Chère grougnasse qui as passé TOUT l'après-midi à corriger des copies en face de moi en section RECHERCHE à la BNF,
je ne sais pas avec quelle fréquence tu viens bosser en rez-de-jardin (à vrai dire, vu ce que tu y as fait cet après-midi, j'espère que tu passes rarement), mais, au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, avec la fermeture/réorganisation d'un certain nombre de bibliothèques parisiennes, ce n'est pas tous les jours facile de trouver une place là-bas pour pouvoir consulter des documents qu'on ne trouve que à cet endroit.
Pour y réserver une place à la journée, une de celles que tu occupais aujourd'hui (je suis d'accord, le lundi, la BN n'est ouverte que l'après-midi, mais c'est la même chose), en ce moment, il faut s'y prendre au moins deux semaines à l'avance. Sinon, soit on a le cul bordé de nouilles (comme moi cet après-midi), soit on demande une "place après 16h" (comme moi demain, vu que c'était archi complet et que j'ai encore un article à finir et deux bouquins à éplucher), i.e. qu'on peut réserver les livres et que la banque d'accueil nous attribuera une place à notre arrivée.
Et quand on galère avec ses trucs qu'on ne peut lire que là-bas, qu'en plus on n'a pas le temps qu'il faudrait, ce qui veut dire que l'affaire va traîner encore un bon moment alors qu'on a une masse d'autres choses à faire par ailleurs, on se dit : « Oui, c'est chiant, mais on est tous dans le même cas, on veut tous travailler et les premiers arrivés sont les premiers servis, la prochaine fois ce sera moi. »
Tu comprendras donc pourquoi, pendant six heures, j'ai eu envie de t'exploser la tronche sur ta table et de te foutre ton stylo rouge dans le cul (je n'aurais pas touché aux copies de tes étudiants : ils n'y sont pour rien, les malheureux, et ils méritent sans aucun doute une correction - sans vouloir faire de mauvais jeu de mot).
La section recherche de la BNF, c'est fait pour faire de la RECHERCHE et non un boulot dont tu peux très bien te charger CHEZ TOI, sans emmerder le monde au passage !
Merde ! Je m'excuse.
Tu es dure. Cette personne, cela aurait pu être ma femme. Nous habitons dans un studio et la nounou est malade, donc notre fils de 20 mois est aussi avec nous en journée. Ma femme est ATER, en lettres. Elle n'a donc pas de bureau et les cafetiers du coin te font dégager au bout d'un quart d'heure quand tu as fini ta consommation.
RépondreSupprimerIl n'y a pas que pour la recherche de documents rares que la BNF est la dernière ressource des enseignants-chercheurs.
Je suis dure, c'est vrai, et je me trouverai très certainement un jour dans la même situation que votre femme et vous. Sauf qu'il y a aussi beaucoup d'autres bibliothèques à Paris où il est possible de corriger des copies dans le calme, sans pour autant empêcher les autres d'accéder à des documents introuvables ailleurs.
RépondreSupprimerLe problème ne vient pas de la BnF mais des bibliothèques universitaires. Chercheurs - voire simples étudiants - ont recours à une bibliothèque *nationale* pour des missions qui devraient relever des BU (salles de travail, ouvrages courants, etc.).
RépondreSupprimerMême pour ses missions légitimes, cette centralisation pose problème (tous les Français vont voir l'exemplaire de la BnF d'un livre ancien quand les Américains vont voir les 50 exemplaires répartis dans les 50 BU des universités où ils travaillent, d'où des problèmes de conservation).
La solution ne peut passer que par la construction de vraies BU avec des collections de référence (pas moins de 80 000 volumes pour une bib spécialisée / 800 000 pour une BU générale) et des espaces suffisants et agréables. Les chercheurs *doivent* le demander à leur université.
À propos de bibliothèque, j'ai été choqué de constater le fait suivant : à la BU Droit-Lettres de Grenoble, on ne trouve plus de codes pénaux d'avant 1980.
RépondreSupprimerNe serait-ce que pour faire de l'histoire du droit, ou de l'histoire contemporaine (politiques pénales en France après 1945, p.ex.), ce serait utile.
Je précise que je voulais simplement vérifier si une loi était une réforme de la Gauche ou si elle avait été prise sous Giscard.