Deuxième étape de votre Quête Bibliographique : la bibliothèque.
C'est là que vous allez pouvoir consulter les livres, articles, comptes-rendus de colloques, etc. dont vous avez trouvé les références sur l'Année philologique ou dans la propre bibliographie des livres, articles, comptes-rendus de colloques, etc. que vous avez déjà lus ( cf. étape n°1 ).
Or ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air, parce que, précisément, ces documents, il faut réussir à mettre la main dessus et ça, parfois, c'est coton, surtout quand c'est la première fois que vous mettez les pieds dans une bibliothèque donnée.
Depuis votre plus tendre enfance, on vous bourre le crâne avec le bienheureux système Dewey : des centaines et des dizaines combinées qui vous permettent de savoir où chercher et, au bout de, disons, sept ans ( collège + lycée ), vous avez fini par vous y habituer.
Et là, c'est comme le tout premier cours de maths en année de sup' ( si j'ai bien compris ce que m'ont raconté les diverses personnes que je connais qui sont passées par là ), on vous regarde et on vous dit : "Bon, maintenant, c'est bien gentil tout ça, mais tu vas nous faire le plaisir d'oublier tout ce que tu as appris jusque-là et tu vas savoir ce que c'est que la vraie vie".
Car les bibliothèques universitaires, du moins celles que je connais, ne fonctionnent pas du tout selon le système Dewey.
D'abord parce qu'elles ne peuvent pas tout mettre en libre accès ( vous imaginez la hauteur des tours de la BNF si absolument tout son fond était en libre accès, y compris pour les non-encartés "chercheurs" ? ). Ensuite parce que, comme celle d'Ulm, précisément, elles en ont beaucoup trop en libre accès ( 800 000, souvenez-vous ; il y a trois ans, quand je suis entrée à l'Ecole, c'était 600 000 ) et qu'elles en auraient pour cent cinquante ans à tout réorganiser.
Donc, quand vous cherchez un bouquin dans la bibliothèque de la rue d'Ulm, il vous faut impérativement le code ésotérique de votre bouquin, parce qu'y aller nez au vent dans les rayons est le meilleur moyen de perdre un temps précieux ( en un an, je n'ai jamais réussi à comprendre la logique présidant à leur classement des livres de et sur Tacite : il y en a un peu d'un côté, un peu de l'autre, c'est tout simplement dingue ; et pourtant il doit y avoir une logique là-dedans... si jamais quelqu'un s'en souvient ).
Le problème, c'est que ce fameux code est difficilement devinable, voire compréhensible, sauf pour l'indication du format. Par exemple, pour les Vies des douze Césars de Suétone ( pour prendre un exemple tout à fait au hasard ), c'est "L L h 279 D 8°" : "L L", c'est pour "littérature latine" ; "h" pour "histoire", je suppose ; "279 D", c'est pour situer l'ouvrage exactement et "8°", c'est le format.
Mais, le plus pénible, c'est surtout qu'ils n'ont pas les crédits pour tout informatiser, ce qui veut dire que, si on ne trouve pas le bouquin qu'on cherche sur la base de données sur internet, il ne faut surtout pas s'arracher les cheveux ( genre moi au tout début de mes recherches bibliographiques pour mon sujet de cette année : "Mais nom de Dieu, c'est quand même dingue qu'ils n'aient AUCUN bouquin fondamental sur Suétone !!!! Y a un embargo ou quoi ??!!" ), mais plutôt se bouger directement à la bibliothèque pour consulter... les fameuses fifiches, où sont référencés tous les livres achetés avant 1996... Après, ils sont tous sur internet ; avant, ça dépend et c'est très variable ( Tacite y est ; Suétone non, donc ; hurlons tous ensemble à la discrimination ).
En fait, je râle ( et je ne suis pas la seule, mais, à vrai dire, il n'y a qu'en première année qu'on râle, parce qu'on n'est pas habitué ; ensuite, on devient de vrais pros et, comme moi, on cesse de râler vraiment ), mais c'est quand même formidable d'avoir 800 000 bouquins en libre accès, dont on peut sans aucun problème emprunter tous ceux qui ont été publiés... après 1870 ! Et les autres sont en rayon ( quand ils ne menacent pas de tomber en poussière ) et tout à fait consultables ! Je me souviens d'une fois où, je ne sais plus comment, mon père est tombé sur un spécimen de Tacite datant de quelque chose comme 1880, parce que j'étais au tout début de mon Initiation Bibliographique et que c'était tout ce que j'avais réussi à trouver, faute d'avoir consulté la base de données ; tout ce qu'il a réussi à me sortir, c'était : "Mais... C'est quoi, cette antiquité ? ( pour du Tacite, c'était assez bien trouvé ) Tu es sûre qu'elle ne va pas se pulvériser si on la touche ?" J'avais un peu l'impression d'être dans un opus d'Indiana Jones...
Il y a donc plein, plein de choses à la bibliothèque d'Ulm ( rien que pour ça, ça vaut le coup d'intégrer... à condition de le savoir avant, ce qui n'était pas mon cas ). Pour vous donner une idée, pendant mon M1, si je me souviens bien, j'ai dû me traîner jusqu'à la Sorbonne pour UN bouquin, à la BNF pour TROIS articles ; tout le reste, je l'ai trouvé rue d'Ulm. Ceci dit, les parisiens non normaliens ( et les normaliens aussi, d'ailleurs ) ont également dans leur besace le SUDOC, le catalogue universitaire de documentation, qui permet de savoir dans quelle(s) bibliothèque(s) à Paris se trouve le bouquin dont ils ont besoin.
Et conseil pour ceux qui bossent en histoire ou sur un sujet ayant un quelconque lien avec l'histoire : essayez de ne pas trop être en panique vers la fin de l'année avec un bouquin fondamental hyper rare que vous devez absolument lire, parce qu'un certain nombre d'ouvrages sont plus ou moins "gelés" au prêt pour la leçon d'agrèg' d'histoire : les malheureux sont interrogés hors programme, mais ils peuvent demander à faire venir, pour les aider, n'importe quel livre qui ne se trouve pas dans la salle de préparation.
Pour en revenir à mon cas, je suis personnellement très contente d'avoir accès à la bibliothèque de l'ENS ( au cas où vous ne l'auriez pas encore compris :p ), parce que 1) je ne suis pas du tout douée pour l'adaptation aux divers systèmes de rangement et autres Moeurs Bibliothécaires et 2) depuis ma toute première visite à la BNF, j'angoisse énormément à chaque fois que je dois y retourner. Mais ça, ce sera pour un autre post, car celui-ci commence à devenir vraiment long.
C'est là que vous allez pouvoir consulter les livres, articles, comptes-rendus de colloques, etc. dont vous avez trouvé les références sur l'Année philologique ou dans la propre bibliographie des livres, articles, comptes-rendus de colloques, etc. que vous avez déjà lus ( cf. étape n°1 ).
Or ce n'est pas aussi simple que ça en a l'air, parce que, précisément, ces documents, il faut réussir à mettre la main dessus et ça, parfois, c'est coton, surtout quand c'est la première fois que vous mettez les pieds dans une bibliothèque donnée.
Depuis votre plus tendre enfance, on vous bourre le crâne avec le bienheureux système Dewey : des centaines et des dizaines combinées qui vous permettent de savoir où chercher et, au bout de, disons, sept ans ( collège + lycée ), vous avez fini par vous y habituer.
Et là, c'est comme le tout premier cours de maths en année de sup' ( si j'ai bien compris ce que m'ont raconté les diverses personnes que je connais qui sont passées par là ), on vous regarde et on vous dit : "Bon, maintenant, c'est bien gentil tout ça, mais tu vas nous faire le plaisir d'oublier tout ce que tu as appris jusque-là et tu vas savoir ce que c'est que la vraie vie".
Car les bibliothèques universitaires, du moins celles que je connais, ne fonctionnent pas du tout selon le système Dewey.
D'abord parce qu'elles ne peuvent pas tout mettre en libre accès ( vous imaginez la hauteur des tours de la BNF si absolument tout son fond était en libre accès, y compris pour les non-encartés "chercheurs" ? ). Ensuite parce que, comme celle d'Ulm, précisément, elles en ont beaucoup trop en libre accès ( 800 000, souvenez-vous ; il y a trois ans, quand je suis entrée à l'Ecole, c'était 600 000 ) et qu'elles en auraient pour cent cinquante ans à tout réorganiser.
Donc, quand vous cherchez un bouquin dans la bibliothèque de la rue d'Ulm, il vous faut impérativement le code ésotérique de votre bouquin, parce qu'y aller nez au vent dans les rayons est le meilleur moyen de perdre un temps précieux ( en un an, je n'ai jamais réussi à comprendre la logique présidant à leur classement des livres de et sur Tacite : il y en a un peu d'un côté, un peu de l'autre, c'est tout simplement dingue ; et pourtant il doit y avoir une logique là-dedans... si jamais quelqu'un s'en souvient ).
Le problème, c'est que ce fameux code est difficilement devinable, voire compréhensible, sauf pour l'indication du format. Par exemple, pour les Vies des douze Césars de Suétone ( pour prendre un exemple tout à fait au hasard ), c'est "L L h 279 D 8°" : "L L", c'est pour "littérature latine" ; "h" pour "histoire", je suppose ; "279 D", c'est pour situer l'ouvrage exactement et "8°", c'est le format.
Mais, le plus pénible, c'est surtout qu'ils n'ont pas les crédits pour tout informatiser, ce qui veut dire que, si on ne trouve pas le bouquin qu'on cherche sur la base de données sur internet, il ne faut surtout pas s'arracher les cheveux ( genre moi au tout début de mes recherches bibliographiques pour mon sujet de cette année : "Mais nom de Dieu, c'est quand même dingue qu'ils n'aient AUCUN bouquin fondamental sur Suétone !!!! Y a un embargo ou quoi ??!!" ), mais plutôt se bouger directement à la bibliothèque pour consulter... les fameuses fifiches, où sont référencés tous les livres achetés avant 1996... Après, ils sont tous sur internet ; avant, ça dépend et c'est très variable ( Tacite y est ; Suétone non, donc ; hurlons tous ensemble à la discrimination ).
En fait, je râle ( et je ne suis pas la seule, mais, à vrai dire, il n'y a qu'en première année qu'on râle, parce qu'on n'est pas habitué ; ensuite, on devient de vrais pros et, comme moi, on cesse de râler vraiment ), mais c'est quand même formidable d'avoir 800 000 bouquins en libre accès, dont on peut sans aucun problème emprunter tous ceux qui ont été publiés... après 1870 ! Et les autres sont en rayon ( quand ils ne menacent pas de tomber en poussière ) et tout à fait consultables ! Je me souviens d'une fois où, je ne sais plus comment, mon père est tombé sur un spécimen de Tacite datant de quelque chose comme 1880, parce que j'étais au tout début de mon Initiation Bibliographique et que c'était tout ce que j'avais réussi à trouver, faute d'avoir consulté la base de données ; tout ce qu'il a réussi à me sortir, c'était : "Mais... C'est quoi, cette antiquité ? ( pour du Tacite, c'était assez bien trouvé ) Tu es sûre qu'elle ne va pas se pulvériser si on la touche ?" J'avais un peu l'impression d'être dans un opus d'Indiana Jones...
Il y a donc plein, plein de choses à la bibliothèque d'Ulm ( rien que pour ça, ça vaut le coup d'intégrer... à condition de le savoir avant, ce qui n'était pas mon cas ). Pour vous donner une idée, pendant mon M1, si je me souviens bien, j'ai dû me traîner jusqu'à la Sorbonne pour UN bouquin, à la BNF pour TROIS articles ; tout le reste, je l'ai trouvé rue d'Ulm. Ceci dit, les parisiens non normaliens ( et les normaliens aussi, d'ailleurs ) ont également dans leur besace le SUDOC, le catalogue universitaire de documentation, qui permet de savoir dans quelle(s) bibliothèque(s) à Paris se trouve le bouquin dont ils ont besoin.
Et conseil pour ceux qui bossent en histoire ou sur un sujet ayant un quelconque lien avec l'histoire : essayez de ne pas trop être en panique vers la fin de l'année avec un bouquin fondamental hyper rare que vous devez absolument lire, parce qu'un certain nombre d'ouvrages sont plus ou moins "gelés" au prêt pour la leçon d'agrèg' d'histoire : les malheureux sont interrogés hors programme, mais ils peuvent demander à faire venir, pour les aider, n'importe quel livre qui ne se trouve pas dans la salle de préparation.
Pour en revenir à mon cas, je suis personnellement très contente d'avoir accès à la bibliothèque de l'ENS ( au cas où vous ne l'auriez pas encore compris :p ), parce que 1) je ne suis pas du tout douée pour l'adaptation aux divers systèmes de rangement et autres Moeurs Bibliothécaires et 2) depuis ma toute première visite à la BNF, j'angoisse énormément à chaque fois que je dois y retourner. Mais ça, ce sera pour un autre post, car celui-ci commence à devenir vraiment long.
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