dimanche 8 mai 2011

Je suis mauvaise langue (mais j'avais des raisons de me méfier)

Avec le joli mois de mai, commence, dans ma fac, la valse des "formations doctorales". K'es acó ? Contrairement à ce que le nom pourrait faire croire, il ne s'agit pas de vous apprendre à faire votre thèse (enfin, pas totalement), mais de vous aider, vous doctorants, à faire cours. 

Avant, ce genre de formation était assuré par les CIES (Centres d'Initiation à l'Enseignement Supérieur) - ça l'est toujours dans certaines facs - qui, selon l'académie où ils se trouvaient, avaient plus ou moins bonne réputation, selon le degré de théorisation "Educ'nat'" que contenaient leurs cours : "Enseigner avec aisance grâce au théâtre", "Théorisation de l'apprenant", "Mathématiques et développement personnel", etc, etc. L'écho que j'en avais eu, c'était qu'il s'agissait de cours théoriques et farfelus, à mille lieues des problèmes concrets, jargonnants et, surtout, royalement chiants.



J'ai donc poussé un soupir de soulagement en apprenant que ma fac avait rompu son contrat avec eux, "parce que ça commençait à bien faire", et se chargeait directement de ça. Le problème, c'est que, le temps de mettre quelque chose en place, les premières séances ont eu lieu fin mars (donc après qu'on ait déjà passé l'Epreuve du Feu), avec quelques petits ratés ("Tous les première année doivent suivre les modules 1, 2 et 3", "Je suis désolée, le module 2 est complet ; je ne comprends pas, vous avez tous demandé la même session. - Peut-être parce qu'il n'y avait qu'une session proposée pour ce module ?", "Hé, tu sais quoi ? Il y a tellement personne qui est allé au module 2 qu'on s'est retrouvé à 12 ! Tu aurais pu venir d'incruster !"). 

Evidemment, j'ai suis allée à reculons ("Scrogneugneu de scrogneugneu !!! C'est quand mes cours sont sur le point de finir et que j'aurais besoin de temps pour aller à la BNF qu'on me colle des formations à la con qui me bouffent mon après-midi !!!") et, à la première séance, j'ai envisagé un instant de m'enfuir en courant lorsque j'ai vu, en entrant dans la salle "Eléments de docimologie" écrit au tableau ("Ah ? c'est pas ici le cours  de sociologie appliquée ? Mince, désolée, j'ai dû me tromper de salle !"). 

Mais il faut reconnaître que ça a parfois du bon d'avoir un surmoi en béton armé, parce que ces cours sont plutôt bien et assez éloignés des horreurs absurdes que relatent certains collègues. Le prof de docimologie (= étude de la manière d'évaluer les élèves : différence entre évaluation sommative et formative, comment l'ordre de correction des copies influe sur la note donnée, les stéréotypes sur les étudiants, etc. J'ai trouvé ça intéressant, mais je vous rappelle que je trouve la linguistique et la grammaire intéressantes, donc je ne suis pas un modèle de santé mentale) est dynamique et se caractérise par un humour pince-sans-rire très "vétérante réaliste". 



Quant au cours de dynamique de TD, malgré des débuts s'annonçant gentillets ("Oh mon Dieu, ça va être comme ça pendant douze heures...???"), comme on s'appuie souvent sur ce qu'on a vécu ("Bonjour, je m'appelle Lina... - Bonjouuuuuur, Lina. - Je... j'ai perdu la moitié d'un de mes groupes de TD au premier semestre... C'était même caricatural, tous les garçons se sont mis aux abonnés absents. On m'a dit "Ah, c'est normal, on a eu beaucoup d'abandon en L1 cette année", mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'il y a sans doute aussi eu un petit problème de gestion...") et que le groupe est super sympa ("Ouais, la reconnaissance des efforts, c'est valable partout ! Ma copine, elle me tanne pour que je fasse la vaisselle et, quand je la fais, elle ne me dit rien !!!"), ça va aussi. Juste, deux journées entières là-dessus, au lieu de trois après-midi, pour moi, c'est trop (I want to break freeeeeee...!!!! Surtout maintenant que je suis Grande et que je n'angoisse plus quand je descends l'escalator pour aller en section recherche à la BN !). 

Bref, désolée, je pensais avoir matière à des messages très satiriques, de type "l'apprenant a impulsé un mouvement au référenciel bondissant, qui est entré en contact avec une surface transparente" (comprenez : "l'élève a cassé une vitre avec un ballon de basket"), mais c'est parti pour ne pas être le cas. Ceci dit, rassurez-vous, je vais en avoir pendant trois ans : avec ma veine habituelle, j'en récupèrerai bien un qui sera grâtiné (ne comptez quand même pas sur moi pour le faire exprès : je vous aime bien, mais mon dévouement à la Cause a des limites)...!


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