lundi 12 avril 2010

"Les Oiseaux" d'Aristophane à la Comédie Française

Samedi dernier, je suis allée avec Chéri et des amis à la première des Oiseaux d'Aristophane à la Comédie Française (vivent les places du petit bureau à cinq euros !).

J'avoue, j'étais assez sceptique, voire réticente. Les adaptations de pièces antiques dans l'univers moderne sont souvent désastreuses et celle-ci s'annonçait comme un modèle du genre : déjà, transposer l'action de nos jours, c'était casse-gueule (rappelons que l'intrigue des Oiseaux, c'est que ceux-ci décident d'intercepter les fumées des sacrifices, dont se nourrissent les dieux, pour prendre le pouvoir en les affamant), mais en plus, la mettre plus ou moins au sein de la Comédie Française...!

Finalement, ce n'est pas si mal fait et j'ai passé une bonne soirée. Par contre, il faut vraiment oublier la pièce originale, ce qui fait que j'ai eu du mal à accrocher au début. Mais une fois qu'on y est arrivé, on s'amuse beaucoup. Je dois même reconnaître que j'ai rarement vu une pièce aussi politique à la Comédie : le côté "lutte contre les puissants" (surnommés les "XXL") est, à mon avis, raté, mais pour ce qui est des parasites et de la défense des artistes/comédiens, c'est franchement réussi. Mention spéciale au faux Karl Lagerfeld, qui a fait rire tout le monde aux éclats, et à Loïc Corbery, absolument génial en coryphée un peu façon "Jocker" dans "The Dark Knight" : on en vient à regretter qu'il finisse en brochette ! Les costumes, mi-oniriques, mi-inspirés des rôles classiques, et la musique (les acteurs poussent périodiquement, et très à propos, la chansonnette) sont aussi très bien.

Le seul reproche qu'on pourrait leur faire (à part celui d'avoir tellement transformé la pièce originale qu'elle disparaît presque tout à fait), c'est le côté brouillon du spectacle. L'obsession de la transposition a pour conséquence que l'intrigue devient assez décousue : si on ne connaît pas le texte d'Aristophane et si on n'a pas lu le programme, on ne sait pas à quoi sert le mur, ni, du coup, pourquoi les dieux sont affamés, encore moins pourquoi le coryphée se retrouve changé en brochette et la Camarade Constance prend le pouvoir.

En résumé, n'y allez pas si vous voulez absolument voir la pièce d'Aristophane, vous seriez cruellement déçus. Mais si vous voulez voir ce que pourrait donner une pièce d'Aristophane s'il écrivait de nos jours, allez-y, on passe vraiment un bon moment.

Pour ceux que ça intéresse, le texte d'Aristophane est ici.

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