vendredi 30 avril 2010

Aphorisme de la semaine (et 100ème message : youpi !)

Lao-Tseu a dit (je viens de finir de lire le Sun Tsu) :

«Petit scarabée, si tu ne veux pas te faire chier à devoir retourner en bibliothèque des années après avoir lu un bouquin, parce que tu as pris des notes seulement sur ce qui t'intéressait à l'époque et pas sur le reste, adopte la tactique de la poule et fiche-le EN ENTIER s'il n'a pas la Gloire Ineffable d'appartenir à ta Céleste Bibliothèque. Car, de même que le vent souffle sur les blés en été et fait voler la poussière sur les bleuets et les coquelicots, de même tu auras ensuite de vagues souvenirs de ta lecture, suffisamment précis pour pouvoir tenir une conversation, mais pas assez pour t'appuyer dessus dans un mémoire, ce qui fait que tu seras obligée de perdre deux heures à retourner dans les Sept Ciels Bibliothécaires.

Par ailleurs, si tu as la sagesse du panda, tu noteras également le numéro de la page où commencent chaque partie et sous-partie du livre, ainsi que celui de toutes les citations que tu recopieras littéralement, car l'avenir est contenu dans le présent et un livre mal fiché représente, en germe, une cause de rageuse perte de temps.

Si tu fais tout cela, petit scarabée, tu égaleras en prévoyance et stratégie Epaminondas et son attaque par la gauche.

Sinon, tu ne seras qu'une misérable étudiante, obligée de se taper un aller-retour Montrouge-Vème, alors qu'elle aurait eu fort besoin de ces deux heures de plus pour continuer de rédiger...»

En résumé : je ne suis hélas pas la réincarnation d'Epaminondas...

(Statue d'Epaminondas ; source : Wikipedia Commons)

lundi 26 avril 2010

Les Voies de Monique sont impénétrables

Après George, le frigo (dont je suis au regret de vous avouer qu'il a depuis été changé ; je sais, j'aurais dû faire un post, mais j'avais beaucoup de boulot à ce moment-là et, ensuite, c'était trop tard ; pour le nouveau, nous hésitons entre Brad et George 2, ce qui est affreusement original : si vous avez d'autres idées, nous sommes preneurs), Robert, le micro-onde, et Ginette, la cuisinière, let me introduce you to un autre type d'êtres qui peuplent l'internat. Eux aussi ont été changés, il y a environ deux ans, sans que personne ne comprenne pourquoi, vu que les anciens faisaient parfaitement bien leur boulot (tandis que George, lui, on peut lui trouver toutes les qualités du monde, il faut quand même décemment reconnaître qu'il était auditivement pénible et présentait une fâcheuse tendance à congeler les yahourts - je ne parle pas de son côté "small-sized", l'autre est pareil). Il s'agit d'un peuple étrange, qui peut à première vue ressembler à un objet pratique, mais qui, en réalité, est disaïgnède pour nous pourrir la vie à tous, j'ai bien nommé les

Putaindechaisesdemerde.



Comme leur nom l'indique, les Putaindechaisesdemerde sont là pour faire chier. La rumeur raconte obstinément (constans fama est) que Monique les a choisies parce que, je cite, "elles étaient jolies". Hum. La bouseuse que je suis ne possède peut-être pas un sens artistique aussi développé que celui de Not' Directrice Adorée, mais une sorte de dossier en forme de champignon nucléaire, avec un petit crou dedans imitant des palmettes pour faire disaïgne, j'estime que c'est moyen bof.

Mais bon, le goût des uns étant souvent différent de celui des autres, pourquoi pas. J'espère seulement que ça n'a pas coûté un bras à l'Ecole (il est vrai que ce genre de forme fleure bon le cheap design Leader Price - mais, si on n'a pas de sous, pourquoi, alors, décider tout à coup de changer toutes les chaises de l'internat, parce qu'il serait "indigne de l'Ecole qu'elles ne soient pas coordonnées", alors que les autres sont, certes, dépareillées, mais dans un état tout à fait convenable - vous l'avez compris, je suis pour la mixité sociale des chaises), sinon les gestionnaires se sont vraiment fait arnaquer. Ou n'ont tout simplement pas pensé à quoi pouvait bien servir une chaise, ce qui est, somme tout, fort probable.

Examinez tout d'abord ce maaaaaGnifique dossier rond. Ah, ça, oui, c'est très esthétique, mais pour poser des fringues dessus, bon courage. Heureusement qu'on est jeunes, sinon il y aurait de quoi se choper une sciatique, à passer son temps à les ramasser. Les Putaindechaisesdemerde réussissent même à faire tomber par terre mon gros manteau d'hiver en laine, nettement plus lourd qu'un simple t-shirt, qui, lui, ne tient pas plus de cinq minutes, surtout si vous avez l'étrange lubie de vouloir pour asseoir sur l'Objet.

