dimanche 8 novembre 2009

La brève du dimanche matin : résultats d'une chasse à la notice.

Amis lecteurs, bonjour.

Aujourd'hui, penchons-nous sur le cerveau d'une étudiante lambda à la recherche des documents correspondant aux notices bibliographiques qu'elle a déjà dénichées. La Quête a duré une heure (interrompue pour cause de cours d'épigraphie), avec les résultats que vous allez voir, et la Maison vous offre ce matin un accès direct à sa cervelle.

« Bon, aloooorrrs... Ah, un ordi libre, ça va aller vite. J'ai quand même pas que ça à faire, moi. Premier Article Capital... "Genre Humain"... Comment ça, tu ne connais pas cette revue ? Je te dis que tu la connais ! Ah bah voilà, tu vois que j'avais raison ! Ah. Tu la connais, mais seulement en exemplaires "tirés à part". Voyons voir si le numéro dont j'ai besoin en fait partie... non. Ça commence bien... J'aurai peut-être plus de chance avec le deuxième article...

Pom pom pom... Ah ah ! Je le savais ! Et toute la revue est là !!!! "Entrez ici un numéro de volume spécifique" Mais oui, mais oui, que je vais t'en entrer un, de numéro de volume spécifique ! Moi y en a vouloir le 66 ! "Exemplaire inconnu". Comment ça, "exemplaire inconnu" ? Il s'est passé quoi, avec l'abonnement ? Ah. On a tous les exemplaires de la revue pendant plus de cent ans, il y a UN trou, ça tombe sur le mien. Chouette...

Bon, les troisième et quatrième articles sont là, c'est déjà ça. D'accord, ils n'ont pas grand chose à voir avec mon sujet et seraient intéressants seulement comme compléments, mais bon, on ne peut pas tout avoir non plus.

Par contre, les deux suivants sont absolument centraux. Aloooorrrrs... Evidemment, le premier, c'est un truc tiré d'une conférence en URSS avant la chute du Mur, y a peu de chances qu'il soit informatisé. Bingo : l'ordi n'a jamais entendu parler de la huitième Conférence nationale des auteurs et lecteurs du Vestnik Drevnej Istorii de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. (non, je ne l'ai pas inventée, même si j'aurais pu). Ça peut se conprendre : moi non plus avant de tomber dessus sur l'Année philologique. J'aurai peut-être plus de chance avec le fichier des anonymes.

Réglons son compte à l'autre avant de d'aller y faire un tour : gros truc en anglais, devrait pas y avoir de problème. Comment ça, "inconnu au bataillon" ?! Que tu ne connaisses pas la huitième Conférence nationale des auteurs et lecteurs du Vestnik Drevnej Istorii de l'Académie des sciences de l'U.R.S.S. (en passant : il y a toujours un peu de piquant à voir l'adjectif "national" collé au sigle "URSS"... Moi qui croyais en plus que les prolétaires n'ont pas de patrie !), je veux bien, mais "Leaders and Masses in the Roman World" !!!

Bon, direction le ficher des anonymes, i.e., pour les non-connaisseurs, les tiroirs à fifiches où sont répertoriés les ouvrages avec trop d'auteurs pour qu'on puisse les inscrire sous un seul nom et qui le sont donc sous leur titre (ça me fait penser qu'il faudra que j'aille éplucher, pour un certain bouquin, celui des auteurs, qui a beau être "mort" (les nouvelles acquisitions n'y sont pas ajoutées, elles sont directement sur internet), il n'en est pas moins toujours très utile). "Conférence nationale...", "Conférence nationale...", "Conférence nationale..." : rendons-nous à l'évidence, ici non plus, personne n'en a entendu parler. Aïe, aïe, aïe, ça sent la BNF, tout ça...

Et l'autre ? Nomdidjiou, l'autre n'y est pas non plus ! Ça, c'est quand même fort de café ! A quoi ça sert que Ducros, il se décarcasse, nom de nom ! En plus, je n'y crois pas du tout, je suis sûre qu'il y a une embrouille !»

