dimanche 2 octobre 2011

Moi et ma grande gueule...

On n'y pense jamais assez (en tout cas, moi je n'y pense jamais assez), mais il y a des endroits où il vaut mieux ne pas parler de certaines choses ou, tout du moins, où il vaut mieux être discret et/ou baisser la voix, parce qu'on ne sait jamais qui peut bien être en train de vous écouter. Exemples typiques : la cafeteria de n'importe quelle institution ou encore les bistrots environnants. Car si les murs ont des oreilles, votre voisin, tout absorbé dans son bouquin ou sa conversation, aussi et, même si vous ne le connaissez pas, lui si ou bien il se trouve être un ami/voisin/collègue de la personne dont vous êtes en train de parler. Donc careful

Je me suis déjà fait avoir une fois ou deux par ce genre de truc, à la cafeteria de l'ENS : "Tu penses voter pour qui, aux élections des représentants du département ? - Je ne sais pas, ce ne sont que des petits jeunots que je ne connais pas. J'ai entendu dire que Bidule était bien, mais je ne sais foutrement pas à quoi elle peut bien ressembler." Et c'est là qu'une petite rousse, assise une table plus loin, se retourne et me dit : "Bonjour, Bidule, c'est moi."Ah, euh, cool, ravie de faire ta connaissance. 

L'autre jour, rebelote. J'étais désespérément à la recherche d'une seconde lettre de recommandation pour ma demande de bourse d'un mois à l'Ecole Française de Rome. J'écris "désespérément", parce que je m'étais rendue compte, deux jours plus tôt, que la date-limite annoncée n'était pas celle d'envoi des dossiers, mais celle de réception, tour de passe-passe que je ne croyais possible que dans l'administration italienne et qui, manifestement, nous a contaminés aussi (ça m'apprendra à être archi-positive sur la France quand mon copain se plaint des pratiques de son pays). Après une semaine sans nouvelles, Chef avait été super bien pour mettre en place le plan d'attaque, mais m'avait laissée avec un "Non, c'est quand même mieux, une seconde lettre de recommandation". J'avais donc contacté un prof de l'ENS, dont je savais qu'il était un ancien membre de l'EFR. 

(Si j'avais eu tous ces gens pour m'aider à récupérer cette lettre de recommandation, ça aurait été plus facile...)


Sauf que, alors que d'habitude il répond très vite, cette fois, rien. Je passe le lendemain à l'ENS : il n'y était pas. J'attends : toujours rien ; par contre, je vois partir déjeuner la personne que Chef m'avait conseillée (Note pour Plus Tard : toujours suivre les conseils de Chef). Je finis par aller voir ma tutrice, pour lui demander si elle sait s'il viendra aujourd'hui et j'en profite pour lui expliquer ma situation : on est mardi, j'ai jusqu'à vendredi pour qu'ils reçoivent mon dossier, donc je suis dans la merde parce qu'il faut que j'envoie le tout à Rome au plus vite, et il me faut une autre lettre, parce que Chef pense que c'est mieux ; il m'a suggéré quelqu'un, mais dont j'ai suivi le séminaire en M1, sans qu'il soit, ensuite, à ma soutenance, et je préfèrerais quand même quelqu'un qui me connaisse un peu mieux, donc j'ai contacté quelqu'un d'autre, etc., etc. Bref, du Lina flippée dans les grandes largeurs. Et battant frénétiquement la campagne. 

C'est alors qu'elle me dit : "Mais moi, je peux vous la faire, cette lettre ! J'ai beaucoup de boulot en ce moment, mais, si vous voulez, je peux me débrouiller pour vous la rédiger cet après-midi et vous la récupèrerez dans mon casier demain matin." Là, j'ai eu le clair sentiment d'avoir fait une boulette ou, tout du moins, de n'avoir pas bien présenté les choses, parce qu'elle avait compris que, comme l'autre n'était pas là, je venais lui demander si, par hasard, elle serait assez gentille pour..., mon problème principal étant que, des années plus tôt, l'EFR a fait la boulette encore plus grande de ne pas la prendre comme membre pour des raisons qu'on peut discuter (ce qu'ils ont apparemment regretté ensuite). Manifestement, la chose était encore un peu sensible et je ne pouvais pas lui dire "A vrai dire, je préfèrerais que ce soit vous - j'en ai même parlé avec Chef -, ne serait-ce que parce que vous savez parfaitement ce que je fais, mais... ce n'est pas mieux si c'est fait par un ancien membre...?" Comprenez-moi : ma tutrice est adorable et hyper compétente et je n'ai pas la moindre envie de la blesser, de quelque façon que ce soit. D'autant qu'elle enchaînait : "Je sais que je ne suis pas membre, mais ma thèse est en passe d'être publiée chez eux, je connais Untel et Untel, bref je ne vois pas où serait le problème." J'ai donc accepté.

Je sors de là et je rejoins mes potes à la cafeteria pour déjeuner. Et là, je raconte mes histoires, en tressant des couronnes - très méritées - à Chef et à ma tutrice, sur le thème : "Bon sang, ce sont vraiment des crèmes ! ils méritent cent fois une boîte de chocolats à Noël, ces deux-là !". La conversation passe sur autre chose et, vers la fin du repas, je vois Super Tutrice sortir et me dire en rigolant : "Je vais travailler pour vous !"

(Attention, la Quête de la Lettre de Recommandation peut avoir des effets secondaires indésirables sur le thésard)


Sur le moment, je n'ai pas fait le lien (oui, je suis souvent un peu dure de la comprenette) : je l'ai remerciée avec effusion, puis je suis passé à la préoccupation suivante : me secouer pour arriver à l'heure chez le kiné (rappelez-moi pourquoi je prends des rendez-vous en milieu d'après-midi...?). C'est le lendemain matin, en allant chercher ladite lettre ("Mon Précieux..."), que j'ai trouvé un post-it dessus avec écrit "Je peux vous la faire plus fleurie..." 

Hum.

Toujours faire attention à ses débordements verbaux à la cafeteria. Toujours, toujours, toujours. J'avais oublié le règle n°2 de l'ENS (la règle n°1 étant : "Ta tutrice avec constance tu chériras" ; à moins que ce ne soit "Les soirées du COF jamais avec moins d'1,5 gramme d'alcool dans le sang tu n'iras").



Epilogue : parce qu'il faut bien conclure sur cette histoire de bourse à l'EFR, j'étais dans un état psychologique tellement lamentable que j'ai oublié d'envoyer un mail à la première personne que j'avais contactée, pour l'informer que le problème était résolu ; je suis donc rentrée le lendemain matin de mon excursion "récupération de lettre" à l'ENS, pour trouver trois mails d'elle à propos de ça + une première version, ce qui veut dire que je lui ai très indignement fait perdre son temps. Boulette encore plus grosse, que mes plus plates excuses, aussitôt envoyées, effaceront difficilement... 

Epilogue 2 : quand je suis rentrée chez moi mercredi, évidemment, le site internet de l'EFR était planté, ce qui fait que j'ai dû ruser pour récupérer adresse-mail et adresse postale (oui, parce qu'il fallait l'envoyer par mail ET par la poste) ; j'avoue : j'en ai profité pour péter les plombs. J'ai ensuite payé QUARANTE-DEUX EUROS (avec promotion) à la Poste pour que mes neuf feuilles de papier parviennent à Rome avant la fin de la semaine. Et, le lendemain, je me suis rendue compte que le site universitaire annexe où j'avais pêché l'adresse postale en donnait une erronnée (grosso modo, il fallait envoyer les choses place Farnèse et non place Navone) : j'ai donc béni Free et ses communications de fixe à fixe inclues à l'international, ainsi que la très gentille secrétaire de l'EFR, qui m'a répondu "Non, ne vous inquiétez pas, il n'y a AUCUN problème". 

Deux nervous breakdown en une semaine, je vous laisse imaginer l'état de mes neurones ensuite. Je me demande comment Chéri fait pour affronter ça très régulièrement et j'espère avoir pris un peu plus de bouteille, dans deux ans, quand il faudra envoyer les demandes d'ATER...

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