Je dis bien "étrange lubie", parce que cette espèce de contreplaqué imitation bois est particulièrement inconfortable, même pour les postérieurs aussi rebondis que le mien, et surtout quand vous devez passer des heures assise devant votre ordinateur à rédiger un mémoire (exemple pris totalement au hasard). Ajoutez à cela que le siège est encaissé au fond, ce qui fait que vous avez le choix entre vous tenir le bout des fesses sur le bord relevé ou couler au fond et vous retrouver dans une position encore plus inconfortable, à trois kilomètres du bureau. Personnellement, étant donné que je plafonne à 1,60 m, lorsque je suis au fond de ma seconde Putaindechaisedemerde devant mon piano, je suis aussi obligée de faire des pointes pour atteindre la pédale.

Un siège "ergonomique"


Enfin, les Putaindechaisesdemerde ont une autre particularité : étant donné que leurs jambes présentent ce très artistique arrondi en bas et en haut, pour les rendre plus stables, elles ont été dotées de petits patins. Qui se sont tous brisés en moins d'une semaine, sans subir une quelconque maltraitance particulière. C'est au point qu'en trouver un intact, par hasard, relève de la découverte d'une curiosité tout à fait étonnante : «Oooooh...! Regarde ! Celui-ci ne s'est pas cassé...! - Montre ? Woaw ! Incroyable !!!»


Des patins footkillers.


Ouaip. Sauf que : quand vous aimez, comme moi, marcher pieds nus, ces trucs sont de redoutables prédateurs à orteils. Je ne compte plus le nombre de fois où ils se sont acharnés sur mes pieds, malgré mes précautions, les transformant en charpie sanguinolante.

Mais le mieux est sans doute que les concepteurs des Putaindechaisesdemerde avaient raison : sans ces patins, elles ne sont pas stables du tout. Dès lors, quand vous êtes, là encore, comme moi, relativement souple et que vous avez l'habitude de vous tenir un peu n'importe comment devant votre bureau (genre les deux pieds sur le radiateur à côté en hiver - je vous épargne la description de mes autres contorsions, je suis vraiment très souple des hanches), c'est une lutte de tous les instants pour maintenir votre équilibre et, même en se tenant correctement, sachez qu'une vraie journée de merde commence par vous, tombant violemment en arrière avant d'avoir eu le temps de dire ouf (là encore, je passe sur le fait que, lorsque vous réussissez par miracle à poser quelques fringues sur le dossier, celui-ci, entraîné par leur poids, ira immédiatement s'écraser à terre - de l'intérêt de faire son ménage assez régulièrement).

En résumé, ce Peuple de l'Etrange remplit parfaitement sa Mission Secrète, qui était de constituer une source d'irritation permanente et, donc, d'enrichir les conversations. Ayons, dès lors, également une pensée pour les gens de l'entretien qui, chaque fois qu'ils ont à faire dans la cuisine, là encore malgré leurs précautions, provoquent un énorme BRAOUM et poussent le cri qui nous échappe aussi et a fini par donner leur nom à ces Choses : «Ah, mais PUTAIN DE CHAISES DE MERDE !!!!!!».

samedi 24 avril 2010

Exposition Méroé au Louvre

Hier soir, je suis allée visiter l'exposition "Méroé, un empire sur le Nil" au Louvre. Elle se trouve à l'entrée du département sur l'Egypte antique, ce qui explique sans doute un certain nombre de choses.

Tout d'abord, elle est relativement courte : cinq ou six "salles" et je mets des guillemets parce que ce sont plus des "resserrements" créés par la scénographie que de véritables salles. C'est là où je pense que le fait qu'elle se trouve au sein d'un département et non dans l'espace habituellement réservé aux expositions a sans doute joué un rôle : difficile de trouver de la place au milieu d'une collection particulièrement riche. Mais, du coup, il y a des textes à lire partout, on en manque et on a un peu l'impression que tout a été comprimé pour entrer dans une coquille de noix. Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de monde en nocturne hier soir, sinon ce doit être un enfer, autant pour les visiteurs que pour les gardiens.

Cependant, la brièveté de cette exposition a sans doute aussi une autre raison : ils n'avaient pas non plus grand chose à montrer. Au début, je me suis demandée si cela ne venait pas du manque de place (c'est un peu le serpent qui se mord la queue !), qui aurait obligé les commissaires à sélectionner drastiquement les matériaux. Mais une fois arrivée au bout de l'expo, où ils présentent sommairement les fouilles qu'ils sont en train de mener là-bas, je me suis rendue compte que ça ne faisait que deux ans qu'ils avaient commencé : ils n'ont peut-être pas non plus suffisamment trouvé de choses intéressantes pour faire une vraie grande expo.

