dimanche 28 novembre 2010

Opération "Mani pulite"

Toutes les semaines, lorsque je rassemble mon paquetage pour aller faire cours et que j'empoigne mon nouveau Best Friend Forever, i.e. mon marqueur Velléda (que j'ai déjà dû changer une fois, en prenant le modèle XXL, qui ne rentre pas dans ma trousse, mais devrait durer plus longtemps, j'espère), je me Jure Solennellement que, aujourd'hui, je sortirai de là avec des mains nickel. 


Velleda® Whiteboard Marker 1701/1751 
Markers are a girl's best friends !!!


Je m'explique : tout le monde connaît la craie, ses petites particules volantes qui vous blanchissent en deux temps trois mouvements, et tout le monde a au moins une anecdote du prof qui, oubliant que ses mains en étaient couvertes, a touché un point quelconque de son anatomie (en règle générale, son postérieur), y laissant du même coup une magnifique trace de main tout à fait suggestive et déclenchant l'hilarité générale à chaque fois qu'il se retournait pour aller au tableau. 

Le tableau blanc à marqueur Velléda était censé remédier à cela. Erreur, du moins dans mon cas. Je ne sais pas comment je fais, mais je me retrouve toujours, à la fin des cours, avec des mains de mineur, d'un noir très seyant, qui fait que, en ce moment, j'hésite même à les protéger du froid en les enfouissant dans les poches de mon gros manteau ou en enfilant mes sublimes gants rouges. 

J'ai découvert la Chose vers mon deuxième cours, lorsque, après une séance particulièrement animée sur le thème "Et donc, qu'auriez-vous écrit à la place du journaliste sur ce film-là ?", regardant avec satisfaction mes étudiants quitter peu à peu la salle, je me relevai (je fais toujours cours debout, pour que ceux des derniers rangs ne s'en tirent pas aussi facilement, mais j'ai tendance à me pencher pour m'appuyer sur le bureau) et constatai avec une certaine horreur mêlée d'étonnement que j'avais laissé deux magnifiques marques de mains noires, parfaitement nettes. Tournant le regard vers les Responsables, je ne pus que constater qu'elles étaient, effectivement, tout ce qu'il y avait de plus dégueulasses. Et encore, je n'avais pas l'impression d'avoir beaucoup écrit au tableau pendant ces deux heures-là.

Depuis, j'ai beau me répéter "aujourd'hui, mani pulite" en boucle comme un mantra pendant les trois heures qui précèdent mes cours, m'arrêter une seconde au moment de m'emparer de mon marqueur et m'accrocher comme une damnée à la brosse à effacer, une heure et demie ou deux heures plus tard, le résultat est toujours le même : beurk. 

Il faut dire qu'un accident est si vite arrivé ! Vous écrivez un mot, vous oubliez un "s", un jambage à un "m", vous passez votre phrase au singulier et, par réflexe, écrivez d'abord un "-ent" à la fin du verbe et paf ! sans réfléchir, vous utilisez vos zolies mimines pour effacer avant de rectifier. C'est simple, rapide et ça demande un effort intellectuel minimal. 

Ouais. Sauf que, petite correction après petite correction, vos paluches deviennent aussi cracras que si vous ne les aviez pas lavées de la semaine. Un peu gênant, sans compter que le cracra en question, ensuite, se colle partout : sur le bureau où vous vous appuyez, donc, mais aussi sur votre cours, les feuilles que vos étudiants vous remettent à la fin de la séance, l'interrupteur, la poignée de la porte, le bouquin que vous lisez dans le RER, etc.

("Dirty hands", photo par analytik ; source : FlickR)


Deux options s'ouvrent donc désormais à moi : soit je me fais amputer des deux mains pour me faire greffer à la place deux marqueurs Velléda (ou un marqueur et une brosse à effacer, au choix), mais ça risque d'être un peu compliqué ensuite pour ma Vie Hors des Cours (car j'essaie d'avoir une vie hors de mes cours, contrairement à ce qu'ont l'air de penser mes étudiants, qui m'envoient leurs articles à n'importe quelle heure du jour et de la nuit, samedi et dimanche compris) ; soit je bosse en portant des gants en latex : mais là, déjà qu'ils me prennent pour une Tarée de la Ponctuation cherchant à les enfermer dans la salle de cours pour les empêcher de s'enfuir, ça ne va pas arranger mon cas. Encore que, si ça peut les inciter à me rendre leurs articles et leur commentaire composé en temps et en heure, tout compte fait, c'est peut-être intéressant...


2 commentaires:

  1. Une différence culturelle entre les mathématiciens et les informaticiens est que les premiers ont des tableaux noirs à craie dans leur bureau, et les seconds des tableaux blancs. Dans les deux cas, en effet, on se salit — si la craie laisse de la poussière partout, le marqueur laisse une sorte de poussière assez tachante.

    Personnellement, j'ai un problème : j'écris fort mal au tableau (mes collègues me demandent fréquemment si j'ai écrit n ou x, etc.), et avec mon manque d'entraînement je finis vite par avoir mal au bras. Je préfère donc utiliser un vidéoprojecteur.

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  2. Merci pour la catharsis ! J'ai moi aussi découvert les horreurs des Velléda l'an dernier... et pas moyen, on se retrouve *toujours* avec des mains dégueulasses. La solution ? Repérer les toilettes les plus proches de la salle de cours et aller s'y laver les mains à toutes les occasions possibles. En priant le Dieu de l'Hygiène et de la Sécurité qu'il y ait du savon (ce qui n'est hélas le cas que d'un petit tiers des toilettes universitaires que j'ai eu l'occasion de fréquenter... et c'était pas mieux au temps de la grippe A, croyez-moi ! Les affiches "lavez-vous les mains avec beaucoup de savon", par contre, étaient présentes sans faute).

    Autre solution potentielle : le petit flacon de lotion pratique pour se laver les mains sans eau. Mais je n'ai pas encore testé, je ne sais pas si ça suffirait...

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