( ou comment toutes les stratégies du monde ne peuvent lutter contre un sixième sens ).
Depuis environ deux semaines, manifestement dans la chambre qui est juste au-dessus de celle de mon voisin, il y a un type qui fait des travaux. Et il voit les choses en grand, le gars : et voici que je te joue de la perceuse, que je t'accompagne ça de coups de marteau, etc. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais vu le temps et l'ampleur visible ( ou plutôt : audible ) que ça prend, ça ne peut pas être moins qu'une Rénovation Complète. En même temps, je ne vois pas trop ce qui pourrait requérir, dans une de ces chambres semblables à la mienne, au moins deux semaines de travail, mais étant donné que les doux bruits des travaux de maintenance des ascenseurs, qui ont joyeusement accompagné toute la fin de mon année d'agrèg' et en particulier ma préparation des oraux, ont ( enfin ) cessé, je ne vois pas d'autre explication.
Or ce gars a un sixième sens : dès que j'ouvre un bouquin pour me mettre à bosser sur mon master 2, il se met automatiquement à jouer de la perceuse ( ou du marteau ; mais il commence généralement par la perceuse ). C'est automatique : j'ouvre le livre, il attaque. Et il me tient compagnie au moins deux heures avec sa charmante mélodie.
Vous me direz : "Hé, faignasse, tu as une bibliothèque avec 800 000 ouvrages en libre accès ( je ne mens pas : allez voir sur le site de l'ENS ; j'aime beaucoup l'appellation "périodiques vivants" ), prends tes cliques et tes claques et va bosser là-bas !" Et vous auriez raison.
Sauf que : trimballer de Montrouge au Vème arrondissement un bouquin de plus de huit cents pages ( hé oui ! les thèses, c'est du lourd ! ) + mon ordinateur, ça commence à peser sur mon pauvre dos, qui en voit déjà des vertes et des pas mûres. Et puis j'ai aussi un problème très gênant : au bout de deux heures et demie sur un bouquin en bibliothèque sans bassine de thé pour me soutenir, je suis prise d'une irrépressible envie de dormir ; quand je lis des articles, ça va, parce qu'ils sont ( relativement ) courts et qu'il faut ensuite que je me lève pour aller replacer le volume de la revue que j'étais en train d'examiner et en chercher un autre, ce qui me permet de me secouer un peu, mais lorsqu'il s'agit d'un bouquin...
Parenthèse : c'est marrant, ça ne me fait pas ça à la BNF, mais c'est sans doute parce que descendre dans les Entrailles bockhausisées de ce Monstre me demande tellement d'énergie pour gérer mon angoisse qu'il est tout à fait impossible que je me relaxe suffisamment pour finir par avoir les paupières lourdes. Remarquez, la bibliothèque d'Ulm fait aussi des efforts pour remédier à cela : en hiver, la salle de lettres classiques est à peine chauffée, ce qui fait que, pour lutter contre la congélation vivante, il est nécessaire de se maintenir éveillé. Une année, dans le cahier des suggestions, un chercheur avait écrit : "J'ai du mal à faire du grec avec des moufles." Fin de la parenthèse.
Donc, pour ce genre de choses, je ne me pète le dos qu'une fois, lorsque je ramène ma Moisson de Bouquins chèrement ramassée de la bibli à chez moi, et ensuite je bosse devant mon bureau. D'où le problème lorsqu'un Artiste se met de la partie.
Bon, évidemment, je ne peux pas aller le trouver pour lui tenir un discours du genre "WTF !!!! C'est pas bientôt fini, ce bordel ???!!!!" Le malheureux, aussi, a besoin de travailler : déjà qu'il commence à 9h30 pour ( je suppose ) laisser les gens dormir un peu le matin...
Donc, je ruse ( ou je prends mon mal en patience ; mais je n'aurais alors plus rien à vous raconter ). En particulier ce matin.
J'ai remarqué qu'il travaillait souvent l'après-midi, à partir de 14h ( pile l'heure où je reprends après une pause-déjeuner bien méritée ), et pas le matin. Moi, en matinée, jusque là, je faisais de l'allemand ( post là-dessus à venir ) ; mais, aujourd'hui, étant donné que j'ai liquidé hier mon deuxième bouquin-absolument-capital-sur-Suétone, je me suis dit que, pour commencer enfin LA thèse française sur cet auteur, ce serait mieux d'avoir du calme. Je renvoie donc l'allemand à cet après-midi ( le problème de la méthode Assimil', c'est qu'elle peut toujours attendre ).
Je m'installe à mon bureau. Je lance sur mon ordi le fichier où je prends des notes. J'ouvre le bouquin. Et là : "vruuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii" ( oui, je sais, je fais très mal le bruit de la perceuse ). Aujourd'hui, le gars a exceptionnellement décidé de bosser en matinée.
Une seule conclusion, donc, à tirer de cette histoire : soit il a vraiment un sixième sens et lui et moi vivons en symbiose totale ( sait-on jamais, c'est peut-être un signe ? ) ; soit je suis vraiment une très mauvaise tacticienne. Au choix.
