mercredi 14 mai 2014

Vive la somatisation

Dans les premiers jours de mai, j'avais fini avec joie mon chapitre 5 (sur 8). Il me restait à vérifier des points bibliographiques, le relire pour améliorer la formulation et écrire une conclusion digne de ce nom, mais quand même : pluie de coeurs, dance de la victoire. Je dois rendre en septembre, j'ai encore quatre mois devant moi, trois chapitres à rédiger : si j'arrive à en faire un par mois, à moi le mois d'août à relire en suffoquant dans la fournaise d'un insupportable été parisien.

Le chapitre suivant, le 6 donc, le dernier de ma deuxième partie, porte sur le portrait général des empereurs, étudiés un à un. Une sorte de récapitulation de points déjà traités avant, sous un autre angle, et une prise de hauteur vis-à-vis des forces s'exerçant sur le texte.

J'ai donc ouvert mon cahier de thèse, j'ai écrit Tibère, j'ai fait un beau cercle tout autour et j'ai commencé mon associogramme. Des idées sur Tibère, j'en ai plein. À la pelle. Mais, ce jour-là, j'avais l'impression que tout ce que je faisais était forcé, peu original et vraiment, vraiment pas satisfaisant. J'avais l'impression qu'il me manquait quelque chose. J'étais dans un train, je me suis dit que les conditions n'étaient pas optimales et que ça irait mieux lorsque j'aurai sous les yeux ma biblio, histoire de me remettre en tête les différents points de vue. Cette partie de ma bibliographie, je l'ai lue il y a assez longtemps maintenant et j'en suis à un point où j'ai l'impression que tout se mêle un peu dans un joyeux fouillis : je sais que cette idée n'est pas de moi, mais je galère à trouver dans quel ouvrage j'ai bien pu la pêcher, nom d'un publicain mal embouché.

(Tête de thésarde ne trouvant pas l'article qu'elle cherchait ; photo par Peter M. ; source : FlickR)


Une fois rentrée chez moi, je me suis précipité sur la biblio, j'ai associé des références à mon associogramme, j'ai fait un plan. Puis je me suis lancée dans mon brouillon. Je le trouvais assez rapide, mais ça pouvait encore aller et j'étais contente d'être enfin prête à entamer ce chapitre. Il faut savoir que je suis un vieux diesel, en ce qui concerne la rédaction : si je ne suis pas tout de suite hyper concentrée, je mets une bonne demi-heure à chauffer ; si je n'ai pas fermé Firefox, c'est encore pire. Mais une fois que je suis lancée, c'est bon.

J'ouvre donc un nouveau fichier, j'ajuste les paramètres que j'ai oublié de prendre en compte lorsque j'ai créé mon modèle (je me serais jetée dans un lac avec un poids aux pieds quand j'ai découvert que mes notes de bas de page étaient en interligne 1,5), j'ai jeté sur le papier quelques idées d'introduction et c'est parti.

L'intro était courte, mais, finalement, je n'avais pas grand chose à dire, à part : "Nous allons maintenant passer au portrait général de chaque empereur". Par contre, j'ai commencé à vraiment galérer au moment d'attaquer la première sous-partie : Tibère. J'avais beau avoir mon plan et mon brouillon sous les yeux, je n'étais pas satisfaite : j'ai changé l'ordre des éléments deux mille fois, je ne citais que des articles scientifiques et pas des extraits de mon corpus, quand j'en cherchais je perdais un temps précieux, etc. Le soir, j'avais un mal de crâne léger, mais certain, qui m'a poursuivie et épuisée les deux jours suivants.

Au bout de trois jours de ce traitement-là, j'ai fini par m'agacer : les cours sont finis à Fac n°2, donc je devrais profiter à fond du temps que j'ai devant moi pour avancer et voilà que je ne fous pas grand chose, à force de réécrire, refaire des associogrammes, voire un nouveau brouillon, et ne pas y arriver plus qu'avant.

(Un aperçu de l'intérieur de mon cerveau ; source : Wikipedia)


J'avais de moins en moins l'impression de maîtriser mon sujet (après cinq chapitres et avant les trois derniers, c'était un comble), ce qui fait que j'ai décidé de prendre le taureau par les cornes et de relire systématiquement toutes mes notes sur les articles et ouvrages que j'avais consultés sur le sujet. Et c'est LÀ que je me suis rappelé quelque chose que j'avais laissé de côté il y a au moins un an et demi, en me disant que je le finirais plus tard.

Quand j'ai commencé ma thèse, je me suis mise, entre autres, à relire attentivement les oeuvres de mon corpus, en me concentrant sur les passages parallèles entre les deux auteurs. J'ai ainsi obtenu une liste par empereur, que je me suis mise à analyser point par point : recopiage des passages, commentaire, recopiage des passages, commentaire, etc. Ensuite j'ai fait mon plan et je me suis rendue compte que ce travail me servirait pour des chapitres du milieu de ma thèse : je me suis donc dit que j'allais le mettre de côté et me concentrer sur la préparation du matériel pour les premiers chapitres (mes relevés d'occurrences, par exemple).

Ouais.

Sauf qu'évidemment, ce truc m'est complètement sorti de l'esprit (et ce alors que je l'ai partiellement repris pour mon chapitre 4, qui porte sur les scènes-type) et je me retrouve maintenant coincée au seuil de mon chapitre 5, parce que, sur ce point, mon subconscient a décidé de boire des mojitos les orteils en éventails.

("Salut ! je suis ton subconscient ! Ici, il fait trop beau et trop chaud, donc je ne vais pas rentrer de si tôt ; plein de poutous et profite bien du froid parisien !" ; photo par Enrico Gualandi ; source : FlickR)


Nous sommes donc le 14 mai et je viens à peine de finir mes analyses pour Tibère. J'avance vite, mais il est évident que je n'aurai pas fini mon chapitre avant la fin du mois, car il me reste encore Claude et Néron à faire dans leur intégralité et j'ai un article à rendre et une communication à venir.

Mais voyons le bon côté des choses : j'ai arrêté d'avoir mal au crâne.

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