Que ce soit le manque de place ou le manque de matériau, le problème, c'est qu'il n'y avait du coup pas d'espace pour expliquer : expliquer ce qui permet de parler de royaume méroïtique, quelles sont les différences avec celui d'Egypte (qui a manifestement eu une influence telle sur leur culture que, personnellement, je n'ai pas bien vu ce qui faisait la particularité des objets présentés), quel est le rapport avec les fameux "pharaons noirs", annoncés fièrement en début d'expo et totalement passés à la trappe ensuite, etc.

Après, on peut toujours aussi poser la question du matériau : peut-être que, si on n'en parle pas, c'est parce qu'on ne l'a pas encore bien déterminé à cause du caractère trop récent des recherches. Mais alors, pourquoi faire une exposition là-dessus ? On peut se demander si le Louvre n'a pas voulu "rentabiliser" les fouilles dès maintenant, malgré le fait que, un chantier archéologique, c'est long et méticuleux, donc ça a besoin de temps. Deux ans de fouilles, ça veut dire deux campagnes (à moins qu'ils ne fouillent là-bas toute l'année, ce qui est possible, mais pas expliqué dans l'expo) et, deux campagnes, quand on a un site qui est aussi riche que celui-ci en a l'air, ce n'est pas grand chose.

Il reste que la petite section sur l'écriture est vraiment bien faite et que les objets montrés sont malgré tout intéressants en soi : il y a notamment des bijoux et des céramiques magnifiques.

Maintenant, si vous voulez aller la voir, prévoyez d'en profiter aussi pour traîner quelque temps dans le reste du musée (ce que mon frère et moi avons fait), histoire de ne pas vous déplacer seulement pour une demi-heure / trois quarts d'heure de visite (à la louche).

Et aussi : soyez choux, ne prenez pas de photos, ça évitera à la malheureuse préposée de passer son temps à rappeler qu'il s'agit d'une exposition temporaire et non d'une collection permanente ! :p

jeudi 22 avril 2010

Une Rumeur Par Jour : semaine 2

Une Rumeur Par Jour, semaine 2, voici la récapitulation de toutes les rumeurs mises en ligne pendant les sept derniers jours :


15/04 : Tibère se serait livré à des pratiques pédophiles à Capri (Tib. 44.1).

16/04 : Quand on lui a prédit que son petit-fils serait un jour empereur, la grand-mère de Vespasien aurait éclaté de rire (Vesp. 5.3).

17/04 : Drusus, le frère de Tibère, aurait été assassiné par Auguste parce qu'il aurait eu l'intention de rétablir la République (Cl. 1.8-9).

18/04 : Vespasien aurait été particulièrement accessible lorsqu'il sortait de chez une de ses concubines (Vesp. 21.3).

19/04 : Auguste aurait organisé un banquet où lui et onze convives se seraient pris pour douze dieux du panthéon romain (Aug. 70.1).

20/04 : Pour empoisonner Claude, il aurait fallu lui donner deux fois du poison, parce qu'il aurait vomi la première après avoir trop bu (Cl. 44.7).

21/04 : Vitellius aurait assassiné son propre fils pour récupérer l'héritage de sa femme (Vit. 6.2).


Voilà ! Le reste est sur Twitter jusqu'à la semaine prochaine !

Désolée, aussi, de n'avoir pas beaucoup écrit cette semaine, mais j'essaie de profiter des vacances pour en mettre un coup dans ma rédaction (si je pouvais finir ma deuxième partie avant la fin de la semaine, ce serait génial, mais vu les recherches bibliographiques que j'ai à faire pour compléter ce que j'ai déjà, il ne faut pas trop rêver...), donc je n'ai pas beaucoup de temps et ensuite je suis crevée, mais ça devrait venir sans faute ce week-end !

vendredi 16 avril 2010

Let's celebrate !

Histoire de fêter le premier jour, depuis une semaine, où mon nez n'est pas totalement bouché et où j'ai donc pu sentir des rosiers et des lilas en fleur (merci à Chéri pour cette autre sorte d'échange franco-italien), une petite photo du merisier devant l'internat et de sa branche de cerisier greffée (celle avec les fleurs blanches), qui donne des fruits tardifs, avec 90 % de vrai noyau dedans...



