Il m'arrive parfois
d'avoir des idées que je trouve géniales et qui, en général, se
révèlent les plus foireuses de toutes. Il m'arrive parfois aussi de
me tanner le cuir là où, avec un peu de jugeotte, les autres
décident, eux, que ça n'en vaut vraiment pas la peine.
Exemple : aujourd'hui,
pour aller à la villa d'Hadrien.
J'ai eu cette idée au
début du mois : "Hé ! Fin juin, pour cause de fin d'études de
Chéri à Rome, on va y rester presque une semaine ! C'est l'occasion
ou jamais d'aller voir la Villa Hadriana !"
Sur le coup, ça avait
l'air d'une bonne idée, mais elle prit du plomb dans l'aile après une
rapide recherche internet préliminaire : la villa d'Hadrien n'est,
bien sûr, pas à Rome même (c'est le concept de la villa), mais à
Tivoli, Tibur dans l'Antiquité, i.e. à 20 kilomètres de la Ville.
Et rien, je dis bien rien, n'est fait pour faciliter son accès aux
personnes intéressées, alors qu'elle doit être visitée par des
milliers de touristes tous les ans et le serait sans aucun doute
davantage avec un tout petit peu d'effort.
En clair : et des
navettes en bus directes, même un jour sur deux, par Jupiter, c'est
fait pour les chiens ???!!!
Au lieu de ça, après
avoir cherché un peu partout (pour le coup, le site de la
Sovrintendenza est assez pourri : une page "horaires" et
"comment venir" serait tout à fait bienvenue), deux
solutions s'offraient à moi : 1)
métro jusqu'à la station Ponte Mammolo, puis un bus chelou, puis à
pinces pendant trois cents mètres ; 2)
train jusqu'à la gare de Tivoli, puis un bus tivolese, puis à
pinces là aussi pendant trois cents mètres. Etant donné que Chéri
et moi crèchons à Tiburtina quand nous sommes à Rome, j'ai choisi
fort logiquement (Tivoli... Tibur... Tiburtina... Oui, j'avoue, quand
on n'est pas latiniste, ça prend un peu de temps pour comprendre) la
solution 2.
Là
encore, avant de me lancer, j'ai fait des recherches sur internet (je
suis la reine pour débusquer des horaires de trains... enfin, je
croyais : cf. infra)
: les bus tivolesi et les Ferrovies dello Stato étant manifestement
tout à fait fâchés, il y a des trains et des bus pour la Villa
Hadriana tous les trois quarts d'heure environ, mais les premiers
arrivent toujours systématiquement dix minutes après
le départ des seconds, ce qui laisse du temps pour visiter la ville,
je vous l'accorde. Pas moyen de faire une combinaison futée, genre
"je prends ce train-là, comme ça j'arrive à temps pour le bus
de telle heure". Par ailleurs, le train met une heure à faire
vingt kilomètres, célérité que je n'avais jusque là connue qu'en
Afrique (cent kilomètres, six heures, mais le train était le seul
du pays et il avait plus un but touristique qu'autre chose ; nous
avions donc choisi la route). Seule consolation : le train pour
Tibur-Tivoli part bien de la gare de Roma-Tiburtina (lettres
classiques power !!!).
Le
plan de départ était donc de prendre le train de 9h et des
brouettes, pour arriver à Tivoli vers 10h et des brouettes et faire
un tour en attendant le bus de 10h45, sans brouettes : quarante-cinq
minutes, ça me laissait du temps pour dénicher un revendeur de
billets (un euro l'aller, prix fort honnête).
Oui,
mais, voilà : arrivée à la gare avec suffisamment d'avance, il
s'est avéré que le train de 9h03 claironné sur internet avait à
peu près autant d'existence qu'un phénix et renaissait de ses
cendres à 9h38. Il était 8h50 et je me félicitais déjà d'avoir
emporté un bouquin.
Une
fois montée dans le train, j'ai assez vite compris pourquoi il
mettait une heure à faire le trajet. Souvent, le problème des
trains italiens, c'est qu'ils s'arrêtent à presque toutes les gares
intermédiaires, ce qui fait qu'on met le même temps, soit une
heure, à faire Paris-Orléans et Bologne-Forlì, mais la distance
est, dans le second cas, divisée par deux (60 km contre 120 pour le
premier trajet). Par contre, les Ferrovie sont imbattables sur les
prix : mon Paris-Orléans est divisé par dix pour donner mon
Bologne-Forlì (surtout maintenant que je suis Vieille et que je n'ai
plus droit aux réductions).
Dans
le cas de mon Rome-Tivoli, c'est plutôt que ce train n'est pas
pressé : il prend son temps, il ne se presse pas et, surtout, il
s'arrête laaaaaargement à chaque gare, des fois que des voyageurs
décident tout à coup de monter (ce qui est manifestement assez
saugrenu pour le train de 9h38, vu le peu de personnes qu'il y avait
dans mon wagon - oui, je sais, les vraies gens sont déjà en train
de bosser à cette heure-là). Ceci dit, 9h38 + une heure = 10h40 = en cinq minutes,
c'est peut-être encore faisable d'acheter un billet et d'attraper le
bus de 10h45, non ?
Non.
Parce que, les trains italiens, c'est comme les trains français : «
Alors, euh... Le train devant nous est arrêté à la prochaine gare,
donc, ben, euh... on attend. Il est possible qu'on soit en retard. »
Ouaip. J'ai donc raté le but de 10h45. J'ai pris mon temps pour
acheter des billets (vive la vendeuse de journaux de la gare), j'ai
fait un tour en ville et je suis montée dans le bus de 11h30.
(la suite demain !)
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