lundi 13 septembre 2010

Tu as voulu une expérience d'enseignement, tu vas en avoir !

Ce message pourrait aussi s'intituler : "Ou comment se mettre sur le dos, dès septembre, une bonne masse de boulot à gérer, consistant à préparer quinze mille cours en même temps, alors qu'on n'a (presque) jamais fait ça."

Comment la mule que je suis a (encore) réussi à se charger jusqu'aux plus hauts poils des oreilles ? C'est simple :

("You Donkey Ass, Mule", photo par jpokele, source : FlickR)


L'acte I se joue en juin
: vous passez faire un tour dans votre ancienne prépa, pour voir vos profs qui sont sur le point de partir à la retraite, et vous apprenez que ce ###§§§§!!!!! de prof d'histoire/histoire ancienne, comme à chaque fois que des élèves qui ont des chances d'intégrer (sachant que l'une d'eux l'a fait en juin dernier), a décidé de ne plus faire son boulot. Comprenez : aucune dissertation pour s'entraîner avant le premier concours blanc (décembre), alors que l'année finit en moyenne début avril et qu'il n'est pas sûr non plus qu'il en donne après.

S'il fait ça pour la contemporaine, on ne peut que craindre le pire pour l'histoire ancienne, i.e. rien du tout, malgré un programme, là aussi, très vaste, et qui ne s'étudie que sur un an. J'ai donc proposé de dépanner pour l'histoire romaine, en me chargeant de la partie la plus compliquée à débroussailler : la fin de la République romaine, des Gracches à Auguste (soit de - 133 à - 27). Après échange de mails avec les intéressées, nous avons convenu que je viendrais faire, le 22 septembre, un cours d'introduction à l'historiographie antique, la question des sources devant être abordée un minimum pendant l'oral pour ne pas risquer une Vilaine Question Fort Embarrassante de la part du jury. Le reste se fera via internet.

Oui. Sauf que, ce cours, il faut le faire. A la vérité, il est maintenant déjà conçu, avec plan et tout le tralala, il ne me reste plus qu'à le rédiger. Mais tout ça prend du temps et la date du 22 approche grandement.


C'est là qu'intervient l'acte II : pour valider mon agrégation dans le cadre de mon monitorat, il me faut 64h d'enseignement par an à la fac. Ce n'est pas énorme, me direz-vous, à quoi je vous répondrai qu'il faut aussi avoir du temps pour bosser sur sa thèse et que des cours à la fac requièrent plus de préparation que des cours de lycée. Or je me retrouve avec deux TD au premier semestre et un au second et, surtout, les deux premiers n'ont que peu de rapport avec l'antiquité et tout à voir avec le français : il y en a un plus méthodologique et un... sur la littérature des XIXème et XXème siècles, qui va donc me demander une masse de boulot folle, pour ne pas raconter n'importe quoi et devenir l'Insupportable Boulet des lettres modernes - je suis pour la paix entre les départements, moi, surtout quand la personne qui s'est occupée de mes heures est très sympathique et absolument désolée que je fasse plus de français que de latin cette année.

Sachant que les cours commencent le 4 octobre, comptez des heures joyeusement passées en bibliothèque et un bon nombre de nuits raccourcies pour être un minimum au point au moment d'Affronter les Fauves.

("Cinching and loading pack mule with flour during starvation march of Gen. George Crook's expedition into the Black Hills.", photo par S. J. Morrow, 1876, source : FlickR)


Ajoutez à cela l'acte III, dit aussi "le coup de grâce" : "Ah oui, tiens, et mon élève de khâgne en cours particuliers ? Il ne devait pas m'appeler dès la rentrée pour qu'on reprenne les leçons ? Chouette ! ça va me faire un cours de plus à préparer...!"

A moins que le coup de grâce ne soit la proposition de participation à un colloque à venir sur la communication, que j'ai acceptée, bien que je ne voie pas trop ce que je pourrais dire et que cela me fasse de nouveaux bouquins à lire. Mais, voyons le bon côté des choses, eux, au moins, sont susceptibles de me servir pour ma thèse...

5 commentaires:

  1. Tu oublies les formations doctorales, les formations du CIES (mais je crois que ça n'existe plus - aurez-vous quelque chose d'autre à la place ou pas, mystère !) et le travail avec ton équipe de recherche. Tu as des infos pour ça ? J'espère que c'est moins lourd qu'à Poitiers, sinon ça va être amusant.

    Ne t'en fais pas, le boulot est lourd, mais tu finiras par apprendre à trancher dans la masse quand tu verras qu'au bout d'un an tu as à peine touché à ta thèse ':-/
    Pour les cours en fac, essaie de faire en sorte d'avoir autant que possible les mêmes cours les deux années prochaines : ça te permettra de les recycler (au moins en partie), et te laissera plus de temps pour bosser la thèse, sans t'interdire d'approfondir ce que tu avais déjà préparé.
    Ah, et méfie-toi des cours par Internet : ça prend toujours beaucoup plus de temps de rédiger complètement un cours que de préparer des notes pour un cours en présentiel.
    En tout cas bon courage, et à bientôt pour les séances de râlages entre jeunes profs !

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  2. Tiens, on m'avait dit que le CIES, cela n'existait plus? On m'aurait menti?

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  3. Pour le moment, on ne m'a parlé ni de CIES, ni d'autre chose, par contre le comptage d'heures de colloques et séminaires intra- et extradisciplinaires a l'air choupinet, d'après la mine d'un AMN de 3ème année que j'ai vu vendredi dernier.

    Je vous tiens au courant si je rencontre un mort-vivant. :p

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  4. Vous faites des cours par Internet ???

    Si cela implique la rédaction in extenso de supports de cours (polys, "slides"), je ne puis qu'approuver ce que dit Eunostos — cela prend beaucoup plus de temps que de préparer un cours à l'oral sans projection.

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  5. Ce ne sont pas des cours à proprement parler, mais des fiches ciblées sur tel ou tel point d'histoire romaine tardorépublicaine, afin de les dépanner. C'est une période que je connais très bien, donc cela ne devrait pas me prendre trop de temps, surtout que c'est pour l'oral, donc ça peut attendre le second semestre (où je n'ai qu'un cours à assurer à la fac).

    Etant donné que c'est pour des élèves de mon ancienne prépa, qui se trouve à Orléans, et que je fais ça tout à fait bénévolement (donc pas même de remboursement des billets de train possible), c'est la meilleure solution pour que je ne perde ni temps, ni argent et qu'elles aient quand même quelque chose d'un peu solide en histoire ancienne, sachant qu'elles devront travailler par elles-mêmes le reste du programme (deux siècles grecs, encore un pour les Romains), moins difficile.

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