Et, par pitié, ne me souhaitez pas déjà de bonnes vacances : outre que je vais les passer à bosser (ça m'apprendra à partir quatre jours à Palerme quand elles seront finies - je ne sais pas comment je fais, mais, à chaque fois, à cette époque de l'année, je prends mes vacances avant ou après la période officielle, voire avant et après ; comme cette année, en fait... :p), j'ai demain matin ce satané séminaire mensuel qui ne tombe jamais au bon moment.

Mais vous pouvez le faire demain à 12h30 (et des brouettes), si vous voulez...! :)

jeudi 15 avril 2010

Une Rumeur Par Jour : semaine 1

Après une semaine d'opé "Une Rumeur Par Jour", voici la récapépette de celles déjà sorties, avec les références si vous voulez aller jeter un coup d'oeil dans les Douze Césars :

08/04 : Octave aurait fait immoler 300 chevaliers et sénateurs, aux Ides de Mars, sur l'autel du Divin Jules. (Aug. 13.2)

09/04 : Livia Ocellina aurait encore plus cherché à se faire épouser par le père de Galba lorsqu'elle a su qu'il était bossu...! (Gal. 3.7)

10/04 :
Néron aurait pensé à faire manger des hommes tout vifs par un Egyptien habitué à se nourrir de viande crue. (Ner. 37.1)

11/04 :
Servilia, la mère de Brutus, aurait "offert" sa fille Tertia à César, qui était alors son amant. (Caes. 50.3)

12/04 :
Caligula aurait défloré sa soeur Drusilla (Nota : leurs relations incestueuses sont présentées comme totalement avérées). (Cal. 24.2)

13/04 :
le père de Vitellius utilisait la salive d'1 affranchie qu'il aimait follement comme remède pour la gorge. (Vit. 2.8)

14/04 :
Claude aurait un jour rendu comme sentence dans un procès "Je suis d'accord avec ceux qui ont dit la vérité". (Cl. 15.7)

Si vous voulez avoir les suivantes avant une semaine, follow me on Twitter ! :p

Et pour ceux qui cherchent des ouvrages un peu sociologiques sur la rumeur, je leur conseille :
- Edgar Morin, La Rumeur d'Orléans, Paris, 1969 (un des premiers livres français parus sur le sujet) ;
- et l'excellent Jean-Noël Kapferer, Rumeur : le plus vieux média du monde, Paris, 1995 (il y a absolument tout, là dedans, et c'est très intelligent - vous l'aurez compris tous seuls, je m'en sers très beaucoup dans ma première partie).

mercredi 14 avril 2010

Amis de la poésie, bonjour !

Aujourd'hui, c'était (presque) le dernier cours de littérature latine tardive, puisque, pour diverses raisons, le prochain sera le 2 juin et sera consacré aux exposés de validation (je passerai sur les épigrammes dans les Douze Césars : bénies soient les validations en latin !).

Après presque deux heures de boulot, faute de temps, nous avons donc fini par de l'improvisé, i.e. de la traduction de textes non préparés à l'avance (ne vous horrifiez pas, c'est juste une question d'entraînement !). Je vous donne en mille celui sur lequel mon camarade est passé :p :

De muliere Marina uocabulo.

Quidam concubitu futuit feruente Marinam ;
Fluctibus in salsis fecit adulterium.
Non hic culpandus, potius sed laude ferendus,
Qui memor est Veneris quod mare nata est
.


"Sur une femme prénommée Marina.

Quelqu'un a baisé Marina dans une étreinte pleine de feu ;
Il a commis un adultère dans des flots salés.
Il ne faut pas lui faire des reproches, mais plutôt faire son éloge,
A lui qui s'est souvenu que Vénus est née de la mer."


Déjà, là, c'était marrant. Il faut dire que tout latiniste qui se respecte commence à se marrer dès qu'il voit apparaître le verbe futuere (qui a donné le français "foutre", encore assez utilisé dans ce sens à l'époque classique) et le nom fututor (je vous laisse traduire et vous rappelle que vous êtes en train de lire la prose d'une fille sait crier "je te pète au nez" en latin : on néglige toujours trop l'effet produit par ce genre de sorties :p).

Mais là où on a vraiment commencé à se bidonner comme des collégiens, c'est quand on a appris que l'auteur de l'épigramme en question, Luxurius (poète du Vème siècle après ayant vécu en Afrique du Nord), s'est en fait inspiré d'un autre poème, de Martial cette fois, dont la fin est tout aussi exquise :

Hanc in piscina dicor futuisse marina :
Nescio ; piscinam me futuisse puto
.

"On dit que j'ai baisé cette femme dans la piscine d'eau de mer :
Je n'en sais rien ; je pense avoir baisé la piscine."


