Tu aimes les histoires de stratégies retorses ? Tu es un champion aux échecs ? L'intrigue et la manipulation n'ont pas de secret pour toi ? J'ai besoin de toi. Ce message peut t'intéresser. Car voici ma petite expérience des arcanes et jeux de pouvoir à la Sorbonne. Je dois avouer que je suis assez perplexe.
Lorsque j'ai décidé de changer de directeur de master pour mon M2, un de mes potes m'a dit : "Mais tu ne te rends pas compte ?! C'est suicidaire sorbonniquement parlant ! Il y a de grandes chances pour que ton directeur de M1 monte encore en grade et, ensuite, essaie de te mettre de sérieux bâtons dans les roues pour un poste de maître de conférence ! Tu es complètement dingue !"
Réponse de Bibi : "Oui, mais tu vois, M. X., il bosse plus sur ce que je veux faire et puis j'ai l'intention de continuer à aller au séminaire de l'autre ! Il était bien, son séminaire !" Nouveaux cris d'orfraie : "Ah ! mais c'est encore pire ! L'Offense sera sous ses yeux deux heures toutes les semaines ! Tu n'y penses pas ! Le lâcher, passe encore, mais en plus retourner le couteau dans la plaie !"
Re-réponse de Bibi : "Oui, enfin, bon, quand même, c'est me donner un peu trop d'importance ; universitairement parlant, je ne suis qu'un moucheron !" Ton péremptoire : "Tu es un moucheron, mais tu es normalienne, donc tu n'es paradoxalement pas n'importe quel moucheron." Moi : "Et pis, de toutes façons, je ne suis même pas sûre qu'il se souvienne que je suis à Normale ! S'il ne m'a pas oubliée le 2 juillet ( lendemain de ma soutenance de M1 ), il m'a oubliée le 3 !"
Ben figurez-vous qu'il ne l'avait pas oublié.
Hier, j'ai fini par me mettre un bon coup de pied au cul et je lui ai écrit une lettre pour lui annoncer que je partais à Nanterre et patati et patata : "M. Y. a déjà dirigé une thèse sur l'auteur sur lequel je voudrais travailler... J'ai beaucoup réfléchi... Je voudrais vous remercier pour l'aide énorme/incroyable/gigantesque ( rayer la mention inutile ) que vous m'avez apportée..." Une bonne dose de brosse à reluire, toutes mes ressources de littéraire connaissant parfaitement le Poids des Mots ( ne pouvant pas écrire : "Ecoutez, je n'ai vraiment pas apprécié le coup que vous m'avez fait pendant ma soutenance et je n'ai plus vraiment envie de travailler "avec" vous ; j'ai trouvé mieux ailleurs, donc je me casse." ) et mes ( hélàs maigres ) ressources en diplomatie sorbonnarde.
Je ne m'attendais pas vraiment à avoir une réponse : après tout, M. X. n'a toujours pas pris la peine de me signaler qu'il a reçu mon mail. A vrai dire, j'espérais secrètement ne rien recevoir en retour.
Et si, il m'a répondu. Plus incroyable encore : il fait mine de chercher à me récupérer, en me jouant l'air des Sirènes sur le thème "Pensez à votre aveniiiir... Êtes-vous sûre qu'on vous a bien conseilléééééée...? Il n'est pas encore trop taaaaarrrrd..." J'hallucine. Vous voyez Kaa dans le Livre de la jungle version Walt Disney ( oui, je sais, on a les références qu'on peut ) ?
Bon, évidemment, je n'ai pas l'intention de faire demi-tour et quand bien même ce serait possible et je le ferais, j'imagine déjà l'ambiance : lui, moi, en chiens de faïence, sachant tous deux pertinemment que j'ai plus ou moins fait des pieds et des mains pour aller voir ailleurs... De ce point de vue, de toutes façons, mon avenir, il est déjà "compromis", dans tous les sens du terme. Mon ex-directeur doit bien le savoir, d'ailleurs.
En plus, il me dit que tout chercheur en littérature latine fait de l'historiographie, sur quoi je ne suis pas d'accord : l'historiographie, c'est la manière d'écrire l'histoire ; étudier l'historiographie, c'est donc étudier des oeuvres écrites par des historiens ; ce n'est pas faire de l'histoire et ce n'est pas non plus faire de l'archéologie, même si on est nécessairement amené à se frotter à ces deux disciplines. Je suis peut-être bornée, je suis même très certainement bornée ( ce qui ne veut pas dire que j'aie des oeillères ), mais ça me paraît être un mélange de torchons et de serviettes un peu trop facile. Ou alors, je ne sais pas ce qu'est précisément l'historiographie, ce qui est, somme toute, tout à fait possible.