Depuis environ deux semaines, manifestement dans la chambre qui est juste au-dessus de celle de mon voisin, il y a un type qui fait des travaux. Et il voit les choses en grand, le gars : et voici que je te joue de la perceuse, que je t'accompagne ça de coups de marteau, etc. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais vu le temps et l'ampleur visible ( ou plutôt : audible ) que ça prend, ça ne peut pas être moins qu'une Rénovation Complète. En même temps, je ne vois pas trop ce qui pourrait requérir, dans une de ces chambres semblables à la mienne, au moins deux semaines de travail, mais étant donné que les doux bruits des travaux de maintenance des ascenseurs, qui ont joyeusement accompagné toute la fin de mon année d'agrèg' et en particulier ma préparation des oraux, ont ( enfin ) cessé, je ne vois pas d'autre explication.
Or ce gars a un sixième sens : dès que j'ouvre un bouquin pour me mettre à bosser sur mon master 2, il se met automatiquement à jouer de la perceuse ( ou du marteau ; mais il commence généralement par la perceuse ). C'est automatique : j'ouvre le livre, il attaque. Et il me tient compagnie au moins deux heures avec sa charmante mélodie.
Vous me direz : "Hé, faignasse, tu as une bibliothèque avec 800 000 ouvrages en libre accès ( je ne mens pas : allez voir sur le site de l'ENS ; j'aime beaucoup l'appellation "périodiques vivants" ), prends tes cliques et tes claques et va bosser là-bas !" Et vous auriez raison.
Sauf que : trimballer de Montrouge au Vème arrondissement un bouquin de plus de huit cents pages ( hé oui ! les thèses, c'est du lourd ! ) + mon ordinateur, ça commence à peser sur mon pauvre dos, qui en voit déjà des vertes et des pas mûres. Et puis j'ai aussi un problème très gênant : au bout de deux heures et demie sur un bouquin en bibliothèque sans bassine de thé pour me soutenir, je suis prise d'une irrépressible envie de dormir ; quand je lis des articles, ça va, parce qu'ils sont ( relativement ) courts et qu'il faut ensuite que je me lève pour aller replacer le volume de la revue que j'étais en train d'examiner et en chercher un autre, ce qui me permet de me secouer un peu, mais lorsqu'il s'agit d'un bouquin...
Parenthèse : c'est marrant, ça ne me fait pas ça à la BNF, mais c'est sans doute parce que descendre dans les Entrailles bockhausisées de ce Monstre me demande tellement d'énergie pour gérer mon angoisse qu'il est tout à fait impossible que je me relaxe suffisamment pour finir par avoir les paupières lourdes. Remarquez, la bibliothèque d'Ulm fait aussi des efforts pour remédier à cela : en hiver, la salle de lettres classiques est à peine chauffée, ce qui fait que, pour lutter contre la congélation vivante, il est nécessaire de se maintenir éveillé. Une année, dans le cahier des suggestions, un chercheur avait écrit : "J'ai du mal à faire du grec avec des moufles." Fin de la parenthèse.
Donc, pour ce genre de choses, je ne me pète le dos qu'une fois, lorsque je ramène ma Moisson de Bouquins chèrement ramassée de la bibli à chez moi, et ensuite je bosse devant mon bureau. D'où le problème lorsqu'un Artiste se met de la partie.
Bon, évidemment, je ne peux pas aller le trouver pour lui tenir un discours du genre "WTF !!!! C'est pas bientôt fini, ce bordel ???!!!!" Le malheureux, aussi, a besoin de travailler : déjà qu'il commence à 9h30 pour ( je suppose ) laisser les gens dormir un peu le matin...
Donc, je ruse ( ou je prends mon mal en patience ; mais je n'aurais alors plus rien à vous raconter ). En particulier ce matin.
J'ai remarqué qu'il travaillait souvent l'après-midi, à partir de 14h ( pile l'heure où je reprends après une pause-déjeuner bien méritée ), et pas le matin. Moi, en matinée, jusque là, je faisais de l'allemand ( post là-dessus à venir ) ; mais, aujourd'hui, étant donné que j'ai liquidé hier mon deuxième bouquin-absolument-capital-sur-Suétone, je me suis dit que, pour commencer enfin LA thèse française sur cet auteur, ce serait mieux d'avoir du calme. Je renvoie donc l'allemand à cet après-midi ( le problème de la méthode Assimil', c'est qu'elle peut toujours attendre ).
Je m'installe à mon bureau. Je lance sur mon ordi le fichier où je prends des notes. J'ouvre le bouquin. Et là : "vruuuuuuiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii" ( oui, je sais, je fais très mal le bruit de la perceuse ). Aujourd'hui, le gars a exceptionnellement décidé de bosser en matinée.
Une seule conclusion, donc, à tirer de cette histoire : soit il a vraiment un sixième sens et lui et moi vivons en symbiose totale ( sait-on jamais, c'est peut-être un signe ? ) ; soit je suis vraiment une très mauvaise tacticienne. Au choix.
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