Pour ceux qui, comme moi, ont été jeunes du temps de la première saison de Loft Story (que je n'ai jamais regardé, je le jure : mes merdes télévisivées de prédilection sont plutôt de l'ordre des séries américaines ; de toute façon, je n'avais pas besoin de regarder ce truc, mes potes de lycée ne parlaient que de ça), it rings a bell. :p

Mais le mieux, ça a été le commentaire du prof : "Luxurius s'est donc inspiré de ces deux vers de Martial pour composer ce divertissement onomastico-mythologique" (rigoureusement sic).

Et la remarque qui tue : "Les quatre derniers mots de Martial sont assez obscurs... Apparemment, la dame en question était particulièrement grosse."

Personnellement, ça ne m'éclaire pas plus que ça.

Any idea ? :p

lundi 12 avril 2010

"Les Oiseaux" d'Aristophane à la Comédie Française

Samedi dernier, je suis allée avec Chéri et des amis à la première des Oiseaux d'Aristophane à la Comédie Française (vivent les places du petit bureau à cinq euros !).

J'avoue, j'étais assez sceptique, voire réticente. Les adaptations de pièces antiques dans l'univers moderne sont souvent désastreuses et celle-ci s'annonçait comme un modèle du genre : déjà, transposer l'action de nos jours, c'était casse-gueule (rappelons que l'intrigue des Oiseaux, c'est que ceux-ci décident d'intercepter les fumées des sacrifices, dont se nourrissent les dieux, pour prendre le pouvoir en les affamant), mais en plus, la mettre plus ou moins au sein de la Comédie Française...!

Finalement, ce n'est pas si mal fait et j'ai passé une bonne soirée. Par contre, il faut vraiment oublier la pièce originale, ce qui fait que j'ai eu du mal à accrocher au début. Mais une fois qu'on y est arrivé, on s'amuse beaucoup. Je dois même reconnaître que j'ai rarement vu une pièce aussi politique à la Comédie : le côté "lutte contre les puissants" (surnommés les "XXL") est, à mon avis, raté, mais pour ce qui est des parasites et de la défense des artistes/comédiens, c'est franchement réussi. Mention spéciale au faux Karl Lagerfeld, qui a fait rire tout le monde aux éclats, et à Loïc Corbery, absolument génial en coryphée un peu façon "Jocker" dans "The Dark Knight" : on en vient à regretter qu'il finisse en brochette ! Les costumes, mi-oniriques, mi-inspirés des rôles classiques, et la musique (les acteurs poussent périodiquement, et très à propos, la chansonnette) sont aussi très bien.

Le seul reproche qu'on pourrait leur faire (à part celui d'avoir tellement transformé la pièce originale qu'elle disparaît presque tout à fait), c'est le côté brouillon du spectacle. L'obsession de la transposition a pour conséquence que l'intrigue devient assez décousue : si on ne connaît pas le texte d'Aristophane et si on n'a pas lu le programme, on ne sait pas à quoi sert le mur, ni, du coup, pourquoi les dieux sont affamés, encore moins pourquoi le coryphée se retrouve changé en brochette et la Camarade Constance prend le pouvoir.

En résumé, n'y allez pas si vous voulez absolument voir la pièce d'Aristophane, vous seriez cruellement déçus. Mais si vous voulez voir ce que pourrait donner une pièce d'Aristophane s'il écrivait de nos jours, allez-y, on passe vraiment un bon moment.

Pour ceux que ça intéresse, le texte d'Aristophane est ici.

jeudi 8 avril 2010

Les index, c'est rigolo (parfois). Ou : comment enfoncer le JDD.

Cette histoire de rumeur Sarko-Jouannot-Bruni-Biolay me donne franchement l'impression de continuer à bosser chaque fois que j'allume ma radio ou que je vais faire un tour sur le Monde.fr.

Et plus ça tourne au grand-gignolesque, plus je me dis que c'est vraiment de l'amateurisme. Non, sans blague, A et B sont mariés et A coucherait avec C, tandis que B coucherait avec D ? c'est d'un classique ! Du vaudeville ! Il ne manquerait plus que les équipes de sécurité de l'Elysée trouvent Biolay planqué dans un placard : Caelum ! Vir mi ! (je connais que ça ne rend pas des masses en latin)

Moi, je dis ça juste comme ça, mais ayant dû faire un index des rumeurs par Vie de César, j'ai un peu l'impression d'avoir vu défiler toutes les perversions possibles et imaginables. Je vous donne un petit extrait de ce qui courait sur Catilina :

- Caligula aurait assassiné Tibère (l'empereur précédent) ;
- Caligula aurait assassiné sa grand-mère Antonia ;
- Caligula aurait défloré sa soeur Drusilla ;
- Caligula aurait eu des relations homosexuelles avec le mime Mnester ;
- Caligula aurait voulu faire massacrer toutes les légions qui s'étaient révoltées quand il était petit et que son père les commandait ;
- Caligula serait devenu fou parce que sa femme, Caesonia, lui aurait fait boire un filtre d'amour ;
- etc., etc., etc.