La question est donc : que répondre ? Il fait quoi, déjà, Mowgli, face à Kaa ?
Lorsque j'ai décidé de changer de directeur de master pour mon M2, un de mes potes m'a dit : "Mais tu ne te rends pas compte ?! C'est suicidaire sorbonniquement parlant ! Il y a de grandes chances pour que ton directeur de M1 monte encore en grade et, ensuite, essaie de te mettre de sérieux bâtons dans les roues pour un poste de maître de conférence ! Tu es complètement dingue !"
Réponse de Bibi : "Oui, mais tu vois, M. X., il bosse plus sur ce que je veux faire et puis j'ai l'intention de continuer à aller au séminaire de l'autre ! Il était bien, son séminaire !" Nouveaux cris d'orfraie : "Ah ! mais c'est encore pire ! L'Offense sera sous ses yeux deux heures toutes les semaines ! Tu n'y penses pas ! Le lâcher, passe encore, mais en plus retourner le couteau dans la plaie !"
Re-réponse de Bibi : "Oui, enfin, bon, quand même, c'est me donner un peu trop d'importance ; universitairement parlant, je ne suis qu'un moucheron !" Ton péremptoire : "Tu es un moucheron, mais tu es normalienne, donc tu n'es paradoxalement pas n'importe quel moucheron." Moi : "Et pis, de toutes façons, je ne suis même pas sûre qu'il se souvienne que je suis à Normale ! S'il ne m'a pas oubliée le 2 juillet ( lendemain de ma soutenance de M1 ), il m'a oubliée le 3 !"
Ben figurez-vous qu'il ne l'avait pas oublié.
Hier, j'ai fini par me mettre un bon coup de pied au cul et je lui ai écrit une lettre pour lui annoncer que je partais à Nanterre et patati et patata : "M. Y. a déjà dirigé une thèse sur l'auteur sur lequel je voudrais travailler... J'ai beaucoup réfléchi... Je voudrais vous remercier pour l'aide énorme/incroyable/gigantesque ( rayer la mention inutile ) que vous m'avez apportée..." Une bonne dose de brosse à reluire, toutes mes ressources de littéraire connaissant parfaitement le Poids des Mots ( ne pouvant pas écrire : "Ecoutez, je n'ai vraiment pas apprécié le coup que vous m'avez fait pendant ma soutenance et je n'ai plus vraiment envie de travailler "avec" vous ; j'ai trouvé mieux ailleurs, donc je me casse." ) et mes ( hélàs maigres ) ressources en diplomatie sorbonnarde.
Je ne m'attendais pas vraiment à avoir une réponse : après tout, M. X. n'a toujours pas pris la peine de me signaler qu'il a reçu mon mail. A vrai dire, j'espérais secrètement ne rien recevoir en retour.
Et si, il m'a répondu. Plus incroyable encore : il fait mine de chercher à me récupérer, en me jouant l'air des Sirènes sur le thème "Pensez à votre aveniiiir... Êtes-vous sûre qu'on vous a bien conseilléééééée...? Il n'est pas encore trop taaaaarrrrd..." J'hallucine. Vous voyez Kaa dans le Livre de la jungle version Walt Disney ( oui, je sais, on a les références qu'on peut ) ?
Bon, évidemment, je n'ai pas l'intention de faire demi-tour et quand bien même ce serait possible et je le ferais, j'imagine déjà l'ambiance : lui, moi, en chiens de faïence, sachant tous deux pertinemment que j'ai plus ou moins fait des pieds et des mains pour aller voir ailleurs... De ce point de vue, de toutes façons, mon avenir, il est déjà "compromis", dans tous les sens du terme. Mon ex-directeur doit bien le savoir, d'ailleurs.
En plus, il me dit que tout chercheur en littérature latine fait de l'historiographie, sur quoi je ne suis pas d'accord : l'historiographie, c'est la manière d'écrire l'histoire ; étudier l'historiographie, c'est donc étudier des oeuvres écrites par des historiens ; ce n'est pas faire de l'histoire et ce n'est pas non plus faire de l'archéologie, même si on est nécessairement amené à se frotter à ces deux disciplines. Je suis peut-être bornée, je suis même très certainement bornée ( ce qui ne veut pas dire que j'aie des oeillères ), mais ça me paraît être un mélange de torchons et de serviettes un peu trop facile. Ou alors, je ne sais pas ce qu'est précisément l'historiographie, ce qui est, somme toute, tout à fait possible.
La question est donc : que répondre ? Il fait quoi, déjà, Mowgli, face à Kaa ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire