mercredi 14 juillet 2010

"Centurion" : un mauvais titre pour un film pas si mauvais.

Hier, avec un ami lui aussi fan de péplums (on est plusieurs dans ce cas-là, avec peut-être une idée de séminaire à la clé), je suis allée voir




A vrai dire, on craignait tous les deux que ce ne soit un terrible nanard : le titre n'annonçait rien de bon. Finalement, on a été agréablement surpris.

Le pitch : en 117, les Romains sont en train de ramer méchamment à la frontière de la Calédonie (i.e. de l'Ecosse), face à un peuple local, les Pictes. Ceux-ci pratiquent en effet une tactique de guérilla contre laquelle les malheureux légionnaires ne peuvent pas grand chose : toutes les nuits, ils envoient une patrouille, toutes les nuits elle se fait massacrer, quand ce n'est pas leur propre camp qui est attaqué. La Neuvième légion finit par être envoyée en renfort, mais, après avoir sauvé de justesse un centurion, Quintus Dias, échappé au camps des Pictes après avoir été fait prisonnier, elle se fait elle-même presque entièrement exterminer. Les rares survivants, dont Dias, font une dernière tentative pour sauver leur chef, mais échouent et se retrouvent traqués par Etain, une chasseuse picte assoiffée de sang romain.

Evidemment, raconté comme ça, ça sent le nanard. Mais ce film n'est vraiment pas si mauvais que ça : il n'est pas manichéen, moins sanglant que ce que le nom du réalisateur peut le laisser redouter (Neil Marchall a commencé par des films d'horreur), évite plus ou moins la caricature (pas évident, lorsqu'on traite de barbares) et présente un réel suspens.

Pour tout dire, en règle générale, quand les Anglo-saxons (en particulier les Américains, mais, là, c'est un film britannique) tournent un film sur le thème "quand on essaie de survivre en plein territoire ennemi, les plus grandes menaces ne sont pas toujours celles qu'on croit", ils vous collent la scène en Irak ou dans l'Allemagne de la seconde guerre mondiale. Là, ça se passe en Ecosse au début du IIème siècle, donc il y a de quoi dérouter les amateurs de films de guerre de ce genre.

Il y a aussi de quoi dérouter les amateurs de péplums classiques : pas de théâtre, pas de temples à colonnes, pas de toges ; à la place, l'Ecosse, ses bois, ses neiges et des peaux de bête plus ou moins ajustées sur des tuniques en laine grossière. Ils n'y retrouveront pas non plus l'univers en noir et blanc si habituel aux films se passant dans l'Antiquité, où les méchants sont de gros méchants et les gentils de très courageux gentils.

Historiquement, pour avoir travaillé sur la Vie d'Agricola (une des premières oeuvres de Tacite, sur son beau-père, qui a participé à la conquête de la Grande-Bretagne en général et de l'Ecosse en particulier), mis à part que ledit Agricola était mort depuis belle lurette en 117, que je ne suis pas sûre qu'Hadrien ait décidé de faire construire son fameux Mur dès le tout début de son règne et qu'on ne sait pas grand chose sur les Pictes, il faut reconnaître que les ennuis sans fin que les Romains ont connus à la frontière de la Calédonie sont assez bien rendus, en particulier les raids d'un ennemi qui avait pour avantage sa parfaite connaissance du terrain et savait à la perfection comment en tirer parti.

En fait, le problème de ce film, outre le fait qu'il ne correspond pas vraiment au canon des films de guerre ou des péplums (ce qui, à mon avis, a beaucoup contribué au quasi silence dans lequel il est sorti), c'est son titre. Il sent à plein nez le chargé de presse pas inspiré : "Wait, wait, dear... You wanna call it "Trekking with the Picts" ? No, no, that's not good enough...! It must smell blooood and sweaaaat and muuuuug ! Let's call it... hmmm... "Centurion" ! That's a good title ! What ? Doesn't really correspond to what you shot ? Don't worry, babe ! I'm the inspired one !". Même chose pour la "devise" : "Fight or die", c'était peut-être nouveau au moment de la sortie du premier volume de Final Combat, mais on n'est plus dans les années 80, les gars, il faut se réveiller...!

In fine, si vous avez le temps et que vous êtes tentés, je vous conseille d'aller le voir : ce n'est, certes, pas un Immense Chef d'Oeuvre, mais il n'est franchement pas si mal.



1 commentaire:

  1. La série "Spartacus" est pas mal non plus dans le genre. Je croyais aussi à avoir affaire à un ersatz de 300, mais j'ai été agréablement surpris ; je pense que les réalisateurs s'inspirent des Guerres Civiles d'Appien (gage de qualité). Je recommande.

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