J'en ai douze, comme ça.

Maintenant, puisque certains ne sont pas capables de se comporter en personnes adultes et responsables et essaient de faire porter le chapeau à internet (c'est teeeeellement plus facile de vitupérer internet, surtout quand on a fait une boulette en oubliant qu'on est journaliste MÊME sur internet ; ce n'est pas parce que j'écris ici que je me transforme tout à coup en plombier-zingueur et je ne pense pas que vous vous attendiez à lire les messages d'un plombier-zingueur en venant sur mon blog - en d'autres mots, ce n'est pas parce qu'on écrit sur internet qu'on peut écrire n'importe quoi impunément ; ceci dit, il n'y a pas que certains journalistes qui feraient bien de s'en souvenir, il suffit de participer à n'importe quel forum pour s'en rendre compte), je monte l'opération


"Une Rumeur Suétonienne par Jour" :


tous les jours, en (quasi) exclusivité, je publierai une rumeur des Douze Césars sur mon compte Twitter.

Ce n'est pas pour me faire de la pub (followez-moi, les amis ! :p), puisqu'elles apparaîtront ici aussi, mais j'ai quand même du sang, du sexe, du (très) trash, et je peux tenir un bon moment.

C'est vrai, quoi, y a pas de raison pour que ce soit toujours les mêmes qui s'amusent, par Jupiter ! :p

mercredi 7 avril 2010

Textes antiques disponibles en ligne.

Vous avez besoin de consulter un texte antique mais vous ne disposez pas d'une collection Budé ou Teubner complète et il ne vous est pas possible d'attendre de vous rendre en bibliothèque ? Vous pensez donc à internet, mais vous ne savez pas où les trouver ? Voici quelques sites qui les proposent en ligne.

Le premier, c'est bien sûr Perseus, LE site de textes antiques (et autres) en ligne, surtout depuis qu'ils ont boosté leur serveur (attendre deux heures que la page s'affiche, c'était un peu long). Il est géré par l'université de Duke, aux Etats-Unis. La collection est riche et presque exhaustive, elle comprend aussi des commentaires de grands antiquisants. Des traductions sont aussi fournies assez souvent, toujours en anglais, et, sur les textes, il est possible d'avoir directement accès au sens d'un mot en cliquant dessus. On peut aussi faire des recherches d'occurrences ou d'expressions, ce qui est très pratique. Bref, c'est un peu comme Diogène, sauf qu'il faut être connecté à internet et que le moteur de recherche est plus lent, mais c'est totalement gratuit. Attention : Perseus a aussi le même défaut que Diogène, les textes fournis proviennent souvent d'éditions assez anciennes, dont il faut aller vérifier établissement et références ensuite.

Deuxième site, celui de la Bibliotheca Classica Selecta. Là encore, il dépend d'une fac, celle de Louvain, en Belgique. Il propose des textes avec traduction au sein de leurs dépôts de textes latin et grec. Y sont aussi fournis : des grammaires et des lexiques. Là encore, la question de l'établissement des textes proposés pose problème : rien n'est dit sur l'édition utilisée ; d'un autre côté, c'est le cas d'à peu près tous les textes qu'on trouve sur internet. Par contre, les traductions données sont en général pas mal et les références sont standards.

Troisième site, très bon : The Latin Library. Comme vous vous en doutez, c'est un site anglais : beaucoup de textes, sans traductions. Les éditions sont un peu vieilles, pour être sûr qu'elles soient dans le domaine public, mais on sait exactement d'où viennent les textes, ce qui est plus qu'appréciable. Pas de dictionnaire, pas de recherche par occurrences : le texte, rien que le texte. Une bibliothèque, donc, comme l'indique le titre.

Autre site assez complet : le Corpus Scriptorum Latinorum. Il n'y a pas tout, mais on trouve les grands auteurs et, surtout, il y a beaucoup de textes tardifs et médiévaux. On ne sait pas du tout qui s'en occupe, mais les références des traductions sont données, qu'elles proviennent d'autres sites (la BCS, par exemple) ou d'éditions grand public, ce qui permet de se faire une idée. C'est d'ailleurs vers ce site que redirige la Latin Library si vous voulez des traductions.

