le règlement et il ne faut pas déconner : envoyer un mail prend deux minutes ; en plus, vis-à-vis de la fac, ce n'est pas très réglo" et "ne sois pas si psychorigide, pense à Mme Machin à la Sorbonne et PAIE TA DETTE PAR JUPITER !!!"

M'enfin, quand même, faut pas déconner. 

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