Retour sur ordi, direction "Année philologique en ligne".

« Bordel (oui, je sais, je deviens de plus en plus grossière : c'est un des effets secondaires que la recherche bibliographique a sur moi) ! impossible de remettre la main sur cet article, même avec le nom de l'auteur ! Il y a un trou dans l'espace-temps ou quoi ? Je l'ai trouvé une fois, je devrais pouvoir le trouver deux ! Bon, recherche par mots-clé : "1 257 résultats". Chouette... Ajoutons la date de publication : "33 résultats". C'est mieux ! Ah ah ! je te tiens, sale ###§§§§§!!!!!!!!!!!! ! M'en doutais : y a un truc chelou ; c'est présenté comme un bouquin, mais y a un renvoi à la revue Mnemosyne. Mieux : "Suppl. Mnemosyne". Evidemment, la base de recherche de la bibli ne connaît pas les suppléments à Mnemosyne, ce serait trop simple... "L'ouvrage que vous cherchez se trouverait ici" : merci, ça m'aide vachement de connaître sa place fictive dans l'ordre alphabétique des oeuvres répertoriées...

Dernier espoir : aller errer désespérément dans le rayon où se trouve Mnemosyne, au cas où, on ne sait jamais... Miracle !!!! Alleluïa !!!! Les suppléments y sont aussi !!!! Ah, non, j'ai parlé trop vite, ils s'arrêtent au numéro 134, il me faut le 212... Non !!!! Miracolo !!!! Ils ont juste changé de couverture et (plus ou moins) de nom ("Mnemosyne" n'est plus écrit dessus) !!!! Ouaiiiis !!! Le 212 est là !!! Et mon article est dedans !!!! Il n'a que peu de rapport avec mon sujet, mais ce n'est pas grave !!! J'exulte de joie !!!! Enfin un résultat !!!!

Tiens, ce n'est pas le prof d'épigraphie qui passe dans la cour, là ? Attendez, ce n'est pas possible, il est quelle heure ? MOINS CINQ ???? DÉJÀ ???!!!! Merde, faut que j'y aille !»


C'est ce qu'on appelle un après-midi scientifiquement très productif...



2 commentaires:

  1. J'ai récemment demandé à notre chère bibliothécaire de me retrouver
    * Un article d'un américain publié dans une revue soviétique de Novossibirsk, laquelle n'existe pas en traduction mais l'article était en anglais.
    * Un article sorti dans les comptes-rendus d'une conférence de mathématiciennes, dont le site Web est à moitié cassé et dont l'éditeur fait mine de ne jamais l'avoir édité.

    Tout ceci en PEB (prêt entre bibliothèques), ce qui dans le cas des articles scientifiques veut dire de nos jours en général que la bibliothèque prêteuse scanne l'article et l'envoie par mail.

    Commentaire: mes collègues mathématiciens devraient prendre l'habitude de mettre leurs articles sur leur page Web ou sur arXiv, ça évitera que dans 20 ans des gens fassent des acrobaties pareilles pour les retrouver.

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  2. Et si les chercheurs en littérature pouvaient y penser, même simplement de temps en temps, ce serait un vrai miracle... Mille et cent mille fois bénis, les chercheurs du groupe Hugo, qui mettent tout en ligne...!

    Je suis en ce moment à la recherche d'un article espagnol assez conséquent (j'ai lâché l'affaire avec les conférences soviétiques : pour neuf pages, ce rapport "temps passé / résultat obtenu" n'est pas assez élevé (surtout qu'il y a de fortes chances pour que le résultat soit égal à 0), mais dans une revue avec un homonyme italien et qui n'est même pas à la BNF : mon seul espoir était la Sorbonne, mais ils déménagent leurs collections jusqu'à la Saint Glinglin. Je ne renonce pas, mais ça commence à devenir coton.

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