Enfin, si vous ne trouvez vraiment pas ce que vous cherchez, vous pouvez tenter votre chance sur d'autres sites, beaucoup plus partiels, mais où on tombe parfois sur quelques pépites :
- le site d'Ugo Bratelli (dont je ne sais pas qui il est) ;
- le site de Philippe Remacle (idem) ;
- la section langues anciennes du site WebLettres.

Comme vous vous en rendrez vite compte, il y a souvent une assez grande part de recensement dans ces sites : ils ne fournissent pas toujours le texte et/ou la traduction, mais ils donnent des liens vers d'autres sites qui les ont, ce qui fait qu'on peut tourner assez vite en rond si on veut plusieurs versions, mais qu'on trouve quand même rapidement celles disponibles.

Et, n'oubliez pas ma Dernière Trouvaille : si vous travaillez sur les grammairiens latins, il existe un site remarquable et tout à fait scientifique ici, avec tous les textes en ligne ! :p

lundi 5 avril 2010

De l'art de décoder son directeur...

Comme je l'ai déjà raconté ici et , j'ai fini mardi de rédiger la première partie de mon master 2. Mais, prévoyante, c'est lundi dernier que j'ai envoyé un mail à Chef pour lui demander comment il voulait en prendre connaissance : en entier, seulement les sous-parties qui l'intéressaient ou, étant donné que celle-ci est assez "technique", préférait-il lire les suivantes, qui, elles, sont plus littéraires ?

Réponse Cheffale : "Pour un M2, il vaut mieux avoir une vue d'ensemble. Mais on peut aussi discuter du plan et du contenu."

Réaction de Bibi : "Ça veut dire quoi, ça ? que je la lui envoie ou que je ne la lui envoie pas ? Et pourquoi il me parle de plan ? Ça fait deux mois qu'il l'a et il m'a dit qu'il le trouvait très bien...? En plus, c'est bien le moment de parler de plan !"

Du coup, comme j'avais des questions sur le contenu (c'est précisément pour cela que je voudrais qu'il lise ma partie, au moins la fin), j'en ai profité pour faire un rapide résumé des résultats de mon comptage et des questions que je me posais, en demandant s'il pensait que ça tenait la route.

Réponse dans le mail suivant : "Obscurus per obscurius", suivi de questions montrant qu'il n'avait manifestement pas compris de quoi je parlais. J'ai donc répondu à mon tour, avec une looooooongue démonstration pédagogique à coup de 1), 2), 3), etc. J'en ai profité pour demander : "Et alors, euh... on fait comment ? Je vous l'envoie en entier ou vous voulez attendre d'avoir mon master en entier ?"

Depuis, pas de nouvelles.

Je pense que je vais quand même jouer la cloche, dans tous les sens du terme, et lui envoyer le paquet pour Pâques. :p

vendredi 2 avril 2010

De l'amour des grammairiens latins comme grave perversion

Vous vous souvenez de mes déboires avec mon fameux Pseudo-Fronton ? Voici la suite.

Un peu désespérée devant la note désespérément rouge qui me rappelait, en plein milieu de ma première partie, que je n'avais rien de chez rien sur ce satané grammairien dont-on-a-cru-que-c'était-Fronton-mais-en-fait-non-mais-on-sait-pas-non-plus-son-vrai-nom, j'ai fini par envoyer à Chef un mail un peu désespéré, qui m'a aussi servi de prétexte pour lui demander comment il voulait prendre connaissance de ladite première partie (post là-dessus à venir). Et Chef m'a répondu : «Vous avez regardé dans les Grammatici Latini de Kiel ?»

Le Kiel, c'est un recueil des textes des grammairiens latins des IIIème-IVème siècles, fait au milieu du XIXème siècle (donc tout en latin, sans traduction ; ne hurlez pas à la lune, ça aurait pu être pire, du moins de mon point de vue : il aurait pu être tout en allemand :p) Ô bonheur ! la Piste était bonne : non seulement j'ai trouvé mon Pseudo-Fronton, mais je l'ai trouvé en ligne (ça me fait penser que ce serait une bonne idée de faire quelque chose sur les textes antiques disponibles sur internet) !

Mais bon, fidèle à mon credo, j'ai quand même voulu vérifier sur un vrai bouquin, avec une couverture, du papier et - très probablement, hélas - un nuage de poussière à chaque page tournée.

Je passe sur le temps idiot qu'il m'a fallu pour mettre la main dessus : j'ai buggué, je ne sais pas comment, et erré pendant une demi-heure dans le rayon, puis dans les salles en examinant les livres sur les tables, des fois qu'ils aient été sortis et pas rangés. Grâces soient rendues à ma copine qui bosse sur la littérature latine tardive et sait donc parfaitement où se trouve le fameux bouquin.

Mon problème, c'est que, sur internet, j'ai trouvé mon passage non sous le nom de Fronton ou de Pseudo-Fronton, mais sous celui de Charisius. Vous n'en avez jamais entendu parler ? rassurez-vous, moi non plus, mais étant donné que le nom "Pseudo-Fronton" est un pis-aller, il est logique d'en conclure que l'auteur a fini par être identifié. La Recherche avance, quoi qu'en prétendent certains.

J'ai donc récupéré le tome I, dédié audit Charisius, et je l'ai épluché. Le problème, c'est que mon De Differentiis, annoncé dans le sommaire, disparaissait corps et bien une fois le nez mis dans le texte. Rien. Que dalle.

J'ai fini par m'installer avec le bouquin devant un ordi et refaire une recherche sur le texte en ligne. Le truc, c'est que, précisément pour Charisius, ils utilisent une édition Teubner de 1964 (donc avec un établissement du texte béton). Mais ils donnent quand même les correspondances, sous-partie par sous-partie, avec l'édition de Kiel. Problème, mon passage était, lui aussi, situé dans un point noir.

A nouveau désespérée, j'ai fini par cliquer sur "Etablissement du corpus" et là, je tombe sur "Par exemple, les textes du pseudo-Fronto (GL 7,515-532 = 387-403 Barwick) et de l’anonyme De idiomatis generum (GL 4,573-584 = 450-463 Barwick) apparaissent sous le nom de Charisius".

Haaaalleluïa !!! Kiel ne savait pas encore que le De Differentiis était de Charisius et l'avait donc classé sous le nom de Pseudo-Fronton, au tome VII et non au tome I !

Sous le coup de l'enthousiasme, je tape "Charisius" dans le moteur de recherche de la bibliothèque d'Ulm et là, nouveau miracle ! IL Y EST !!!

Miracle de courte durée, i.e. le temps d'aller jusqu'au bout de la ligne : "Exemplaire manquant". Bah merde, alors ! Je suis allée vérifier : effectivement, il n'est pas là.

En ce qui me concerne, ce n'est pas grave, puisque les références données sur internet sont celles de l'édition, donc mon problème est résolu. Mais quand même : il y a vraiment de grands pervers qui rôdent dans la bibliothèque de l'ENS. Voler une édition d'un grammairien latin du IVème siècle : quelle idée ! Faut être sacrément dérangé !

jeudi 1 avril 2010

Modification dans la procédure d'attribution des AMN.

Une petite brève rapide, mais qui peut intéresser quelqu'un si jamais de futurs thésards passent par ici.

Je ne reviendrai pas sur les histoires de ce qu'est un monitorat couplé ou non, je l'ai déjà expliqué de mon mieux ici.

Il semblerait cependant que les choses soient en train de bouger, car les représentants des élèves au Conseil Scientifique de l'Ecole ont envoyé un mail hier pour dire que la procédure était partiellement changée. A priori, cette année, à l'ENS, les agrégés qui obtiendront une bourse de thèse auront systématiquement un monitorat avec. Vu qu'on ne nous a rien demandé sur d'éventuels choix de fac pour l'effectuer (mais bon, l'info vient juste de tomber, donc il est possible que l'administration nous contacte dans les semaines qui viennent ; après tout, les résultats sont fin mai - début juin, il y a encore le temps de voir venir), je suppose que ce sera dans la fac où on a annoncé qu'on serait inscrit en thèse.

Pour les non-agrégés, rien ne change, il faudra candidater tout seul comme un grand dans la ou les facs de votre choix.

Je ne sais pas si cette nouvelle procédure ne concerne que les normaliens agrégés ou si elle s'étend aussi aux gens de la fac qui ont été reçus également, mais cette dernière option me semble peu probable, parce que, si un monitorat était accordé à tous les candidats en thèse ayant l'agrégation, ça risquerait de faire un sacré paquet de moniteurs à la fac... D'un autre côté, c'est logique qu'on choisisse, pour un poste d'enseignement, des gens qui, précisément, ont été reçus à un concours de l'enseignement, même s'il concerne seulement le secondaire (en théorie), ou, plutôt, c'est logique qu'ils aient la priorité sur des gens qui n'ont pas ce concours, et ce d'autant plus que ces trois années permettent de le valider (cf., toujours, mon post précédent à ce sujet).

Tout ce que j'espère, très égoïstement, c'est qu'ils n'en profiteront pas pour diminuer le nombre de bourses...

J'ai envoyé un mail pour demander des précisions ; on m'a répondu que c'était encore flou, mais qu'on me tiendrait au courant.

Je ferai de même avec vous, bien sûr.